Le vent a tourné pour les agences web de la première génération. Hier encensées par le marché, sollicitées par les jeunes pousses, cajolées par les investisseurs et les analystes, surveillées de près par leurs aînés ?” SSII et cabinets de conseil ?” ces prestataires ne sont plus que l’om- bre d’eux-mêmes. Outre-Atlantique, March First est en train de sombrer, avec une perte abyssale de 83 millions d’euros (545 millions de francs). Cette entité, née de la fusion entre US Web-CKS et Whitman-Hart, en début d’année 2000, a fait les frais de l’éclatement de la bulle internet. Résultat, le groupe cherche, aujourd’hui, à éviter la faillite en cédant des actifs.Projet de fusion risqué, disparités culturelles, dégringolade du titre en Bourse, méfiance soudaine des clients, hémorragie de matière grise ?” effondrement de la valeur des stock-options oblige. Les problèmes se sont rapidement accumulés pour ce pure player, qui emploie plus de 7 000 salariés. Il y a un an, le titre s’échangeait autour de 35 dollars (39,5 euros), il valait à peine plus de 15 cents la semaine dernière.
Suspension de cotation
Le Nasdaq a, d’ailleurs, interrompu, jeudi 28 mars, toute cotation sur l’action, tant que la société ne lui apporterait pas les informations requises par les autorités boursières. Les analystes financiers les plus pessimistes envisagent même une radiation du marché électronique. Olivier Nguyen Van Tan, consultant senior chez Pierre Audoin Conseil, voit dans la boulimie de croissance externe de cette agence web l’une des principales raisons de son échec : ” Faire cinquante rachats en un an devient excessivement dur quand la croissance du marché n’est plus là “, estime-t-il. Pour cet analyste, toutes les sociétés du secteur sont touchées, de Razorfish à Scient en passant par Viant.En Europe, le constat est sensiblement le même pour des acteurs comme Fi Systems, Integra (voir ci-dessous), Pixelpark, Framfab ou Icon Medialab. ” Ce dernier marché profite toutefois du décalage avec les États-Unis. L’impact de l’éclatement de la bulle internet y sera limité, grâce à une meilleure flexibilité “, poursuit Olivier Nguyen Van Tan. Mais les jeunes pousses s’étant faites plus rares, ceux qui, parmi ces pure players, ne disposent que d’une faible présence à l’international, risquent d’être ignorés par les entreprises de taille plus importante. D’autant que les grandes SSII (Cap Gemini Ernst & Young, Atos, IBM Global Services, GFI, etc.) intègrent désormais la problématique internet. Pour SG Cowen, la cellule d’analyse financière de la Société Générale, la consolidation de ce secteur semble donc inéluctable. Plusieurs sociétés cotées pourraient, selon elle, faire l’objet de rachat dans les douze prochains mois, dont Fi Systems, Himalaya, SQLI, Icon Medialab ou Framfab.
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