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Les cessions de Thales IS et d’Euriware sont-elles inéluctables ?

La question d’une vente de Thales IS et d’Euriware est en suspens depuis deux ans. Leurs actionnaires, Thales et Areva, donnent l’impression de vouloir se désengager. Mais quand ?

Il y a comme un parfum de fin d’époque au sein des SSII françaises, filiales d’industriels. Depuis l’amorce du nouveau millénaire, certaines maisons mères laissent à penser qu’elles pourraient se désengager de leurs actifs
informatiques. Ce fut le cas d’Alcatel, qui abandonna Answare à EDS fin 2001.Euriware (filiale d’Areva*) et Thales IS (Thales, ex-Thomson CSF) pourraient aujourd’hui subir le même sort. Le souhait n’a jamais été clairement exprimé par les actionnaires, mais les événements parlent d’eux-mêmes. C’est d’abord le
bruit d’une fusion entre Euriware, Thales IS et Answare qui a émergé fin 2000.Pour Thales IS, la rumeur de vente est devenue confirmation lorsque l’entreprise a failli être cédée, l’année dernière, à GFI. L’opération a échoué en raison de la dégradation des marchés financiers.

Volonté de jouer les premiers rôles

A l’origine, Thales IS et Euriware ont été créées pour des besoins informatiques internes. Euriware émerge en 1991 du regroupement des filiales informatiques de l’ex-Cogema. Thales IS (ex-Syseca), quant à lui, est issue du
rapprochement de Syseca, société de services, et d’autres entités informatiques internes.Dès le début des années quatre-vingt-dix, Thales IS a appliqué son expertise en informatique technique aux secteurs des transports et de l’énergie. Pour opérer ensuite, en 1995, un virage vers l’informatique de gestion. Dès 1996,
Euriware a commencé à s’affranchir de l’ex-Cogema en se diversifiant vers des secteurs industriels autres que le nucléaire. Désormais, Euriware revendique 60 % de revenus (215 M? de revenus en 2001) hors de son actionnaire principal.
Thales IS environ 80 %.Mais, au fur et à mesure de leur émancipation, les ambitions sont devenues plus grandes. Dès 1998, Euriware a affiché son désir de croissance à l’international. Depuis, la société a procédé à très peu d’acquisitions.
‘ La réduction du nombre de fournisseurs référencés dans les entreprises nous incite à atteindre le peloton des dix premières SSII européennes afin de ne pas être un sous-traitant ‘, explique Jean-Paul Lepeytre,
président de Thales IS. Ce qui revient à tripler au minimum les revenus de la société (environ 500 M? actuellement).A l’heure où elles voudraient jouer les premiers rôles, leurs actionnaires ne peuvent ou ne souhaitent pas mettre la main à la poche. Et ne semblent plus considérer leurs SSII comme des actifs stratégiques. La vente est-elle
inéluctableDu côté d’Euriware, pas de réponse. Chez Thales IS, on a choisi de prendre du recul suite à ‘ l’épisode GFI ‘. ‘ Tout est ouvert ‘, affirme Jean Paul Lepeytre. Comprendre : vente,
rapprochement ou rachat. Le sentiment syndical est tout autre. ‘ Nous sommes toujours à vendre. Rien ne nous indique qu’il y a une inflexion de la position de la direction ‘, estime Pascal Bosson, délégué
syndical CFDT. Dans tous les cas, la situation ne devrait pas évoluer avant une reprise des services informatiques sur le marché, la plupart des candidats potentiels étant endettés. Ces SSII constituent pourtant des proies de choix en raison de leur
présence dans le monde de l’infogérance. Un domaine stratégique qu’il convient désormais de maîtriser pour figurer parmi les ténors.(*) Areva réunit Cogema, Framatome ANP et FCI.

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Olivier Discazeaux