Rennes, Nantes, Brest, Angoulême, bientôt Dunkerque, Lyon et encore Nantes. Les « apéros géants » organisés par l’intermédiaire de Facebook se multiplient dans les villes, souvent avec la volonté de concurrencer les manifestations déjà organisées en termes de nombre de participants. Mais les autorités commencent à voir tout cela d’un mauvais œil. Un « apéro Facebook » prévu à Lille ce samedi 24 avril vient d’être annulé, à la suite d’une convocation par la préfecture du Nord de l’organisateur de l’événement.
Le cabinet du préfet a rappelé à ce dernier que « toute manifestation sur la voie publique doit être déclarée en préfecture et que l’autorisation d’occupation du domaine public communal doit être demandée à la mairie », comme le souligne un communiqué de la préfecture du Nord. Faute de quoi, la personne s’expose à des sanctions : six mois de prison et 7 500 euros d’amende, en vertu de l’article 431-9 du code pénal.
En cas de débordements, l’organisateur a aussi des responsabilités, tant en termes sanitaires (ébriété, comas éthyliques, consommation d’alcool par des mineurs) que de sécurité (violences, dégradations). Or, la préfecture du Nord a expliqué par courrier à l’organisateur lillois qu’il n’avait pas pu « apporter les garanties nécessaires à la bonne organisation de cet événement » et lui a confirmé que « la tenue de la manifestation festive envisagée n'[était] pas possible ». Tout a donc été annulé (1).
Des réunions qui ont un coût
Cet événement n’est pas le premier du genre et il rappelle que, Facebook ou pas, il existe des règles. Le rassemblement de Saint-Brieuc, programmé ce 22 avril, a été interdit par arrêté municipal et l’accès aux lieu des festivités, le Parc des promenades, est prohibé entre jeudi 17 heures et vendredi 7 heures du matin. Même scénario à Saint Lô, le 17 avril, avec l’accès de la Plage Verte interdit et les lieux sous surveillance policière !
Ce n’est pas tout. A Lannion, le 3 avril dernier, une autre invitation lancée sur le réseau social s’était soldée par la convocation des organisateurs au poste. Et un deuxième rendez-vous Facebook, prévu samedi, a été annulé. A Nantes, en novembre dernier, l’apéro qui avait attiré 2 000 personnes avait lui aussi été annulé, mais les internautes avaient enfreint l’interdiction.
Si les autorités locales craignent tant les débordements, c’est parce que la puissance du média Internet et des réseaux sociaux permet de contacter très vite beaucoup de monde (d’autant qu’une page spéciale « Apéro géant » existe, avec plus de 4 000 inscrits). Et parce que certains événéments ont déjà dégénéré.
Ce fut le cas à Tours, en mars 2009. A Nantes, l’« apéro » s’était soldé par une cinquantaine de comas éthyliques. A Angoulême, la préfecture avait mobilisé quatre sections de CRS et une quarantaine de policiers pour veiller au grain et songeait à engager des poursuites contre les organisateurs. Ces derniers n’avaient pas obtenu l’autorisation de provoquer ce rassemblement.
Et puis des milliers de personnes qui mangent et boivent dans un même endroit, cela implique du nettoyage, la mobilisation des services municipaux et des secours en cas de problème. Le recours aux forces de police et les contrôles d’alcoolémie ont aussi un coût. Bref, un apéro Facebook, cela coûte cher. Et comme tout le monde, les mairies n’aiment pas payer…
(1) Article mis à jour le 22 avril 2010 en fin de journée.
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