En février 2010, l’arrivée de Google Street View a inquiété certains élus et gouvernants allemands. Dans d’autres pays européens aussi le service de photos de rue à 360° a créé des remous (voir encadré). Et ce mois-ci, toujours sur le Vieux Continent, les remontrances viennent du G29, le groupement des Commissions informatique et libertés européennes (dont fait partie la Cnil), présidé actuellement par le Français Alex Türk.
Selon l’AFP, le G29 a adressé le 11 février dernier une lettre à Google lui reprochant de conserver trop longtemps les originaux des photos floutées mises en ligne. En effet, pour des raisons de respect de la vie privée, et suivant en cela une demande de l’Union européenne, Google accepte de cacher les visages et les plaques d’immatriculation figurant sur ses clichés. Noms de rue et panneaux de signalisation peuvent aussi être concernés.
Mais les clichés d’origine, nets donc, sont stockés un an dans les bases de données du moteur de recherche, pour corriger d’éventuelles erreurs (le floutage est automatisé). Trop long, affirme le G29, qui préconise six mois. Il estime en effet que le taux d’erreur sur les images de Google Street View est « très bas » et ne justifie pas de garder si longtemps les images originales.
Avertir les populations
Ce n’est pas la seule remontrance adressée au moteur de recherche. Le G29 souhaiterait que Google avertisse les populations du passage de ses voitures dans leur cité, notamment par le biais de la presse « ou toutes sources d’informations adéquates ».
Toujours selon l’AFP, il demande à ce que Google fasse attention à ne pas « prendre de photos de nature sensible ou incluant des détails intimes qu’un passant ne voit pas normalement ». Si cette recommandation reste très générale, c’est une allusion directe à plusieurs cas de clichés d’hommes et de femmes en partie nus, visibles sur le service de Google. Comme cet habitant de Glasgow, torse nu et en short prenant le soleil sur son palier, ou ces trois cyclistes naturistes à Port Leucate en France. Un Finlandais a même porté plainte récemment pour avoir été pris en photo dans son jardin pantalon baissé, alors que, normalement, une clôture empêche que l’on voit ce qui se passe chez lui depuis la rue.
Le G29 enjoint également le moteur de recherche à répondre « systématiquement » aux personnes qui le contactent pour faire retirer une photo ou pour demander qu’un cliché ne soit pas pris du tout.
En France, la Cnil avait déjà demandé le floutage des visages et des plaques minéralogiques lorsque Google avait ouvert son service en 2008. En août dernier, le géant du Web suscitait de nouvelles inquiétudes en envoyant des tricycles équipés d’appareils photo dans les parcs et les rues piétonnes jusque-là inaccessibles aux Google Cars.
Contacté par 01net., l’UFC-Que Choisir confirme qu’il existe bien un « danger d’atteinte à la vie privée et au droit à l’image, en vertu de l’article 9 du code civil ». Ce droit implique que toute personne doive donner son autorisation avant de voir publiée une photo d’elle. Ou alors elle ne doit pas être identifiable, d’où le floutage. Mais ces principes sont aussi valables pour le cadre et l’intérieur du domicile.
En Allemagne, la ministre de la Protection des consommateurs, Ilse Aigner, s’est émue de l’arrivée de l’interface. Du coup, Google a mis en place un système grâce auquel toute personne refusant de voir sa maison en photo pourra faire effacer le cliché.
Coïncidence, c’est au moment ou le G29 monte au créneau que Google annonce avoir généralisé et fondu dans Google Street View les photos prises par les internautes et postées sur Flickr ou Picasa. De quoi certes multiplier les détails et les prises de vue. Mais aussi les problèmes de respect de la vie privée…
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