Ces dernières années, les sociétés du secteur des réseaux et des télécoms s’étaient lancées dans une politique forcenée de rachats. Depuis quelques mois, s’amorce une nouvelle tendance : elles élaguent, se scindent, coupent dans leurs activités pour se concentrer sur un créneau plus étroit. C’est l’exemple, notamment, des Cabletron, des 3Com et des Lucent. Après la période gloutonne, vient celle du régime. Une exception de taille, Cisco, qui continue tranquillement son festin (voir encadré).
En fait, Hewlett-Packard est le premier à avoir taillé dans le vif à la fin de l’an passé en regroupant ses activités de tests, de mesures et les systèmes optiques au sein d’Agilent, filiale promise à l’autonomie. Puis, c’est au tour de Cabletron, qui éclate en quatre sociétés distinctes, chacune destinée à couvrir un marché (administration de réseaux, opérateurs, grands comptes, services). Le constructeur, qui a frôlé la disparition, ne pouvait plus mener de front tous ces métiers au sein d’une même entité. Mêmes symptômes, mais autre remède chez 3Com. Lui aussi voulait couvrir tout le marché. Mais il n’en avait pas les moyens. Cependant, Eric Benhamou décide de jeter par-dessus bord les poids morts et de ne garder que les secteurs en croissance*. Il vient de se débarrasser des modems analogiques et met une croix sur les équipements de c?”ur de réseau pour entreprises.
Sur tous les marchés à la fois
Plus étonnant, le cas de Lucent, qui décide brutalement de lâcher toute l’activité entreprise. Il est vrai que, issu du giron de l’opérateur AT&T, le constructeur, malgré ses rachats, n’a jamais réussi à se tailler une place sur ce marché solidement tenu par Cisco et Nortel (Bay Networks) principalement. Il préfère donc se recentrer sur le domaine des opérateurs, son activité traditionnelle. Enfin, même Nortel participe ?” légèrement ?” à ce mouvement en se séparant de Netgear, une entité de cent personnes fabriquant des équipements réseaux pour particuliers et très petites entreprises. Logique, dans la mesure où le marché traditionnel de Nortel n’a jamais été le grand public. En fait, la plupart du temps, ces sociétés ont eu les yeux plus gros que le ventre. Au départ, dans la vague de la convergence voix-données sur réseaux IP et ATM multiservices, ces acquisitions visaient à acquérir les technologies qui leur manquaient (technologies voix pour celles venant des données et plutôt ciblées vers les entreprises, et technologies données pour celles issues du monde de la voix, et surtout présentes auprès des opérateurs). Du coup, ces sociétés se sont retrouvées sur tous les marchés à la fois, et sur tous les maillons de la chaîne : accès et c?”ur de réseau, ainsi que services. Challenge énorme et insurmontable. D’où ces remises en cause. Et, surprise, celles-ci ne sont plus justifiées par le sacro-saint discours marketing du client, centre de toutes les préoccupations, mais par leur besoin de gagner en efficacité et de soigner leur situation en Bourse.
(*) La filialisation et la mise en Bourse partielle, en 1999, de la division Palm Computing (agenda électronique) obéissent à une autre logique, car cette activité est des plus prospères, mais trop éloignée du c?”ur de métier de 3Com.
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