Cette fois, l’industrie du disque a les chiffres. Entre le premier semestre 2002 et le premier semestre 2003, les ventes des majors aux détaillants sont passées de 78 à 73 millions de disques et ont chuté de 9 % en
chiffre d’affaires. Et encore ce déclin est-il enrayé par le succès des ventes de vidéo musicales.D’après ce bilan semestriel, publié par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep), les singles ont chuté de 17,5 % en valeur (même proportion pour les ventes en volume), les albums de 10,3 % (soit
50 millions de CD en moins), mais la vidéo musicale a rapporté 10,7 millions d’euros en plus. Grâce à une progression de 60,8 % du chiffre d’affaires et de 77,5 % des ventes en volume (constituées à 94 % de DVD).Une ‘ spectaculaire ascension ‘, reconnaît le Syndicat. Preuve que le client est toujours prêt à payer, cher (voir les prix des DVD pour s’en convaincre), mais pour des produits plus
riches. ‘ Il faut admettre que, pour certains consommateurs, le disque compact est dépassé, note Hervé Rony, délégué général du Snep. Il a vieilli très vite, plus que le
vinyl. ‘
Une tendance forte qui semble difficile à enrayer
Mais la principale explication de ces résultats inquiétants est ailleurs : dans la gravure de CD, ‘ qui fait des ravages ‘, et le peer-to-peer. ‘ Nous avons peur
d’être entrés dans un processus fort de récession du marché ‘, insiste Hervé Rony. Un phénomène qui arrive en France avec un temps de décalage par rapport aux Etats-Unis et au Canada, puisque la pénétration du haut-débit est
plus récente chez nous.Autre crainte : l’appauvrissement du répertoire. Les premiers à pâtir d’une défaillance du marché du disque restent les nouveaux venus, qui n’ont pas encore fait leurs preuves, entendez sur le plan des performances commerciales.
‘ Les grandes stars internationales vont continuer à résister. Les majors ont là une rentabilité assurée ‘, note Hervé Rony.Dans ce contexte, le Snep salue des initiatives comme iTunes où le travail d’OD2 en Europe pour proposer des services de téléchargement de musique légale. Il reste que rien, en Europe, n’a encore rencontré le succès d’iTunes.
‘ C’est compliqué à mettre en place, plaide Hervé Rony. Cela pose des problèmes de garantie des droits des artistes, il y a des négociations à mener, la sécurité des fichiers musicaux à
assurer… ‘ Sans compter une certaine incertitude. Il faudra du temps pour réparer les dégâts financiers du peer-to-peer avec des services licites payants.Coïncidence, les chiffres du Snep tombent au moment où, aux Etats-Unis, Universal Music annonce une baisse de 25 à 30 % du prix de vente des CD de ses artistes, à partir du 1er octobre. Là aussi, Hervé Rony se
montre sceptique : ‘ Il existe un tel différentiel entre le CD à 10 euros et la musique téléchargée gratuitement qu’il ne faut pas surestimer l’impact de la baisse du prix du CD. ‘Bref, les internautes ayant maintenant l’habitude de la gratuité, allez donc les convaincre de revenir acheter des CD en magasin. Même pour moins cher qu’aujourd’hui, ce sera toujours plus cher que sur Internet. Sur ce point, au moins,
tout le monde semble daccord.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.