On les dit nés avec une souris à la main, accros aux écrans, mais les digital natives sont aussi censés être des assoiffés de l’information. Pour comprendre comment les 13-16 ans consomment l’actualité, nous sommes allés à la rencontre de six adolescents de la région parisienne. Un coup de projecteur sans prétention d’exhaustivité, histoire de vérifier si les clichés tiennent la route.
“ C’est avec mon argent de poche que j’ai acheté mon PC, au moment des soldes, l’année dernière. J’avais besoin de pouvoir surfer sur Internet quand je le voulais, et ne plus avoir à utiliser le netbook de ma mère ”, annonce Claudia, 15 ans, élève de seconde. Romain, 16 ans, également en classe de seconde, a lui aussi puisé dans ses économies pour s’offrir sa machine. Celle-ci lui sert à chercher de l’info, regarder des vidéos et la télé en replay, écouter de la musique… et surtout à dégommer les vilains. “ À travailler aussi un peu ”, s’empresse-t-il d’ajouter. Dans l’ensemble, ces ados s’estiment bien équipés. Malgré ses consoles, Milan, 13 ans en cinquième, reconnaît aussi passer la majorité de son temps devant son ordi. Alicia et Léa, 14 ans – l’une en troisième, l’autre en quatrième – ont chacune une tablette en plus d’un ordinateur. “ Depuis que j’ai reçu mon iPad, je ne touche plus beaucoup à mon netbook ”, confie Léa. Question smartphone, quatre d’entre eux possèdent un BlackBerry, “ pour sa messagerie gratuite, BBM, pas tellement pour surfer ”. Seul Joachim, élève en cinquième et mordu de taekwondo, doit partager le PC familial. “ Manque de bol, celui-ci vient de rendre l’âme et j’ai cassé l’écran de mon iPhone hier. ” Un mini-drame à l’échelle de ses 13 ans.
Plus la radio que la presse généraliste
Si la fameuse “ génération Y ” est la plus exposée aux médias (les 13-24 ans ont 41 contacts quotidiens avec les médias, aussi bien traditionnels que numériques – source Médiamétrie, mars 2011), cette tendance est moins apparente auprès des ados que nous avons interrogés. Pour l’actu générale, l’information passe par la télé. “ Comme les parents suivent le JT à table, j’y suis contraint aussi ” est un refrain que l’on entend à plusieurs reprises. En revanche, la radio, Skyrock et NRJ surtout, c’est de leur propre gré qu’ils l’allument. “ Impossible de partir à l’école sans avoir entendu les gros titres et mon horoscope ”, confesse Léa. La presse papier généraliste n’a pas la cote… du tout. Toutefois les trois filles achètent régulièrement des magazines people ou féminin : Be, Elle, Closer… Des titres qu’elles parcourent également sous forme d’appli. Quant aux garçons, ils admettent rarement succomber aux journaux. Milan, abonné pendant des années au Petit Quotidien, revue destinée aux 6 ans et plus, résume la situation ainsi “ depuis que j’ai mon PC, je préfère chercher l’info moi-même, en allant directement sur les sites de jeux. ” Romain, un assidu des news high-tech, surenchérit : “ en ligne, je peux commenter les articles, obtenir des réponses… ”
Pas si accros aux réseaux sociaux
Sans surprise, tous possèdent un compte Facebook “ mais pas de Twitter, ni de blog d’ailleurs, un seul réseau suffit ”, rétorquent-ils. S’ils s’en servent pour consulter les statuts et les photos des copains et distribuer des Like sans compter, ils partagent leurs infos avec parcimonie. Seule Alicia poste régulièrement des liens “ pour vérifier leur authenticité auprès de ses amis, explique-t-elle. La dernière fois, je voulais être certaine qu’une star de téléréalité était enceinte, qu’il ne s’agissait pas d’un ragot. ” Et Claudia d’ajouter “ il faut toujours vérifier les infos, les médias ont souvent tendance à exagérer ”.
Informatique à l’école : copie à revoir
Pour nos six jeunes, l’enseignement de l’informatique à l’école “ n’est pas très utile ”. Une réflexion d’ado ? Pas vraiment. Un parent raconte qu’il y a deux ans, son fils, alors en cinquième, s’était retrouvé à “ apprendre à insérer une disquette… ”. Et de constater, au-delà de l’anecdote, que “ l’informatique évolue parfois plus vite que les cours. ”
Et ce n’est pas le seul problème. “ À l’école, on apprend la bureautique avec Word, mais, à la maison, j’ai Open Office. Lorsque j’imprime un document au lycée, je perds ma mise en page et même si j’ai mon brevet informatique, je n’ai toujours pas appris comment faire ”, regrette Claudia. Résultat, alors que la majorité des professeurs acceptent des devoirs tapés sur l’ordinateur, la plupart des élèves rendent encore des copies rédigées à la main. Le B2i, censé réduire la fracture numérique et valider les connaissances informatique/Internet, ne prouve pas grand-chose. “ Les exercices consistent à montrer qu’on sait, mais il est possible de passer l’épreuve de chez soi. Certains ne s’en privent pas pour tricher. ”
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