Depuis quelques semaines, les Français qui écoutent attentivement la radio l’ont bien compris : les poissonniers, les fleuristes et les boulangers adorent Moneo. C’est en tout cas le message que tente de faire passer dans sa
dernière campagne publicitaire BMS, la société qui gère cette solution de porte-monnaie électronique. En pratique, les chiffres viennent cependant quelque peu infirmer l’enthousiasme auto-proclamé sur les ondes.Avec 1,2 million d’utilisateurs fin 2004 et près de 100 000 commerçants partenaires, l’activité de Moneo affecte un léger repli par rapport aux chiffres communiqués en février 2004 (1,3 million d’utilisateurs pour
120 000 commerçants affiliés). Face à ces statistiques qui sonnent comme un avertissement pour Moneo, Pierre Fersztand, directeur général de BMS, temporise : ‘ Notre solution fonctionne très bien dans des
régions comme le Rhône-Alpes ou la Bretagne. Mais en Ile-de-France, par exemple, le démarrage est beaucoup plus lent car nous avons souffert de retombées négatives qui ont coïncidé avec le déploiement de Moneo sur cette partie du
territoire. ‘
En fait de retombées négatives, Moneo a fait les frais des campagnes lancées par plusieurs associations de défense des consommateurs (telles que la CLCV – Consommation logement et cadre de vie – et l’UFC-Que Choisir).
‘ Les gens n’en peuvent plus de payer des frais bancaires ‘, affirme Vanessa Dagand, chargée de mission Banque/Finance à l’UFC-Que Choisir. Or l’utilisation de Moneo a un coût (autour de
7 euros par an pour le consommateur) même si, pour accompagner son lancement, quelques établissements bancaires ont décidé de ne pas facturer Moneo à leurs clients pour la première année d’utilisation.
Trouver de nouveaux axes de développement
Pour UFC-Que Choisir, le surcoût entraîné par l’arrivée de Moneo ne fait que s’ajouter à la pression financière supportée par le consommateur, alors même que ‘ Les cotisations de cartes bancaires en France
comptent déjà parmi les plus élevées en Europe. ‘De leur côté les commerçants adhérents à Moneo doivent également verser à leur banque un forfait mensuel ou une commission sur l’ensemble des transactions effectuées via Moneo. Des tarifs que nombre d’entre eux, déjà ponctionnés sur les
paiements par cartes de crédit, jugent trop élevés.Dans un premier temps, l’UFC-Que Choisir avait par ailleurs demandé que la solution Moneo soit proposée indépendamment de toute adhésion à un service de carte de crédit bancaire (Carte Bleue, Mastercard…), et donc ouverte au
consommateur exclu du système bancaire classique.BMS a partiellement accédé à cette requête en déployant une carte Moneo Vert, dans les principaux bureaux de poste. Moneo, est également d’ores et déjà intégré à un certain nombre de distributeurs automatiques de timbres-poste.‘ Une expérience est également en cours, à Versailles, auprès d’une dizaine de buralistes, indique Pierre Fersztand. Les consommateurs peuvent acquérir leur carte Moneo Vert au prix de 8
euros, avant chargement, et bénéficier de deux fois 15 minutes par jour de stationnement gratuit pour faire leurs courses en ville. ‘Un progrès certes, mais au vu des chiffres peu prometteurs de la fin 2004, Moneo semble condamné à chercher de nouveaux relais de croissance en dehors de la sphère du petit commerce. C’est ainsi que la solution de paiement électronique
est progressivement déployée sur un autre marché : celui des horodateurs.Une cinquantaine de villes (dont Montpellier, Marseille, et Toulouse) ont déjà dit ‘ oui ‘ à Moneo, Paris suivra sur ce terrain dès septembre 2005. Il est à noter que, pour le paiement au
parcmètre, les utilisateurs auront toujours le choix du moyen (Paris Carte, Moneo, ou monnaie sonnante et trébuchante…).Autres axes de développement de la solution de porte-monnaie électronique : les automates, et plus précisément les machines à café en entreprise, en partenariat avec Selecta. Un réseau qui compte déjà 5 000 unités
(6 000 à la fin de 2005) et qui permet de diffuser une carte Moneo Vert (frappée au sceau de Selecta) à un public particulièrement captif.Enfin, toujours dans la catégorie ‘ distribution automatique ‘, la SNCF (par ailleurs actionnaire de Moneo) va finaliser dans le courant de 2005 le déploiement de Moneo sur ses automates de
vente de tickets (banlieue, TER…). Et France Télécom a décidé d’adosser Moneo (en paiement et en chargement) à ses 80 000 publiphones. Pour soutenir l’activité de son réseau de cabines téléphoniques publiques aujourd’hui en grande
difficulté face à la concurrence des portables.
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