Le monde a toujours les yeux tournés vers les Etats-Unis pour tout ce qui touche à l’innovation et pour savoir éventuellement quelle voie suivre. En ce qui concerne les drones, il pourrait y avoir quelques couacs.
Alors que la législation encadrant le vol des drones ne devrait pas être finalisée avant un an au moins, les Etats-Unis viennent de découvrir un nouveau petit souci. Les concepteurs du futur système de gestion de leur espace aérien viennent de se rendre compte qu’ils ont oublié de prendre en compte… les drones. « Nous n’avions pas compris l’importance que prendrait la vague des drones. C’est quelque chose qu’il faut gérer et vite », déclarait ainsi Ed Bolton, en charge du projet NextGen créé en 2003 au sein de la FAA, l’agence chargée de la régulation de l’aviation civile américaine.
Une refonte complète mais incomplète
Plus de cinq milliards de dollars ont d’ores et déjà été investis dans ce programme et les nouvelles installations requises sont quasiment terminées. Et l’enjeu de NextGen et sa complexité sont colossaux. Ce programme, qui ne devrait pas toucher à son terme avant une dizaine d’aller au moins, vise à remplacer toutes les technologies anciennes qui servent dans les communications et la sécurité aériennes civiles : les radars, les radios, etc. Les technologies de substitut devraient utiliser des communications numériques et des systèmes de navigation par satellite.
C’est dans ce paysage en total refonte que les drones font leur apparition, dans un tableau où personne ne les avait venu venir. Non forcément par incompétence, mais parce que, pendant longtemps, l’industrie et l’administration américaines pensaient que pour que les drones puissent prendre leur envol, il fallait qu’ils respectent les mêmes règles que les vols habités et contrôlés par des humains. Une situation qui change. Chris Stephenson, représentant de l’Association nationale des contrôleurs du trafic aérien américain, indiquait: « Cela devient péniblement évident que pour intégrer les drones, il va falloir faire de gros efforts d’adaptation, au moins au début ». Michel Whitaker de la FAA rappelait à l’agence AP que les drones « ne faisaient pas vraiment partie de l’équation aux origines de NextGen ».
La poussée des acteurs privés
Ce qui explique sans doute pourquoi pour les cinq prochaines années NextGen ne prend pas du tout en compte la manière d’intégrer les drones dans le système conçu pour gérer les avions « classiques ». L’explosion, ces derniers temps, de l’intérêt pour les drones a pris de court aussi bien les dirigeants de ce programme que la FAA elle-même. Au départ, sollicitée principalement pour des vols de drones « militaires » ou à des visées de surveillance policière, la FAA est désormais confronté à de nombreuses demandes de sociétés privées. Amazon et Google sont sur les rangs des demandeurs. Amazon semble plutôt intéressé par des vols de drones à relativement basse altitude pour son service de livraison. Or, ceux situés sous le seuil des 122m devraient poser moins de problèmes, sauf à proximité des aéroports. C’est d’ailleurs à une « tranche » aérienne quasi similaire, allant jusqu’à 152 m, que la NASA et la FAA s’intéressent pour tenter de mettre en place un système de contrôle aérien de basse altitude.
Google, en revanche, qui a fait une demande récemment pour ses drones de haute altitude, est dans une situation qui peut poser davantage problème. Ses drones, de taille moyenne ou grande, qui volent très haut, doivent être capables d’éviter les vols commerciaux. C’est là un des casse-têtes de NextGen. Car, outre qu’ils sont bien plus lents que les avions civils, ces drones auront des plans de vol très complexes. Ils seront en effet appelés à rester en l’air pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Des dérogations au coup par coup
En attendant que la réglementation et que le système de contrôle soient au point, la FAA se trouve dans une situation un peu étrange où elle accorde des dérogations spéciales aux acteurs qui la sollicitent au coup par coup. Ainsi, le Washington Post rapportait hier, jeudi 25 septembre 2014, que l’Agence américaine a autorisé pour la première fois des vols de drones « commerciaux » sur le territoire américain. Ce sont des réalisateurs d’Hollywood et des publicitaires qui ont bénéficié de cet assouplissement pour tourner leurs films grâce à des drones. Les consignes restent pour autant très stricte puisque les drones doivent toutefois être contrôlés par des pilotes certifiés qui ne doivent pas perdre de vue leur appareil.
Si les Américains peuvent espérer voir leurs DVD préférés livrés par un drone prochainement, leur connexion à Internet venu du ciel pourrait ne pas être pour tout de suite. C’est de la sécurité de milliers de passagers par an dont on parle.
A lire aussi :
DHL obtient la première autorisation européenne à livrer par drones – 25/09/2014
Sources :
AP
The Washington Post
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