Consciente du risque, l’Autorité de régulation des télécommunications ( ART), qui doit choisir les bénéficiaires après une procédure de soumission comparative, se dit déterminée à faire respecter les critères de sélection. “Nous ne céderons pas à la baisse sur les critères, notamment en matière de couverture du territoire”, assure Roger Chinaud, membre du collège, dans un entretien à Reuters.” Si les dossiers ne respectent pas les critères, nous nous réservons la possibilité de demander au ministre de ne pas attribuer toutes les licences “, ajoute-t-il. Un spécialiste du secteur juge que l’ART a ” tort de s’inquiéter, car les critères sont tellement bas que les candidats ne devraient faire aucune difficulté pour les respecter “. Un autre dit ne pas croire à une réduction des licences car le gouvernement escompte une recette globale de 130 milliards de francs (19,8 milliards d’euros), dont la moitié versée sur les deux premières des quinze années de la licence.
Quatre candidats déclarés
En attendant, les candidats ne se bousculent pas, même si Roger Chinaud a souligné qu’ils avaient jusqu’au 31 janvier 2001 pour se faire connaître. Quatre groupes ont déjà annoncé leur intention de postuler : les trois opérateurs GSM France Télécom, Cegetel-Vivendi et Bouygues Telecom (groupe Bouygues) ainsi que Suez Lyonnaise des Eaux qui a formé un consortium avec Telefonica.La filiale mobile du néerlandais KPN, associée au japonais NTT DoCoMo, qui détient 15 % de son capital, a fait connaître son intérêt.
Des partenariats européens
Les analystes financiers doutent qu’il y ait de nombreux candidats car, à l’exception de France Télécom, tous les postulants actuels ont opté pour les partenariats européens. Vivendi compte ainsi parmi ses alliés BT, qui détient 26 % de Cegetel, et Vodafone, qui a 20 % de SFR, contrôlée à 80 % par Cegetel. Telecom Italia a 19,2 % de la holding de contrôle BDT, qui contrôle 55 % de Bouygues Telecom.” Comme la plupart des Européens sont déjà dans la place, ils ne peuvent pas faire acte de candidature “, a dit l’un deux. Les experts notent que les opérateurs sont devenus plus attentifs à leur situation financière après les enchères britanniques (40 milliards d’euros) et allemandes (50,5 milliards). ” Ils étudient le marché UMTS, les jugements des milieux bancaires, les réactions des analystes financiers et les observations des agences de notation “, a souligné l’un deux.
Suez Lyonnaise bien placé
Deutsche Telekom a justifié son retrait par la difficulté de rentabiliser l’investissement en France sans une base initiale de clients. En dehors de la licence (5 milliards d’euros), il faut compter 5 milliards pour créer un réseau. Du coup, les spécialistes du secteur estiment que Suez Lyonnaise, qui a entamé une grande campagne de séduction depuis quelques mois, est bien placé pour décrocher une licence. “Mais si Deutsche Telekom juge qu’il ne peut pas y aller, je ne vois pas comment Suez Lyonnaise pourrait surmonter les difficultés évoquées”, a expliqué un analyste d’une banque française.” Les arguments qui poussent Deutsche Telekom à ne pas postuler sont parfaitement applicables au groupe Suez Lyonnaise des Eaux. En outre, et contrairement à l’opérateur allemand, ce groupe n’a aucune connaissance du marché des télécoms “, souligne un autre analyste dans une note sur le secteur.Pour un analyste d’un grand courtier parisien, ” les vrais gagnants du retrait de Deutsche Telekom sont en fait Telecom Italia et sa holding de contrôle Olivetti. Soit Deutsche Telekom adopte une attitude agressive et lance une offre sur Olivetti. Soit il essaie de nouer une alliance entre sa filiale T-Mobil et Telecom Italia Mobile, ce qui serait plus habile politiquement et acceptable par l’Italie “. Grâce à un rapprochement avec TIM, Deutsche Telekom ferait d’une pierre deux coups en ayant enfin une présence dans les mobiles en Italie, quitte à en laisser la gestion aux Italiens, et entrerait dans le capital de Bouygues Telecom.
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