Dix mille personnes, une architecture en plein redéploiement sur près de deux cents sites, une équipe système interne de vingt personnes entièrement créée à l’occasion… Dans cette entreprise du secteur public, tout est prêt pour installer une somptueuse flotte de clients légers. Seulement, pas question de confier les rênes de ce réseau flambant neuf à des administrateurs système olé olé. L’heure n’est pas aux hackers géniaux, place aux tignasses bien peignées.La tendance sur les postes pointus et proches de l’OS, c’est en effet la sécurité. Dans tous les sens du terme. Le marché de l’emploi se professionnalise, comme on dit, et les directions informatiques prennent leur temps pour recruter. Elles n’acceptent plus d’engager des autodidactes au parcours en dents de scie : signe d’une instabilité chronique. Elles se méfient d’une autoformation qui dépasse le volume des connaissances acquises sur le terrain ou à l’école : signe d’ouverture, certes, mais aussi d’esprit libertaire. Et par dessus tout, elles considèrent qu’un vocabulaire essentiellement fondé sur des commandes Unix ne représente pas la meilleure garantie de bonne entente avec les équipes métier…” Dans le métier de l’administration système, il y a beaucoup de chiens fous, qui ont du mal à se positionner dans une entreprise “, remarquait un peu durement le responsable système d’une grande société utilisatrice.Sur le même thème, dans un cabinet de recrutement spécialisé, on essaie de comprendre : “Le chien fou met sa passion à son propre service. Il met en place un nouveau système juste pour voir comment ça marche. Puis il se lasse s’il ne trouve pas de nouveau défi.” Petite pique finale, sous forme de lapsus : “Il faut les mettre dans des structures adaptées.”Attaque basse ? Pas tout à fait. Car, au-delà d’une référence voilée à Sainte-Anne, le lieu idéal d’épanouissement intellectuel pour ces techniciens parfois géniaux mais difficiles à cadrer pourrait être le prestataire.Dans le paradis inespéré du service, l’administrateur, devenu expert système, donnerait libre cours à sa passion dévorante. Le monde de l’entreprise ne supporte les individualistes qu’à petite dose ! Miracle, l’infogérance, les audits sécurité, bref, les missions ponctuelles peuvent régler la question et satisfaire tout le monde. C’est peut-être la tranquillité retrouvée pour les chiens fous. Et sans doute l’occasion rêvée d’arrêter d’aboyer.Prochaine chronique lundi 3 décembre 2001* Philippe Billard est chef denquête à 01 Informatique
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