On se souvient de la distinction faite hier entre les services vocaux et les applications de données. Sur la base des réglementations existantes, les exploitants historiques s’opposaient aux systèmes voix sur IP (VoIP) en raison de la perte d’un trafic rémunérateur. Aujourd’hui, les diverses réalisations en VoIP ont modifié les jugements d’hier. L’agrégation de flux vocaux sur un canal en protocole IP n’est rentable économiquement que si l’usage le justifie. En d’autres termes, si le flux de communication voix et données de l’entreprise est suffisant, celle-ci utilise mieux le lien qui est mis à sa disposition par l’exploitant. Son commutateur interne (le PBX) devient un IP-PBX, et le commutateur de rattachement au réseau est grandement simplifié ?” donc, moins cher.Chacun réalise des économies : l’industriel fournisseur, l’exploitant et l’entreprise cliente. Il est clair que, dans ce cas, il s’agit de flux de données transmis au réseau général, tout comme le ferait une liaison louée numérique. Or, on constate aujourd’hui qu’il est moins coûteux de conserver une liaison à 2 Mbit/s (ou moins) avec des canaux G.711 à 64 Kbit/s que de compresser des signaux vocaux avec des protocoles qui pénalisent la qualité globale. Ce qui explique que le marché du VoDSL ne parvienne pas à décoller. Mais il faut entrer davantage dans le détail. La qualité de la parole est évaluée au moyen d’un index, appelé MOS (Mean Opinion Score), qui traduit l’indice de satisfaction des écouteurs. Lorsque la proportion de trafic de données augmente au sein du flux composite voix et données, la qualité vocale diminue rapidement. Le MOS de VoIP devient “inacceptable” pour un flux de 40 % de parole et 60 % de données. Nous sommes loin des opinions émises dans le passé à propos des exploitants historiques, qui, disait-on, “traînaient les pieds” pour utiliser les mirifiques nouvelles technologies ! Cela veut-il dire que VoIP n’a pas d’avenir ? Non, bien entendu ! Car VoIP peut faire une frange d’applications ciblées. Si des exploitants se lancent dans l’édification de réseaux bon marché spécialisés dans la VoIP, il faudra en limiter l’usage et assurer des interfaces convenables avec les autres réseaux. Quant à tenter de placer de la téléphonie sur IP sur internet, mieux vaut en mesurer les conséquences avant de lancer le projet. Et si la qualité est aléatoire, les associations d’utilisateurs de services de télécoms ne manqueront pas de réclamer des dégrèvements financiers pour des pointes de trafic placées inopinément à des heures qui auraient dû être “non chargées “.Les quelques fournisseurs d’applications de données VoIP qui se sont lancés courageusement dans cette activité ?” ITXC, etc. ?” n’ont pas à être blâmés, car leurs résultats sont acceptables. A cet effet, ils surveillent attentivement la qualité et la charge de leur réseau. Ils ne mélangent pas les trafics voix et données sur les liaisons d’accès. Et, surtout, ils ont des fournisseurs d’accès qui leur assurent une très bonne qualité découlement de trafic sur les liens internet. Dans un environnement idéal, et pendant tout le temps où celui-ci peut le demeurer, les applications VoIP peuvent être mises en ?”uvre. Nous souhaitons vivement que les mois à venir confirment que ce miracle peut se maintenir longtemps de façon très économique.
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