Le marché de la location d’applications distantes devrait dépasser les 8 milliards de francs (1,22 milliard d’euros) en 2003, estimait le cabinet Pierre Audoin Conseil fin 1999. Autant dire que les FAH (fournisseurs d’applications hébergées) ont déjà quelques longueurs de retard, si l’on en juge par le manque d’offres disponibles en France et le faible nombre d’entreprises clientes. La cible tant annoncée des FAH, les PME et les TPE, ne semble pas non plus correspondre au modèle de la location d’applications distantes par Internet : celles qui ne possèdent pas d’accès permanent au réseau public doivent prévoir des coûts de communication importants, si elles utilisent leur application distante de manière intensive. Ainsi, pour l’agence Europcar à Bourgoin-Jallieu qui se connecte à son application quatre heures par jour (lire encadré), le coût des communications à Internet dépasse celui de location de son logiciel. Bien que son directeur ne soit pas convaincu d’y gagner financièrement à moyen terme, le mode FAH lui offre cependant des avantages : le siège d’Europcar peut, par exemple, envoyer directement les mises à jour de ses fichiers sur le serveur (hébergé chez l’éditeur Car Systems), et l’agence de Bourgoin-Jallieu les obtient désormais en temps réel.
Un système plus cher à moyen terme
Dans le cadre d’utilisations ponctuelles ou si elles possèdent un accès permanent à Internet, les PME peuvent tirer pleinement parti du mode FAH. Mis à part l’allègement des postes de travail (un client léger suffit pour utiliser l’application distante), ses atouts sont en fait les mêmes que ceux de l’infogérance. C’est précisément ce qui a motivé le choix de l’association Réseau Idéal pour ce système (lire encadré). “Nous n’avions ni l’envie, ni les compétences en interne pour développer et maintenir l’extranet documentaire de notre réseau d’adhérents”, explique son responsable national. Le FAH prend effectivement en charge toute la maintenance et l’administration des applications hébergées, ainsi que leurs mises à jour. Ces services expliquent le coût de la location distante, qui se révèle plus chère au bout de trois ou quatre ans, mais évite bien des soucis d’intendance : Réseau Idéal accepte de débourser 35 000 F (5 335 ?) par mois, maintenance comprise, pour tout déléguer à son FAH, Matra Grolier Network. Les prestations ” service compris ” profitent donc particulièrement aux PME de bonne taille ou aux grands comptes, qui simplifient du même coup la gestion de leur parc informatique (mises à jour automatiques, pas de licences à acheter ou à supprimer à chaque mouvement de personnel, etc. ).
Le système a beau être attractif, quelques éléments doivent tout de même être vérifiés. Il faut tout d’abord s’assurer que la bande passante pourra supporter une telle utilisation : le marché des FAH devrait d’ailleurs nettement profiter de l’avènement de l’Internet à haut débit (câble, ADSL, future boucle locale radio). Le système de sécurité proposé par le fournisseur doit aussi être pris en compte. La plupart des FAH s’orientent vers des réseaux privés virtuels ou des intranets étendus comme Global Intranet de France Télécom. La plate-forme matérielle et logicielle du prestataire peut aussi influencer le choix de l’entreprise. Tandis que les applications verticales forment pour l’instant le gros des offres FAH en France, il vaut mieux attendre que le marché mûrisse avant de se lancer dans une location distante de PGI – application stratégique pour l’entreprise – ou de suites bureautiques, qui touchent au travail quotidien des utilisateurs.
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