Quelque 150 000 € du kilomètre, tel est le coût du raccordement d’une entreprise à un réseau métropolitain (MAN) par fibre optique. Une charge qui a fortement limité l’essor de ces connexions à hauts débits. Elles se justifient cependant pour des liaisons inférieures à quelques centaines de mètres, ou lorsque le client possède de nombreux sites dont la majorité est proche des points de présence de l’opérateur. Dès lors, le MAN offre des débits allant jusqu’au gigabit.Mais les contraintes restent telles que les opérateurs examinent la moindre piste pour amortir leurs frais. Le concept de Passive Optical Networks, qui exploite des équipements passifs, donc bien plus simples, a été introduit, mais n’a pas rencontré le succès escompté. Autre voie : le raccordement de clients éloignés, via des clients plus proches de la boucle. “Cela permet des connexions Ethernet, mais c’est incompatible avec la couche SDH “, prévient François Demeyer, directeur marketing de Cegetel.
Poser la fibre pour les opérateurs
Enfin, Michel Paulin, vice-président de LDCOM, avoue : “Nous plaçons beaucoup d’espoirs dans les initiatives des collectivités locales.” En effet, lors de la construction de routes, ou de l’installation en eau ou en électricité, des fourreaux ont été installés et sont souvent inoccupés. Les collectivités peuvent les proposer aux opérateurs.Pour inciter ces derniers à s’intéresser à son cas, la collectivité devra aller jusqu’à poser elle-même la fibre optique. C’est le cas avec le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication), qui a tiré près de 300 km de fibres, desservant 80 communes de la couronne parisienne sur une zone regroupant 257 000 entreprises. “Les coûts, qui s’élèvent à 29 millions d’euros, ont été réduits en utilisant les chemins de câble existants “, explique Catherine Dumas, directrice de la communication du Sipperec.LDcable a été chargé de trouver des opérateurs intéressés pour y raccorder leurs matériels actifs. Dernier cas, si personne ne se manifeste, il ne reste plus qu’à endosser les habits d’opérateur. C’est ce qu’ont fait les universités parisiennes avec le réseau RAP. “Colt Telecom et Completel n’étaient pas intéressés, car les points de présence universitaires ne sont pas susceptibles d’attirer d’autres utilisateurs “, expose Jean-Claude Girard, directeur du centre de calcul de Jussieu. Il a donc fallu créer un réseau, pour près de 5 millions d’euros, avec cinq points de présence, en louant de la fibre auprès de Telcité.Il faut dire que le contexte de crise freine les investissements. Completel s’emploie uniquement à densifier la couverture des villes déjà desservies. LDCOM obtient le même résultat, via ses rachats. Sa filiale Kaptech a bloqué son déploiement dans quatre nouvelles métropoles. WorldCom a renoncé à en irriguer sept autres. Et Cegetel se contentera d’acheter de la fibre à d’autres opérateurs. Côté positif : on notera qu’un quart des sites des grandes entreprises françaises sont déjà susceptibles d’être connectés en fibre optique dans des conditions financières acceptables.
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