Ils sont quinze. Douze femmes, trois hommes, âgés de 35 à 64 ans. Tous anciens caissiers de la tour Eiffel. Vendredi dernier, 22 juin, la treizième chambre du tribunal de Paris les a condamnés pour abus de confiance, faux et
usage de faux.Ces anciens employés de la SNTE (Société nouvelle d’exploitation de la tour Eiffel) étaient accusés d’avoir détourné près d’un million d’euros entre 1996 et 2002 en revendant des billets non comptabilisés
par le système informatique du monument. Ils ont écopé de peines de prison avec sursis (de trois mois à un an) et d’amendes comprises entre 2 000 et 10 000 euros. La justice les a également condamnés à rembourser la SNTE à
hauteur de 700 000 euros.Ces caissiers indélicats n’ont pourtant rien de génies en informatique. Ils se contentaient d’exploiter les failles du système des caisses d’entrée de la tour Eiffel. Des bugs qui permettaient de commercialiser des tickets
sans que ces derniers soient comptabilisés, et d’empocher les montants des ventes.
Des pannes mystérieuses en série
Plusieurs combines avaient été repérées par les pirates en herbe : surcharger le logiciel qui comptabilisait les tickets, appuyer sur la touche Echap pour bloquer la vente sans annuler l’édition du billet, éteindre puis
rallumer l’imprimante pour éditer une entrée non comptabilisée, etc. Ce petit business aurait débuté en 1996.Mais, en 2001, la SNTE recevait un courrier anonyme. ‘ J’ai passé une saison au service de votre société et j’ai pu remarquer des man?”uvres frauduleuses ‘, expliquait-il. En 2002,
des contrôles informatiques révélaient alors un nombre très important de pannes mystérieuses dans les caisses, et ce plusieurs fois par jour. A l’époque, la tour Eiffel affichait plus de six millions d’entrées. La Mairie de Paris déposait plainte,
la Ville touchant une partie des recettes.
Un classique sur certains sites touristiques
A l’arrivée, les pirates s’en sortent plutôt bien. L’escroquerie remonte à 1996 mais le tribunal n’a pris en compte que les années 1999 à 2002, en raison des règles encadrant la prescription pour délit d’abus de
confiance, les faits les plus récents seulement pouvaient être retenus.Cette affaire n’est pas la première du genre. C’est même un classique sur certains sites touristiques et chez des commerçants malhonnêtes. En 2006, une
trentaine de salariés de la SNCF avaient trouvé le moyen d’éditer des billets non référencés en exploitant une faille du système de réservation.Les restaurateurs peu scrupuleux, eux, utilisent une autre méthode, baptisée BITP, black in the pocket (le liquide dans la poche). En 2000, plusieurs importants restaurateurs de Dunkerque et de Lourdes avaient
été arrêtés pour avoir eu recours à cette technique qui consistait à tirer parti d’un logiciel de caisse inventé par une société française. Ce programme permettait, via une manipulation de touche, de faire disparaître une partie de la recette
avec, en bonus, la modification des documents à présenter au fisc et à l’Urssaf.
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