C’est peut-être le début de la fin de YouTube-DL, un « stream ripper » qui permet de télécharger des vidéos sur YouTube et depuis de centaines d’autres sites de streaming. Créé en 2008, ce logiciel est devenu assez populaire avec le temps, en dépit de son interface en ligne de commande. Mais les ayants droit de la puissante Recording Industry Association of America (RIAA) viennent d’enfoncer un premier clou dans le cercueil de YouTube-DL, en contraignant GitHub à fermer le dépôt logiciel utilisé par les développeurs.
Certes, leur logiciel n’enfreint pas directement le code de la propriété intellectuelle, mais les ayants droit estiment que c’est un outil qui a été créé dans cette optique. Dans leur argumentaire, ils expliquent :
Le but clair de ce code source est de (i) contourner les mesures de protection technologiques utilisées par les services de streaming autorisés tels que YouTube, et (ii) reproduire et distribuer des vidéos musicales et des enregistrements sonores appartenant à nos sociétés membres sans autorisation pour une telle utilisation.
La protection technologique dont il est question ici est l’identifiant de la vidéo qui apparaît à la fin de l’URL sur YouTube. Cet identifiant est analysé par un algorithme cryptographique intégré dans le lecteur vidéo et transformé en signature. Si celle-ci est conforme, le lecteur peut accéder au contenu audio/vidéo. Ce procédé permet de cacher l’emplacement réel des fichiers, mais il est assez simple à contourner. Il suffit d’analyser le binaire du lecteur vidéo pour extraire l’algorithme et la clé utilisée.
Un projet difficile à défendre
En 2017, le tribunal régional de Hambourg a estimé que ce système d’identifiant constituait bien une mesure de protection. Une décision que la RIAA reprend désormais à son compte pour justifier son action, tout en rappelant que seule la reproduction sous forme de streaming est autorisée sur YouTube par les ayants droit, pas le téléchargement de fichiers.
De plus, les développeurs de YouTube-DL n’ont pas été très précautionneux dans la présentation de leur logiciel. Dans le code source, on trouve plusieurs exemples d’utilisation qui s’appuient sur des œuvres protégées d’Icona Pop, Justin Timberlake et Taylor Swift. Difficile, dans ce cas, de mettre en avant un usage légal du logiciel. D’ailleurs, les auteurs de YouTube-DL n’ont fait aucun commentaire à ce jour.
Pour les utilisateurs, cela ne change rien dans l’immédiat. Le logiciel peut toujours être téléchargé sur le site yt-dl.org. Mais la RIAA ne va certainement pas s’arrêter là. Elle continuera à traquer la bête à coup d’injonctions pour la faire disparaître du web. Le risque est donc que les développeurs ne puissent, à terme, poursuivre leur travail que dans les zones reculées de la Toile, comme le dark web. L’usage grand public appartiendra alors au passé et le logiciel deviendra un outil de geeks et de hackers.
Sources: injonction RIAA, tribunal de Hambourg (en allemand)
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