D’ici à cinq ans, l’industrie pharmaceutique verra tomber dans le domaine public des médicaments qui représentent aujourd’hui 50 % de ses meilleures ventes. Pour compenser cette gigantesque perte de revenus, les laboratoires entament une course effrénée pour trouver de nouvelles molécules en explorant des voies thérapeutiques alternatives. Plusieurs voies nouvelles sont ainsi explorées. Et en particulier la génomique fonctionnelle, c’est-à-dire l’étude du génome humain, des gènes et de leurs fonctionnalités. Un domaine extrêmement gourmand en ressources informatiques, et sur lequel se positionne la société européano-américaine ValiGen.Ce nouvel acteur du domaine des biotechnologies, spécialisé dans la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques, est né de la fusion, au début de cette année, du Français ValiGene, spécialisé dans la génomique, de l’Américain Kimeragen, détenteur d’une technologie pour corriger les gènes déficients, et de l’Allemand Infogen, spécialisé dans l’épidémiologie génétique. De quoi offrir aux industries pharmaceutiques une prestation globale, allant de l’identification des gènes à la validation des cibles thérapeutiques pour le traitement des maladies cardio-vasculaires, de l’obésité et des cancers. Des applications qui réclament des ressources informatiques énormes. La tâche des chercheurs consiste en effet non seulement à sélectionner de manière pertinente des groupes de gènes, mais aussi à décrire des comportements cellulaires pour comprendre les mécanismes sous-jacents d’une maladie.Pour avancer plus rapidement, ValiGen a initié en janvier dernier le projet de recherche européen Eurêka BIO-Path. Cette plate-forme intégrée comprendra plusieurs outils. A commencer par des logiciels aptes à sélectionner et à réintégrer dans des bases de données gigantesques des informations biologiques disséminées. Elle fournira également des outils capables d’analyser et de représenter des phénomènes complexes, comme l’interaction des gènes entre eux. En modélisant des événements moléculaires spécifiques à un comportement cellulaire, les chercheurs ont bon espoir de comprendre le mécanisme d’une pathologie. Ils espèrent proposer ainsi des cibles thérapeutiques qu’ils auront préalablement validées par des expériences biologiques.
Les cible seront identifiées plus vite
Cette plate-forme, développée en partenariat avec la société allemande Lion Bioscience, exploitera les bases de données biologiques existantes en combinant des techniques de datamining et des outils de fouille et d’analyse de textes en langage naturel. De quoi considérablement accélérer et rationaliser les recherches dans l’identification des cibles thérapeutiques. Car, comme l’explique Simon de Bernard, bio-informaticien chez ValiGen et responsable du projet BIO-Path, “ la quantité de données disponibles dans le domaine de la biologie connaît une croissance exponentielle. En consultant des bases de données spécialisées, comme Medline, les chercheurs ont accès à des millions de résumés d’expériences menées sur plusieurs milliers de gènes. Une étude sur un simple gène peut conduire à éplucher tout simplement des milliers d’articles.”Le développement de BIO-Path se poursuivra jusqu’en fin 2002. Le système a d’ores et déjà été expérimenté. Et les résultats obtenus sont prometteurs, comme l’affirme Simon de Bernard : “Nous avons réalisé d’énormes gains de temps : là où il nous fallait des années, quelques mois suffisent dorénavant. En effet, le nombre d’expériences nécessaires pour résoudre un problème a considérablement diminué.” De quoi attiser la curiosité des laboratoires pharmaceutiques. Il faut savoir que, avec les méthodes traditionnelles, les essais thérapeutiques menés sur de nouvelles molécules portent sur des millions de cibles, avec un taux d’échec avoisinant les 75 %. Avec sa plate-forme, ValiGen apporte un avantage concurrentiel à ses clients désireux de diminuer sensiblement les coûts et les temps de développement de leurs futurs médicaments.
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