” On les croyait corrélés au Nasdaq, mais lorsque le Nasdaq rebondit les brokers américains rebondissent et les allemands reprennent du poil de la bête, alors que pour les français c’est la descente vertigineuse “, observe un analyste d’une grande banque étrangère, sous le couvert de l’anonymat. L’indice des valeurs de croissance américaines a repris 16 % depuis le début du mois de décembre, permettant au Nouveau Marché français de regagner 7 % en deux semaines, mais Fimatex, Consors France et Bourse Direct ont pendant ce temps poursuivi leur descente aux enfers.Fimatex, plus grosse introduction de l’année sur le Nouveau Marché avec 204 millions d’euros levés, a touché mardi un nouveau plus-bas historique de 8,05 euros, accusant des baisses de 15 % depuis le début du mois et de 70 % depuis son record de 26,50 euros le 29 mars. Par rapport à son prix d’introduction ?” 15,70 euros en mars ?”, le recul est de 49 %.Consors France a perdu 76 % de sa valeur depuis son transfert sur le Nouveau Marché, début avril, et 81 % par rapport à son plus-haut. Bourse Direct, longtemps soutenu par spéculations de rachat, limite à 11 % sa baisse par rapport à son cours d’introduction, en novembre 1999, qui était de 6,75 euros (ajusté d’une division par deux du nominal intervenue en juin 2000).Par comparaison, l’indice du Nouveau Marché a perdu 60 % de sa valeur depuis son plus haut du mois de mars. “Le Nasdaq a beau se reprendre, le Nouveau Marché ne suit pas vraiment pour le moment , commente un autre analyste qui n’entrevoit pas d’embellie à court terme. Tout le monde sait que le quatrième trimestre ne sera pas bon du tout ; octobre n’a pas été un bon mois et novembre ne le sera pas non plus, donc on ne peut s’attendre à un redécollage “, explique-t-il.
Un mauvais mois de novembre
Le recul des courtiers en ligne français s’était accentué après l’annonce, le 22 novembre, d’une baisse de 7 % du nombre d’ordres exécutés en octobre par rapport à septembre, qui s’accompagnait d’un ralentissement de la croissance des ouvertures de comptes.L’Association Brokers On Line, qui regroupe 21 courtiers sur la quarantaine actifs en France, publiera lundi ou mardi ses chiffres du mois de novembre, pour lesquels la baisse de 23 % du Nouveau Marché ce mois-là n’augure rien de bon.Clémence Decortiat, déléguée générale de l’Association, reconnaît que les courtiers sont en prise directe avec l’évolution des marchés malgré leurs efforts de diversification (OPCVM, assurance-vie) ou la formation des actionnaires. “Mais, bien que le facteur Bourse soit très important dans les valorisations, je ne perçois pas trop d’inquiétudes majeures chez les courtiers en ligne même si, bien sûr, ceux qui ont joué le jeu du marché sont déçus “, affirme-t-elle.” Il faut comprendre que la grande période d’euphorie boursière du premier trimestre était exceptionnelle. On a quand même, globalement, des taux de croissance des ouvertures de comptes de plus de 10 % d’un mois à l’autre, même si le nombre de trades est limité “, souligne-t-elle.
Une acquisition pour réveiller le secteur ?
A la déprime du marché s’ajoutent des facteurs spécifiques. Les analystes estiment ainsi que Fimatex n’en finit pas de payer une hasardeuse révision en hausse de son business plan au mois de septembre. La filiale de la Société Générale, encouragée par de bons résultats semestriels, avait notamment porté son objectif de comptes pour la fin de l’année à 145 000 au lieu des 102 000 prévus au moment de son introduction en Bourse.
“Ses derniers chiffres pour fin octobre étaient de 89 000 comptes. Arriver à 145 000 en deux mois me paraît difficile par les temps qui courent “, précise l’un des analystes.Pour Consors France (ex-Axfine), le même analyste s’étonne que ce soit la seule filiale étrangère de Consors qui soit cotée indépendamment de sa maison mère allemande. Le titre a touché un plus-bas de 7,20 euros mardi.Reste Bourse Direct, considéré comme le dernier courtier indépendant coté à vendre, depuis la prise de contrôle de Self Trade par l’allemand Direkt Anlage Bank. Malgré l’arrivée de Philippe Gellman à la présidence du broker, en septembre ?” “un appel du pied aux acquéreurs “, selon l’un des analystes ?” le titre ne décolle pas : il a touché mardi un plus-bas de 5,30 euros, à comparer aux 29 euros (avant division du nominal par deux) du 6 mars. “C’est le plus étonnant, car il y a une prime spéculative qui n’est pas du tout reflétée dans les derniers cours “, note l’analyste. De là viendra peut-être le salut des courtiers.” Bourse Direct n’a plus qu’une capitalisation de 50 millions d’euros : si quelqu’un est intéressé, c’est le moment d’acheter, commente Christophe Riccetti, analyste de CDC Bourse. A court terme, seule une opération d’acquisition par un acteur étranger, américain ou autre, peut réveiller le secteur. “
Bourse Direct espère présenter vers le 17 janvier le business plan du nouvel ensemble qu’il formera avec Etna Finance, dont le rachat avait été annoncé début octobre.
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