La valeur de ces entreprises semble augmenter de façon exponentielle avec les parts de marché espérées, sans lien direct immédiat avec les ventes constatées ou la rentabilité de l’entreprise.” C’est le constat fait en préambule d’une note interne réservée aux membres de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) et destinée à les alerter, en cette fin de premier trimestre 2001, sur les précautions à prendre lors de la certification des comptes de jeunes pousses. En effet, même si l’heure n’est plus aux start-up qui annoncent, dans un business plan rédigé sur un coin de table, des prévisions exponentielles de la fréquentation future de leur site, les données signées par un commissaire aux comptes sont examinées à la loupe par les candidats investisseurs. “L’opinion du commissaire aux comptes renforce et sécurise l’information comptable et financière. En revanche, elle ne s’apprécie pas comme la garantie de la pérennité de l’entreprise ou de l’efficience de la gestion de cette dernière par les dirigeants “, prévient toutefois Michel Tudel, le nouveau président de la CNCC. Ses membres n’envisagent pas, d’ailleurs, de voir leur responsabilité mise en cause en cas de déconfiture d’une entreprise dont ils auraient certifié les comptes. Mais la première précaution formulée dans cette note confidentielle à l’intention des professionnels du chiffre concerne leur propre rémunération.
De nouveaux outils d’évaluation
Sagesse inutile ? La note intime aux commissaires de refuser systématiquement les modes de paiement jugés “ atypiques“, tels que des honoraires payés en actions ou des délais de règlement anormaux. Elle estime également que les “risques de fraude par une présentation inexacte des comptes sont plus élevés dans ce modèle économique.” Parmi les raisons invoquées : les modalités de rémunération des dirigeants et des salariés en fonction d’objectifs ambitieux, ou la volonté d’influer sur le cours de l’action si la société est cotée. “Nous ne demandons pas aux managers de fournir des perspectives chiffrées très précisément, explique Michel Tudel. Mais de s’engager sur les tendances lourdes de développement à moyen terme. ” Et de constater que ceux qui placent de l’argent dans cette nouvelle économie ont plus une mentalité d’investisseurs que d’actionnaires. En clair, ils sont plus volatils et davantage préoccupés par leurs rendements que par la vie de l’entreprise sur le moyen ou long terme. Fait nouveau, la CNCC incite ses membres à surveiller de près le burn rate (vitesse à laquelle une société épuise ses capitaux) dans le cadre d’une procédure d’alerte concernant une start-up. Une vigilance qui aurait peut-être évité dans le passé quelques pratiques trop dispendieuses en matière de communication et d’aménagement de bureaux, par exemple. Faute de pouvoir appliquer à ces sociétés les critères d’évaluation de l’économie traditionnelle ?”tels que le Price Earning Ratio (PER, qui signifie coefficient de capitalisation du résultat) ou les multiples d’EBITA (Earnings Before Interest and Taxes) et autre EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization), bien connus des économistes?”, d’autres outils doivent être utilisés. “On préférera retenir des approches par comparaison, associées à des méthodes de valorisation qui utilisent des techniques faisant appel à des multiples, comme par exemple le chiffre d’affaires par abonné, en précisant évidemment s’il est gratuit ou payant. Mais en tout état de cause, ces approches doivent être utilisées avec vraisemblance, cohérence et prudence“, suggère Michel Tudel. Qui considère toutefois que les entreprises de la nouvelle économie sont des sociétés comme les autres. Et qu’elles ne nécessitent pas de réglementation comptable spécifique.
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