Passer au contenu

Les dictionnaires vont-ils disparaître?

La remarquable efficacité des moteurs de recherche permet de trouver un renseignement sur Internet bien plus facilement que dans un dictionnaire ou une encyclopédie.

Il est courant de s’épancher sur les dangers et les dérives d’Internet. Mais c’est oublier un peu vite que le Web constitue aussi un extraordinaire réservoir de savoir.


Mes deux enfants de huit et six ans sont curieux, ce qui est bien sûr normal à cet âge. Et, aux questions qu’ils posent, je ne trouve pas toujours facilement la réponse dans les dictionnaires. Sans compter que les recherches croisées ne
sont pas évidentes : pour trouver des photos d’insectes d’Amazonie, dois-je chercher à insecte ou à Amazonie ? En revanche, en formulant ces questions sur un moteur de recherche, en particulier sur Google, je trouve systématiquement, et sans
chercher longtemps, la réponse à ces questions. Qu’il s’agisse de la durée de vie d’une girafe, de la température de la planète Vénus ou de l’altitude d’une station de sports d’hiver.


Sans doute pensez-vous que j’exagère. Alors, par simple curiosité, saisissez des requêtes complexes sur Google, c’est-à-dire formées de la juxtaposition de plusieurs mots. Vous découvrirez que, quelle que soit la nature de votre
question, il existe toujours au moins un internaute, par le monde, qui partage votre centre d’intérêts et qui a créé un site sur les maisons de poupées, la descendance des comtes de Toulouse, les volcans japonais ou l’histoire de la Résistance.


De plus, sur ces sites, vous trouverez ce qu’un dictionnaire est incapable de vous donner ; des extraits sonores, des photos, des schémas, des vidéos… Quelle encyclopédie vous permettra d’entendre la voix vibrante d’André Malraux
déclamer ‘ Entre ici, Jean Moulin ! ‘, lors du transfert des cendres du célèbre résistant au Panthéon ?


C’est surtout sur les requêtes croisées, celles portant sur plusieurs termes (par exemple température + vénus) que les moteurs de recherche enfoncent définitivement les dictionnaires traditionnels. Je devine les objections des
esprits chagrins : le recours systématique à Internet est peu pratique, il faut allumer le PC, lancer une connexion, enrichir un peu France Télécom… C’est vrai.


Je sais aussi que les moteurs de recherche, Google en tête, ne sont pas exempts de défauts. Le plus déplaisant est sans doute la place de choix qu’ils accordent aux sites commerciaux qui ont payé pour figurer en tête dans les
résultats des recherches des internautes.


Vous m’objecterez aussi que les informations trouvées sur Internet ne sont pas toujours fiables, car elles sont mises en ligne par des amateurs. Mais après tout, la critique vaut également, dans une moindre mesure certes, pour
les ‘ vrais ‘ dictionnaires. Qui a oublié la double planche en couleurs d’un célèbre dictionnaire où les images de champignons vénéneux avaient été malencontreusement mélangées avec celles de champignons inoffensifs ?J’ai mis en balance les atouts et les faiblesses des moteurs de recherche. Et depuis, mon Petit Larousse commence à se couvrir de poussière…*Rédacteur en chef adjoint de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 31 janvier

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Etienne Oehmichen*