“Heureusement, à la maison, c’est vous le chef…” Depuis quelques semaines déjà, cette signature accompagne les spots publicitaires de Legrand. Le spécialiste des équipements électriques ne pouvait rester discret sur le marché de la domotique. Il souhaite donc imposer sur le marché son serveur internet domestique. Omizzy ?” c’est son nom ?” agit à distance sur l’installation électrique du domicile pour contrôler éclairage, volets roulants, intrusion, chauffage… Grâce à lui, tous des appareils électriques de la maison communiquent, et le propriétaire peut la surveiller et la gérer à distance, sans nécessairement passer par un PC.
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Si la télégestion n’est pas une pratique nouvelle, elle nécessitait jusqu’ici la préinstallation de logiciels sur des micro-ordinateurs à partir desquels le contrôle est opéré. Mais, aujourd’hui, les produits de gestion ont été directement créés pour le web. Les logiciels nécessaires sont ainsi embarqués sur Omizzy dont les interfaces sont présentées en HTML, donc pilotables à l’aide d’un simple navigateur internet, voire d’un téléphone mobile compatible WAP. Il devient ainsi possible de prendre la main sur l’installation de son domicile à partir d’un cybercafé ou en voiture.La démocratisation du protocole internet a permis une avancée rapide dans le domaine. “L’enjeu, en effet, est de faire communiquer entre eux des objets très différents et notamment de connecter des appareils électriques, physiques, au virtuel, c’est-à-dire à internet, dont le HTML est l’espéranto”, insiste Philippe Michel, cofondateur de Digital Home Concept. Cette société bordelaise vient de mettre sur le marché un automate audiovisuel, Webdyncast, qui permet de contrôler les équipements audiovisuels et électriques par internet via un browser web standard. Et les technologies susceptibles de faire décoller le business ?” communications sans fil, ADSL, etc. ?” arrivent doucement. De plus, “avec la baisse des coûts des composants, mettre sur le marché des produits intelligents ne revient pas plus cher”, affirme Lionel Lefert, directeur marketing chez Siemens.Le géant industriel allemand intervient davantage, lui, sur l’immotique via Siemens Building Technology. Car le marché du contrôle à distance des appareillages électriques se scinde en deux : d’un côté, le résidentiel, “plutôt confort, haut de gamme” ; de l’autre, le tertiaire, qui inclut notamment l’immobilier d’entreprise. Et c’est sur ce dernier segment que les développements sont les plus avancés : parce que “la régulation est déjà assez stricte pour les normes de sécurité, par exemple, et l’économie d’énergie est un enjeu vital”, justifie Lionel Lefert.La technologie étant prête, pourquoi le marché grand public tarde-t-il à décoller ? “La domotique traîne trop de casseroles”, analyse Philippe Michel. Trop de promesses, encore une fois, non tenues. D’où l’initiative télévisée de Legrand : “Le rôle de notre spot publicitaire est avant tout de créer un choc chez le particulier, de déclencher son intérêt pour ce genre de produits”, explique ainsi Pierre Aiglon, le responsable de la communication externe du groupe. Mais si nombre de constructeurs annoncent des produits “communicants”, peu sont réellement installés et des problèmes de compatibilité vont se poser assez vite. Si, pour le tertiaire, les acteurs ont réussi à s’entendre sur des standards, pour le grand public, c’est l’anarchie.
Les freins protocolaires
“La priorité, pour l’instant, est de mettre au point des produits peu coûteux et aussi peu complexes que possible. Cette priorité peut être au détriment de l’interopérabilité”, concède Bernard Bastide, responsable marketing produits chez Legrand. Les tentatives de création d’un protocole commun restent timides. “Nous n’en sommes pas là pour ce marché embryonnaire, assure Sudip Nandy, le vice-président Europe de Wipro Technologies. Il faut avant tout réfléchir aux fonctionnalités que l’on veut mettre en avant, à la valeur d’usage de la technologie.” Le groupe indien, qui compte bien être présent quand le marché décollera ?”“vers 2005”?”, vient de commercialiser une suite de solutions logicielles prête à l’emploi, Home Gateway, pour les fabricants de périphériques et de semi-conducteurs. Ce que veut le public ? “Faire communiquer l’ensemble des produits électriques de son domicile, surveiller ce qui s’y passe en son absence et gérer à distance certains paramètres”, détaille Bernard Bastide. Des demandes qui pourraient bien faire glisser le modèle d’affaires vers les services, estime Philippe Michel, qui rêve d’un portail rassemblant ces fonctions prisées. Seule tentative en France : Macaza.com, coentreprise entre Legrand et France Telecom.
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