Passer au contenu

Les décors de l’opéra Bastille, un projet industriel

Des automates programmables et un système informatique assurent les mouvements du décor. Après douze ans d’existence et à l’issue de sept mois de développement, cet ensemble fait peau neuve.

L’opéra Bastille ne cache pas de fantômes mais une entreprise industrielle que l’amateur d’art lyrique est loin d’imaginer depuis la salle. En coulisse, machinistes et éclairagistes s’affairent comme des fourmis. Situé à quelque quarante mètres au-dessus de leurs têtes, se trouve ce que les professionnels appellent le cintre, c’est-à-dire la partie haute du théâtre où l’on remonte les décors. Pas de place à l’improvisation. Lever de rideau, déplacement de décor ou changement d’éclairage… chaque mouvement de scène est préalablement défini pendant le montage du spectacle. L’opéra s’appuie, pour cela, sur des automates programmables, ainsi que sur un système informatique de supervision et de création de spectacle. Les premiers équipements de marque Jeumont-Schneider remontant à l’inauguration de la salle, en 1989, une rénovation s’imposait. Sur appel d’offres, cinq candidats ont été sélectionnés. Exercice imposé : réaliser une maquette du pilotage en conservant la partie “puissance” de l’installation (variateurs et moteurs), sans toucher aux réglages des armoires électriques. Délai : une semaine.

Quarante-huit automates et deux postes de pilotage

Une fois la solution ControlLogix, de Rockwell Automation, retenue, le projet démarre en janvier 2001. Si le développement dure sept mois et demi, le déploiement sur site est, en revanche, limité à la période de coupure d’été, de fin juillet à fin août. Durant cette phase de mise en service, l’éditeur, épaulé par l’intégrateur Eras, comptera jusqu’à vingt-cinq personnes sur le chantier.La nouvelle installation comprend un logiciel de création et de supervision des spectacles sous Windows NT. Accessible à partir d’un réseau Ethernet en fibre optique, cet outil mémorise, pour chaque spectacle, les déplacements des équipements du cintre. Une fois le programme du spectacle réglé, le responsable de la supervision assure le pilotage des enchaînements tout au long de la représentation.Les quarante-huit automates ControlLogix dirigent les cent quatre-vingt-trois axes du cintre. Les ordres transmis en moins de quatre cents microsecondes, garantissent leur bonne synchronisation. La programmation du spectacle est stockée sur un serveur avec réplication automatique sur les deux postes de pilotage. Ce doublement offre la possibilité, en cas de défaillance, de reprendre à chaud le fil du scénario. Enfin, cinq postes de passerelle permettent d’effectuer à la main certains mouvements spéciaux à l’aide de joysticks et assurent ainsi une sécurité accrue.“La maintenabilité est également renforcée, estime Henri Guivarch, chef de service adjoint Génie scénique à l’opéra Bastille. L’historisation des mouvements facilitant le diagnostic en cas d’incident.” Dans la mesure où les différents équipements (décor, tenture, éclairage, etc.) retenus par le cintre peuvent peser jusqu’à plusieurs tonnes, aucune précaution n’est, en effet, superflue.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Xavier Biseul