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Les écrans 100 Hz sont-ils meilleurs ?

Les constructeurs de téléviseurs pavoisent souvent à propos de leurs écrans 100 Hz, voire 240 Hz. Ils offriraient une meilleure qualité d’images. La fréquence annoncée correspond, grosso modo,…

Les constructeurs de téléviseurs pavoisent souvent à propos de leurs écrans 100 Hz, voire 240 Hz. Ils offriraient une meilleure qualité d’images. La fréquence annoncée correspond, grosso modo, au nombre d’images que le matériel peut afficher chaque seconde, soit, pour un écran 100 Hz, 100 images par seconde. Mais l’œil est-il capable de percevoir les images supplémentaires ? Après tout, le cinéma n’utilise que 24 images par seconde (la vidéo, 50 à 60 demi-images). Un nombre qui ne doit rien au hasard : il s’agirait du nombre maximal d’images que l’œil peut distinguer en une seconde.

La persistance rétinienne

En effet, imparfait, l’œil conserve chaque image pendant une fraction de seconde. Grâce à ce phénomène de “ persistance rétinienne ”, en faisant se succéder rapidement des images fixes décomposant un mouvement, il est possible de recréer artificiellement l’impression du mouvement en question. Chaque nouvelle image se superpose à celle perçue précédemment, juste avant que la rétine l’oublie. Les deux images fusionnent doucement, le tout 24 fois par seconde selon le principe cher au cinéma. Avec une telle explication, afficher 100 images par seconde pour améliorer la vision paraît superflue. Or, contrairement à l’idée répandue, le phénomène de persistance rétinienne, théorie du XIXe siècle, n’est pas la cause de notre perception du mouvement au cinéma, ce qui est connu depuis le début du XXe siècle ! L’œil lutte de son mieux contre le défaut réel qu’est la persistance rétinienne. Il suffit de fixer un objet, puis de détourner le regard : aucune longue traînée de l’objet n’apparaît dans le champ visuel. En réalité, le fond de notre œil ne perçoit que des informations parcellaires, comme la luminosité et la couleur. A partir de celles-ci, notre cerveau reconstruit des images complètes. On dit alors que la vision est “ culturelle ”. Par exemple, le noir et blanc ne gêne pas au cinéma : c’est un excellent indice pour indiquer à l’œil que ce qu’il voit n’est qu’une représentation du réel, et qu’il devra donc travailler au mieux pour la rendre plus crédible.

Effet phi et mouvement béta

Quant à notre perception du mouvement, elle est due à la combinaison de deux phénomènes, appelés l’effet phi et le mouvement bêta. Lorsque le cerveau perçoit deux images successives dans lesquelles il reconnaît qu’un élément a été légèrement déplacé, il recrée seul l’image intermédiaire, ce qui induit une impression de mouvement. Par exemple, quand deux points lumineux sont alternativement projetés à une distance proche l’un de l’autre, le spectateur voit le premier point se déplacer à la position du second. C’est ainsi que le cinéma fonctionne : le cerveau recrée seul l’impression du mouvement à partir d’informations partielles.Par conséquent, les images supplémentaires fournies par les écrans 100 Hz, outre qu’elles règlent les problèmes de scintillement, permettent réellement à notre œil de mieux jauger l’image, et à notre cerveau de mieux la reconstruire. Les images paraissent plus profondes et précises, et le mouvement semble plus fluide.

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Stéphane Viossat