Pour sa deuxième réunion, l’Internet Entrepreneurs Club avait choisi d’inviter Guy Kawasaki en ” guest star “. Actuellement PDG de Garage.com, un incubateur de start-up américain, Kawasaki fut chef évangéliste chez Apple de 1995 à 1998. C’est dire si l’homme connaît son sujet à fond lorsqu’il décide de décrire les dix mensonges américains les plus populaires pour lever des fonds ! Nul doute qu’il les a longtemps pratiqués…L’homme ne manque pas d’humour, non plus. Invité par Maurice Khawam, directeur de participations chez Apax Partners, il s’est présenté sur l’estrade habillé d’un jean et d’un simple polo. “Moi aussi j’ai un complet veston, se moque-t-il gentiment en regardant le public, mais on m’a demandé de parler de la Silicon Valley et de m’habiller en conséquence”, ironise-t-il.Guy Kawasaki commence alors sa présentation des fameux mensonges censés rapporter une pluie de dollars ?” ou d’euros ?” aux entrepreneurs :
A ne pas dire
– Nos prévisions sont modérées : comme le rappelle gentiment Kawasaki, difficile de croire qu’un jeune entreprenaute s’appuie sur des projections de vente ” modérées ” pour défendre son business model.- Notre marché vaudra 50 milliards de dollars en 2003 : “Je ne connais aucun marché qui vaille 50 milliards de dollars “, estime Kawasaki. Message en contrepoint : oubliez les prévisions des études, elles sont toujours exagérées de quelques zéros…- Notre contrat avec Amazon.com sera signé la semaine prochaine : ” Attendez que l’encre soit bien séchée ! “, prévient Kawasaki. “Dans la Silicon Valley, tout le monde est sur le point de signer un contrat avec Amazon”, ajoute-t-il. Très tendance donc, mais souvent faux.- Si nous vendons 40 % de la société, nous aurons encore le contrôle : ” Illusoire “, tranche Kawasaki. ” Prendre des décisions en toute liberté est un mythe quand on a de gros actionnaires autour de la table “, analyse-t-il.- Il n’y a pas de compétition sur notre marché : ” Si vous pensez cela, alors utilisez Google “, ironise Kawasaki.- Personne ne peut faire ce que l’on fait :” Même chose, utilisez Google, rajoute Kawasaki. Si vous avez une bonne idée, alors vous avez déjà cinq concurrents qui travaillent dessus. Si c’est une excellent idée, vous en avez dix “, surenchérit-il.- Carrefour est trop lent pour être une menace : ” Raisonnement très naïf “, indique Kawasaki à l’attention des dirigeants de start-up. “Essayez seulement d’imaginer une structure de gestion de stocks aussi efficace que la leur !”, lance-t-il en défi.- Nous allons devenir le standard : ” Tout le monde présente cela comme un argument massue. Nous sommes le standard donc nous sommes intouchables ! “, s’extasie Kawasaki, avant de rappeler qu’aucun standard n’est éternel sur Internet.- Nous avons des brevets, nous ne craignons rien : ” Dépensez votre argent pour embaucher de bons ingénieurs plutôt que d’entretenir une armée d’avocats , conseille Kawasaki. Ce ne sont pas les brevets qui vont vous faire inventer. “.- Nous avons seulement besoin d’un pour cent du marché pour réussir : “S’ils peuvent prendre 1 %, pourquoi ne pas prendre les 99 % restants ?”, s’interroge-t-il.Dixième mensonge et fin de l’exposé. Guy Kawasaki donne alors un ultime conseil destiné aux entrepreneurs : “si vous avez décidé de venir dans la Silicon Valley, changez vos mensonges !”.Rires du public. Parfois sincères, parfois embarrassés : comment ne pas reconnaître dans ces mensonges une grosse partie de l’argumentaire développé par les start-up françaises. Quant aux investisseurs : lequel d’entre eux n’a jamais cru à au moins l’un de ces arguments ?Le message de Kawasaki a l’avantage dêtre clair : pour lever des fonds dans la Silicon Valley, ces dix mensonges-là ne sont pas plus efficaces que la loterie.
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