Bien qu’elles n’aient totalisé que 20 millions de francs en 2000, les arnaques sur Internet représentent un réel manque à gagner pour les boutiques en ligne. RueDuCommerce, TravelPrice, Houra et ChateauOnline réagissent en créant l’association NetEcho.
Pris entre l’Union européenne, qui affirme que la fraude sur Internet explose, le GIE Cartes Bancaires, qui n’a confiance que dans sa solution de paiement sécurisé (Cybercomm), et des internautes soi-disant peu enclins à acheter en ligne, les e-marchands cherchent à faire entendre leur message : “Il n’y a pas de fraude sur Internet.” Ou si peu.Pour donner plus de poids à leurs arguments, une association a été créée, sous l’impulsion de RueDuCommerce. Baptisée NetEcho, elle regroupe déjà Houra.fr, ChateauOnline et TravelPrice. D’autres devraient les rejoindre bientôt.NetEcho a deux principaux buts : clarifier ce que l’on entend par fraude sur Internet et proposer des solutions concrètes pour améliorer la sécurité des achats en ligne.
Un taux de fraude de 1 pour 72 000
Selon les chiffres officiels fournis par le Groupement des Cartes Bancaires, les problèmes liés au paiement par carte sur les sites marchands ont représenté 20 millions de francs en 2000. Une peccadille quand on songe que, en tout, sur l’année, le montant total des transactions effectuées par carte s’est élevé à 1440 milliards de francs. “Pour TravelPrice, par exemple, sur 25 000 transactions, il y a eu 60 cas à problèmes”, explique Roland Coutas, PDG de TravelPrice.Qu’entend-on par problème exactement ? Il s’agit principalement de commandes effectuées en ligne avec un numéro de carte volé. Mais, préviennent en ch?”ur les membres de l’association, “le risque de voir son numéro de carte intercepté sur le Réseau est quasiment nul.”En effet, pour se procurer un numéro, les voleurs utilisent principalement deux méthodes : les logiciels de carding, c’est-à-dire de génération de numéro, et la récupération des facturettes, où sont indiqués, en clair, les 16 chiffres de la carte, sa date d’expiration et, souvent, le nom du détenteur.
Pas de recette miracle pour la prévention
Les commandes sont donc effectuées à l’insu du propriétaire de la carte, et avec des numéros valides. Toute la difficulté est de réussir à détecter la fraude lors de la commande. “Sur 150 000 transactions, nous avons eu quelques dizaines de tentatives d’achat frauduleuses, et dans neuf cas sur dix, elles ont été annulées avant la livraison”, détaille Pierre Bouriez, PDG de Houra.fr. Et pour le cas restant ? “C’est la police qui livre”, confie-t-il. En effet, et c’est l’une des particularités des membres de NetEcho : ils ont tous fait procéder à des arrestations au cours de l’année écoulée (voir encadré ci-dessous).Pour détecter les problèmes, chacun y va de sa recette maison. Ainsi chez RueDuCommerce, une cellule antifraude composée de trois personnes a été montée en avril 2000. Elle aurait permis de détecter en moyenne 50 tentatives de fraude par mois. Le marchand emploie d’ailleurs l’une des méthodes les plus “extrêmes et même archaïques à l’heure d’Internet”, reconnaît Muriel Anicet, responsable de la cellule : pour plus de 2 000 francs d’achats, RueDuCommerce peut exiger de son client une photocopie de sa carte d’identité et un justificatif de domicile. “C’est la seule méthode infaillible que nous ayons trouvé”, conclut Muriel Anicet.Les solutions proposées par l’association NetEcho pour sécuriser davantage les transactions profiteront bien entendu directement aux marchands, mais indirectement aux consommateurs. Elles viennent d’ailleurs de trouver un écho et une première réponse avec la charte signée hier entre les commerçants et les banques (voir encadré ” Des mesures pour la fin de l’année “).