Alsatis à Toulouse, Sarthe telecom au Mans, Numéo à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, Sat-Isfaction à Colmar, Nomotech à Avranches, Cornut Informatique à Saint-Etienne… Tous ces opérateurs et intégrateurs locaux, certains se
définissant même comme opérateurs ruraux, se retrouvent actuellement impliqués dans des projets de déploiement de réseaux, lancés par les collectivités territoriales.Au colloque Territoires et réseaux d’initiative publique, organisé par l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) à l’Institut Pasteur à Paris, les 9 et
10 octobre, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) présentait, lors de la deuxième journée, un premier bilan de ces chantiers.Depuis 2005, en effet, la loi autorise les collectivités territoriales à devenir opérateurs de télécommunications, en nouant des partenariats avec des entreprises du secteur. L’objectif étant de combler les
‘ trous ‘ de la couverture en haut débit, d’essayer de grignoter sur les fameuses zones blanches, délaissées par les opérateurs privés pour cause de non-rentabilité.A l’heure actuelle, l’Arcep recense donc 35 délégations de service public en cours de déploiement pour du haut-débit, soit près de 77 projets (dont certains sont déjà bien avancés) pour 15 000 km de fibre optique.
L’ensemble correspond à un engagement de 1,2 milliard d’euros. ‘ Le coût moyen des projets se situe à 30 millions d’euros, note Gabrielle Gauthey, membre du collège de l’Arcep. Sachant qu’un
réseau d’initiative publique est amorti en vingt ans, on ne peut pas parler de gaspillage de l’argent public, comme on l’entend dire parfois. ‘Parmi les collectivités à l’origine de tels chantiers, l’Arcep compte quatre régions, quatorze départements et dix-sept communautés d’agglomérations. ‘ 30 % des répartiteurs sont dégroupés grâce à l’action
des collectivités locales ‘, permettant ainsi aux abonnés de s’affranchir de France Télécom, poursuit Gabrielle Gauthey. Avant de rappeler qu’au rang des opérateurs détenteurs, depuis juillet, d’une
licence WiMAX, figurent six conseils régionaux.Certains projets sont assez emblématiques des ambitions des collectivités, comme celui de Manche Numérique, syndicat mixte de toutes les communautés de communes du département en partenariat avec le conseil général. 200 stations de
base, 144 centraux téléphoniques équipés, 950 km de fibre optique…
Une plate-forme en ligne de service public local et des visioguichets
‘ L’objectif est la couverture à 100 % du territoire en haut-débit, avec du dégroupage total même en zone rurale ‘, résume Martial Defoy, vice-président du comité usage de Manche
Numérique. Parmi les chantiers, une plate-forme en ligne de service public local ou des visioguichets. Ces derniers devraient permettre aux habitants les plus excentrés d’entrer en contact avec des organismes administratifs ou sociaux via une
communication visuelle.L’autre projet mis en avant est le réseau PBC, Pau Broadband Country, plate-forme à l’origine expérimentale lancée en 2003, pour desservir l’agglomération de Pau. Celle-ci revendique aujourd’hui
36 000 prises réseau et 2 500 abonnés à la fibre. Dernière innovation en date, l’OpenLab. Une plate-forme à très haut débit ouverte aux éditeurs, opérateurs et créateurs de contenus pour qu’ils viennent y tester l’ensemble de
leurs applications et services innovants directement auprès des 2 500 abonnés à PBC.Il reste, comme l’a souligné Serge Bergamelli, directeur du département Développement numérique des territoires à la Caisse des Dépôts et Consignations, qui bénéficie d’un mandat public pour accompagner les projets des collectivités,
que le satisfecit général ne doit pas faire oublier une réalité. A savoir que donner aux collectivités la possibilité d’initier des projets de réseau ne signifie pas qu’elles vont toutes passer à l’acte, à la même vitesse et avec les mêmes
moyens…Sur une carte, présentée par l’Arcep, permettant d’apprécier l’avancée du dégroupage par collectivité, les zones les plus dynamiques (Manche, Pyrénées-Atlantiques, Alsace-Moselle, Picardie, Somme) étaient tout aussi visibles que de
véritables déserts numériques, comme l’Auvergne ou la Champagne-Ardenne.
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