La concurrence s’emballe sur le marché de l’EAI. Les éditeurs généralistes, promoteurs de plates-formes e-business, bousculent les spécialistes. En tête, BEA Systems et Microsoft poussent leurs outils d’EAI portés sur leurs serveurs d’applications respectifs. Ils suivent en cela les pionniers Saga Software et Gemlogic.Le premier éditait le serveur d’intégration Vista ; et le second, XML Integration Server, tous deux fonctionnant au-dessus d’un serveur d’applications J2EE. Cette approche n’aura pas laissé indifférent, puisque ces deux éditeurs ont été rachetés respectivement par Software AG et par SilverStream, qui ont maintenu leurs choix technologiques.“Qu’un serveur J2EE porte notre solution d’intégration Entire X n’est pas un argument de vente essentiel “, expose, toutefois, Patrick Gantet, responsable produit chez Software AG. “En revanche, cela nous permet de développer une seule version d’Entire X portable sur des plates-formes Windows ou Unix, par exemple. Nous obtenons aussi ?” et à moindre coût ?” une bonne aptitude à monter en charge et une disponibilité satisfaisante. Enfin, cela facilite la création de connecteurs avec des serveurs d’applications J2EE tels que WebLogic et WebSphere “, détaille-t-il.Parmi les grands éditeurs, c’est Microsoft qui a lancé le mouvement, début 2001. BizTalk Server, son serveur d’intégration, fonctionne au-dessus de son serveur d’applications COM+. BEA, pour sa part, a lancé WebLogic Integration en juillet 2001. Cette offre est bâtie sur son serveur d’applications WebLogic et sur les standards JMS et JCA. IBM devrait suivre la même voie cette année. Toutes ces offres emploient des standards récents, qui paraissent un peu jeunes comparés aux EAI classiques. La standardisation de l’architecture des connecteurs commence, toutefois, à porter ses fruits tant du côté de Microsoft que de celui de J2EE.De nombreux petits éditeurs commercialisent des connecteurs “standards”. Microsoft annonce, ainsi, plus de cent cinquante connecteurs pour BizTalk. De même, Attunity, Insevo, Peregrine et d’autres proposent des connecteurs JCA. Le discours sur les standards et le coût plus faible de ces nouvelles solutions d’EAI commencent à avoir un impact sur le marché. “Nous avons retenu WebLogic Integration pour notre plate-forme collaborative parce qu’il respecte les standards et que son prix est bien inférieur à celui de l’EAI traditionnel ! “, témoigne Erwan Tesson, directeur de Clipack, place de marché privée pour la conception d’emballages.“L’architecture JCA a facilité la création de notre propre connecteur d’ERP. De plus, le gestionnaire de processus WebLogic Process Integrator au-dessus du serveur J2EE a apporté beaucoup de souplesse pour interfacer les ERP des donneurs d’ordre et des fournisseurs. Nous pouvons nous adapter plus facilement aux demandes de nos clients “, précise-t-il. Résultat : les spécialistes de l’EAI sont sous pression.“Il y a un an, les éditeurs tels que SeeBeyond, Vitria ou webMethods ont choisi le langage Java. Désormais, il s’agit de migrer vers la plate-forme J2EE ou vers.NET, de Microsoft. L’utilisation d’un serveur d’applications comme fondation d’une nouvelle génération d’EAI ne peut laisser indifférents les éditeurs spécialisés “, affirme Pierre Pezziardi, directeur technique d’Octo Technology.
Les offres classiques s’adaptent
“Les éditeurs spécialisés doivent repenser leur positionnement afin de résister aux grands éditeurs d’infrastructures. Ils seront contraints de se spécialiser dans certaines parties de l’EAI, ou dans un secteur d’activité, ou dans les deux à la fois “, poursuit-il. Un mouvement de concentration a d’ailleurs déjà commencé avec les rachats de CrossWorlds par IBM, et Neon par Sybase.De même, les éditeurs traditionnels ajustent leurs offres. Ainsi, SeeBeyond, Tibco Software et webMethods prennent en compte les standards JMS et JCA. Mais, ils n’entendent pas pour autant abandonner leurs infrastructures ! “Construire une solution d’EAI grâce aux technologies des serveurs d’applications est probablement approprié pour les nouveaux entrants. En revanche, pour nous qui disposons d’une infrastructure apte à monter en charge, cela ne présente pas d’intérêt. Nos clients ne nous le demandent d’ailleurs pas. Il faut simplement que nous puissions intégrer les applications J2EE. Par contre, au lieu de porter nos efforts sur cette migration inutile, nous préférons développer les couches hautes qui apportent de la valeur ajoutée. Les couches basses, les connecteurs et le MOM deviennent des commodités “, affirme Daniel Pacyga, directeur technique de Tibco. Une opinion qui se vérifie au vu de la stratégie de petits éditeurs tels que Mercator ou Vitria, qui portent leurs offres au-dessus des serveurs d’applications afin de soigner la gestion des processus métiers plutôt que l’intégration de bas niveau.
Déployer son propre EAI
Enfin restent les entreprises qui ont préféré développer leur propre EAI allégé afin de s’adapter à leur contexte applicatif particulier. C’est le cas de Lapeyre, qui s’est appuyé sur le MOM SonicMQ et son interface JMS, en programmant en Java. “Une solution d’intégration repose sur un MOM tel que MQSeries*, SonicMQ ou XMLBlaster “, explique Jean-Baptiste Bugeaud, consultant chez Fi Systems. On développe sur cette base les services de routage et d’adaptation des formats.“Pour un échange de documents XML, nous avons développé des services utilisant JMS sur un socle XMLBlaster et intégrant tous les mécanismes propres à un EAI “, illustre-t-il. Le principe étant plus que jamais de respecter les standards J2EE pour assurer la pérennité de la solution déployée.* WebSphereMQ, désormais.
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