Conscients de leur intérêt à coopérer dans le cadre de la
future réglementation française sur la collecte et le recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), le Gifam (groupement des fabricants de produits
blancs), bientôt rejoint par le Simavelec (syndicat des fabricants de matériels audiovisuels), vient d’annoncer la création d’un éco-organisme conjoint avec la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), laquelle regroupe
notamment les chaînes de grande distribution telles que Carrefour et Auchan.Il recevra l’appui technique d’Eco-emballages, l’éco-organisme créé en 1992 et spécialisé dans le tri et la collecte des emballages ménagers.
Une forte représentativité
La nouvelle entité, dont le nom n’est pas encore connu, sera créée dès que le décret transposant la directive européenne sur les DEEE sera promulgué, c’est-à-dire, vraisemblablement, dans le courant du premier trimestre
2005, a annoncé Christian Brabant, administrateur délégué à l’environnement du Gifam, lors du colloque ‘ Filières et recyclage ‘ qui s’est tenu les 20 et 21 octobre à Paris. Cet éco-organisme commun aura
en charge la mise place d’une filière complète de traitement des DEEE, depuis leur collecte jusqu’à leur transfert à des professionnels du recyclage.Les initiateurs de cette coopération représentent une grande partie des acteurs responsables de la mise sur le marché des équipements électroniques. ‘ Les produits blancs totalisent, en effet, 60 % de la
valeur future des DEEE ‘&, affirme Christian Brabant. Dans le domaine du matériel audiovisuel, LG, Philips, Samsung, Sony et Thomson ont également exprimé leur intention de se joindre à cette coopération avec la FCD, et
il est probable que l’ensemble du Simavelec en fasse autant.La grande distribution collecte d’ores et déjà de l’ordre de 2 kg de déchets électroniques par habitant et par an dans le cadre d’une pratique désormais très répandue de reprise d’un produit usagé lors
de l’achat d’un produit neuf par le consommateur. Cela représente, dès à présent, la moitié de l’objectif de collecte assigné aux Etats membres par la directive européenne sur les DEEE, et donc un savoir-faire considérable
qu’il conviendra de consolider.L’annonce de cette coopération entre industriels de l’électronique et grande distribution permet de renouer des contacts interrompus depuis 18 mois entre les deux parties, période durant laquelle les fabricants
étaient occupés par ‘ Initiative Recyclage ‘, l’expérimentation de collecte et de traitement des DEEE menée sur l’agglomération nantaise qui a permis de dépasser l’objectif de 4 kg par habitant et
par an, objectif édicté par la directive européenne.Screlec, la société de collecte et de recyclage mise en place par les fabricants de l’électronique et qui est à l’origine de l’expérience nantaise, apportera son savoir-faire et son expérience au nouvel
éco-organisme. Reste à savoir si, à terme, la quasi-totalité des industriels de l’électronique seront conquis par la nécessité et l’utilité de se regrouper au sein d’une seule et même structure, alors que la directive offre la
possibilité d’en créer plusieurs par pays.En particulier, les industriels de l’informatique et des télécoms, regroupés au sein d’Alliance TICS, ont leur propre organisme et souhaitent le conserver, a expliqué André Mérigoux, président de la commission
environnement de ce groupement professionnel.
La contribution environnementale : un frein à la baisse des prix
Du côté de la grande distribution, des enseignes telles que Leclerc et Intermarché ne se joindraient pas à l’accord signé entre le Gifam et la FCD et pourraient également lancer leur structure, indiquent des sources
industrielles. Enfin, une plate-forme européenne, associant notamment Electrolux, Sony et Hewlett-Packard, serait aussi en train de se mettre en place à partir de l’Allemagne.L’éventualité d’un éco-organisme unique est donc peu probable, même si une telle solution aurait des atouts indéniables et ‘ permettrait notamment une réduction des coûts de la
collecte ‘, fait pour sa part remarquer Jean-Paul Ouin, président de la commission des relations institutionnelles du Simavelec. Dans le cas contraire, ‘ on multiplierait par exemple les coûts de
transport et on irait ainsi à l’encontre de la protection de l’environnement en augmentant les émissions de gaz à effet de serre ‘, estime l’un des participants du colloque.‘ Dans notre industrie, les prix ne cessent de chuter depuis plusieurs années et cette baisse de prix risque maintenant d’être ralentie, voire stoppée par la contribution environnementale qui sera demandée
aux consommateurs dans le cadre de l’application de la directive. Il est donc important d’atteindre une économie d’échelle afin que cette contribution soit la plus faible possible ‘, explique Jean-Paul
Ouin. Le danger de voir cette contribution environnementale ralentir la consommation de produits de haute technologie est réel, estiment les intervenants. Elle arrive, selon eux, à un mauvais moment.Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Economie, vient en effet de demander à la grande distribution de faire tous les efforts possibles pour accroître le pouvoir d’achat des consommateurs. Or, c’est le contraire qui
risque de se passer avec les produits d’électronique grand public. ‘ Un effort d’information et de pédagogie sera nécessaire pour expliquer les raisons pour lesquelles on ne va plus forcément assister à la
poursuite de la baisse des prix. C’est avec les industriels que nous devrons élaborer nos messages en ce sens’ , souligne Géraldine Poivert, responsable de la FCD.
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