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Les contrats de mission, une voie vers le travail temporaire ?

L’ajustement de la durée des contrats de travail à celle des projets va entraîner la mutation de toute une population d’ingénieurs en intérimaires. A terme, les sociétés de services informatiques risquent bien de disparaître.

Avec le CDD de longue durée, le rapport Virville lance un nouveau pavé dans la mare ! Les récentes propositions de la Fédération Syntec avaient bien abordé le sujet. Et déjà suscité une forte inquiétude chez les salariés et un
tollé dans les syndicats. Mais elles relevaient du v?”u pieux, dans la mesure où le code du travail en limitait l’application.Avec le ‘ contrat de projet ‘, il en va tout autrement, puisque ce dernier pourrait être inscrit dans la ‘ loi de mobilisation ‘ demandée par
Jacques Chirac. C’est clair, l’une des populations qui seraient les plus touchées par cette nouvelle mesure est bien celle des sociétés de services.La plupart des employés qualifiés y sont recrutés pour des ‘ projets ‘. Avec, par essence, un début et une fin ! De plus, les chantiers pharaoniques, qui demandaient d’énormes équipes,
n’existent quasiment plus aujourd’hui. Chaque projet est mesuré, pesé, calculé, face à des utilisateurs toujours plus avertis.Jusqu’alors, même si les SSII n’avaient pas la réputation d’être les meilleures des gestionnaires de ressources humaines, elles aménageaient la période d’intercontrat en sorte de sas, où l’ingénieur pouvait se repositionner, capitaliser
ses connaissances, se former. Et repartir pour un nouveau projet. Ainsi utilisée, cette période d’‘ inactivité ‘ se révélait bénéfique pour l’entreprise et pour ses salariés.Certes, le contrat de mission peut répondre à une certaine forme actuelle de travail, tenant compte à la fois des contraintes économiques et des moyens techniques disponibles. Ne pas l’admettre serait faire preuve de mauvaise foi.Et les salariés des sociétés de services sont aussi les premiers à le reconnaître, puisqu’ils la pratiquent constamment. Mais dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée. Ce qui change tout. Moins pour le mode de travail que pour
l’environnement.Banques, assurances et autres prêteurs accepteront-ils d’accorder des emprunts à des ‘ intermittents ‘ ? Saura-t-on le poids du stress au fur et à mesure que le terme du contrat se
profilera ? N’est-ce pas aussi inciter les entreprises à faire leur marché en fonction de leurs besoins du moment et les déresponsabiliser davantage sur la gestion à long terme ?Mais, en réalité, on peut se demander si ces sociétés auront encore des salariés. A moins qu’elles se transforment clairement en entreprises de travail temporaire.* Rédactrice en chef adjointe de 01 InformatiqueProchaine chronique lundi 2 février

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Anne-François Marès*