Le gouvernement italien vient d’inaugurer une nouvelle forme d’évasion fiscale : la fuite de déclarations de revenus sur Internet. Mercredi 30 avril 2008, le ministère des Finances italien a en effet pris l’initiative de
mettre en ligne les feuilles d’impôts de 40 millions de contribuables. Ce grand mouvement de transparence n’aura finalement duré que quelques heures.Juste le temps pour des milliers d’Italiens de vérifier les revenus de leurs voisins, pour la presse de faire ses choux gras des informations fiscales des contribuables les plus en vue (le couturier Georgio Armani, le footballeur
Christian Vieri, le comédien Beppe Grillo…). Et juste le temps pour Francesco Pizzetti, le président de la Cnil italienne… de piquer une grosse colère.Le site administratif litigieux a vite été fermé et une information contre X pour atteinte à la loi sur la protection de la vie privée a été ouverte par le procureur de Rome, Franco Ionta, rapporte l’AFP. Tout aurait pu en rester là, si
deux associations de consommateurs ne s’étaient portées partie civile dans cette affaire. Elles demandent aujourd’hui 20 milliards d’euros de dommages et intérêts ainsi que le retrait total des déclarations circulant encore, sous le
manteau, sur Internet.
Règlement de compte politique
L’Etat italien a-t-il commis un impair en agissant de la sorte ? Pour le vice-ministre à l’Economie, Vincenzo Visco, il n’en est rien. ‘ Je ne vois pas où est le problème ‘, a-t-il
déclaré au quotidien italien Corriere della Serra. Et le responsable politique de rappeler que le libre accès aux informations fiscales existe partout dans le monde, et qu’en Italie c’est une réalité depuis une loi de 1972.En fait, l’initiative du gouvernement de Romano Prodi n’est pas aussi innocente que cela. Elle intervient dans un climat politique mouvementé et sur fond de passation de pouvoir. Le futur président du conseil, Silvio Berlusconi, avait
fait de la lutte contre la fraude fiscale l’un des arguments clés de sa dernière campagne électorale.Au vu des informations mises en ligne, on découvre que près de 40 % des entrepreneurs indépendants italiens déclarent des revenus inférieurs à 10 000 euros et que la moitié des sociétés ne paient pas d’impôts. Tout a
semble-t-il été fait pour que la lutte contre les fraudeurs apparaissent comme l’une des priorités du prochain gouvernement. A moins que celui-ci ne change son fusil d’épaule…
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