Il est 14h00 en ce samedi 25 avril. Les manifestants qui ont répondu à l’appel de la toute jeune association « Tous ensemble contre Hadopi » ont envahi la place Edouard Herriot à côté de l’Assemblée nationale. Ils sont quelques centaines à s’être mobilisés contre le projet de loi Création et Internet, à quelques jours de son examen par les députés en deuxième lecture (le 29 avril). C’est beaucoup moins que ce que pouvaient espérer les organisateurs : 1590 internautes avaient annoncé leur intention de participer sur le site de « Tous ensemble contre Hadopi ». « On veut éclairer l’opinion publique et pour cela, il faut sortir dans la rue, explique Laurent Marchelli, le secrétaire de l’association qui avait appelé à défiler dans plusieurs villes de France. A Lyon, on n’a pas eu le droit de manifester. Mais c’est reporté au 28 avril. Une autre action serait d’appeler à faire sa déclaration d’impôts sur papier pour montrer à Christine Albanel l’impact de sa loi. »
Dans la foule d’hommes majoritairement trentenaires, Danièle détonne. La cinquantaine, elle affirme qu’elle ne pirate pas. « Mais il faudrait que je mette un logiciel sur mon ordinateur pour prouver que je n’ai rien piraté ? Cette loi est totalement inadmissible parce qu’elle restreindrait les libertés », déclare-t-elle, visiblement ulcérée.
C’est aussi la position de Cold Fear, un internaute qui est venu de Haute-Savoie avec une pancarte fabriquée maison pour dénoncer la loi. « On pourrait pirater sans se faire avoir. Mais on pourrait aussi se faire avoir sans pirater, explique-t-il. On pourra donner des adresses IP aléatoires pour se protéger, mais elles pourraient correspondre à des innocents qui seraient accusés. »
Jeu de massacre avec des CD gravés
« La presse généraliste n’informe pas les gens sur les dangers de la loi comme le fait que la présomption d’innocence est inversée. Cette loi est une porte ouverte aux dérives », continue Cold Fear. Il se décrit comme timide, mais l’indignation le rend éloquent. « Nous voulons montrer que nous ne sommes pas des ados derrière notre ordinateur. Nous sommes aussi des électeurs. » D’après lui, on a tenté de faire capoter les manifestations en dénigrant ses organisateurs sur les forums.
Dans un coin de la place entourée de gendarmes, le « Front de Libération de la Musique », un collectif qui a appelé à manifester, a installé un jeu de massacre utilisant des CD gravés comme missiles. Les yeux bandés, le député maire du 11ème arrondissement Patrick Bloche tente sa chance pour un Hadopi d’or. Des banderoles signalent Acrimed, les jeunes socialistes et les jeunes verts.
Deux autres députés, Nicolas Dupont-Aignan (non-inscrit) et Jean-Pierre Brard (apparenté PCF) étaient sur place pour soutenir les manifestants. Un orateur s’est emparé d’un porte-voix et monte sur un banc. « Nous sommes pour les droits d’auteurs, nous sommes pour les artistes, nous sommes pour la démocratie », scande-t-il. Quand il prononce le nom de la ministre de la culture, Christine albanel, la foule se met à huer.
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