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Les banques investissent les places de marché pour protéger leurs activités

Les Banques Populaires empruntent la même voie que le Crédit Lyonnais, la Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole. Elles prennent le contrôle d’une place de marché publique.

Désintermédiation : fait pour une banque de n’être plus un intermédiaire technique entre les épargnants, dont l’emploi direct des placements lui échappe, et les emprunteurs. Le mot n’est pas nouveau, mais les places de marché l’ont remis au goût du jour en menaçant de marginaliser le rôle des banques dans les échanges entre entreprises clientes et fournisseurs sur internet. Mais, plutôt que de combattre ces nouvelles plates-formes d’échange, les banques en ont pris le contrôle. Elles ont investi quelques millions d’euros, voire quelques dizaines de millions, dans des places de marché publiques. Celles-ci ont vocation à organiser les achats de biens hors production des entreprises : équipement informatique, consommables bureautiques, services d’entretien, voyages, etc.

Investir aujourd’hui pour être prêtes demain

En octobre 2000, BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Lyonnais s’alliaient pour lancer Answork. Six mois plus tard, le Crédit Lyonnais les imitait avec Séliance. A la rentrée de cette année, c’est au tour du Groupe Banques Populaires d’investir dans Avisium. Si bien que, aujourd’hui, trois des principales places de marché publiques en France sont entre les mains d’instituts financiers.Ces investissements visent avant tout à protéger une activité future, le rôle de ces places de marché restant marginal aujourd’hui. A la fin de l’année, elles auront géré, au mieux, quelques dizaines de milliers de transactions. Une goutte d’eau en comparaison du volume d’achat des entreprises. Toutefois, la guerre de positions a déjà commencé, et les survivants se compteront probablement sur les doigts d’une main. Le secteur bancaire n’est pas le seul intéressé. France Télécom, par exemple, s’est loupé avec Réseau Achats. Mais il possède des parts à la fois dans Answork et dans Séliance.

Peu de véritables services financiers associés

Financièrement, les banques n’attendent pas de retour avant, au mieux, deux ou trois ans. D’ici là, elles tablent sur d’autres bénéfices, qui sont eux plus indirects. “Séliance renvoie une image de dynamisme qui profite au Crédit Lyonnais”, se félicite Dominique de Milleville, adjoint à la stratégie e-business de la banque. Celle-ci espère ainsi gagner de nouveaux clients. Et pour fidéliser les entreprises habituées à se rendre à ses guichets, elle leur propose de nouveaux services supplémentaires en ligne. Les objectifs sont clairs, mais leur traduction sur internet prend malheureusement du temps. Pour l’heure, on ne compte que très peu de services financiers associés aux places de marché. La facturation fait d’ailleurs partie de ceux à être déjà opérationnels. Des services d’audit financier, destinés à garantir la solvabilité des clients, suivront. En revanche, les programmes de financement n’en sont encore qu’au stade du développement. Au moment où ils seront vendus en ligne, les banques profiteront alors directement de l’activité de leurs places de marché.

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Olivier Roberget