Personne ne se réjouira de la mise en liquidation amiable d’Answork, la place de marché électronique française, décidée par ses actionnaires le 22 mars dernier. Ni ses 20 salariés actuels, ni ses 250 clients
(12 grands comptes, 130 fournisseurs et 108 PME), ni ses concurrents devenus rares, ni ses fournisseurs informatiques, ni ses actionnaires.Ces derniers, trois grandes banques (Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale), une SSII Major (CGEY) et un opérateur historique (France Télécom), ont jeté l’éponge, faute de rentabilité. En 2003, selon le quotidien
Les Echos, le chiffre d’affaires d’Answork devait atteindre 5 millions d’euros, en stagnation par rapport à 2002, mais toutefois proche de l’équilibre brut d’exploitation (EBE). Cela n’a pas suffi.Et pourtant, lors de la création de cette place de marché, en mai 2000, tous croyaient à ce nouveau modèle économique. Pour les banques, il allait catalyser le développement de tous les échanges interentreprises (B-to-B) et présentait,
pour elles, un risque éventuel de perte du contrôle de l’intermédiation financière. Il fallait donc en être.
La taille critique, condition de la viabilité du modèle
Quatre ans après, les mêmes constatent, l’explosion passée, que ce risque n’était pas une menace. ‘ Durant cette période nous avons beaucoup appris sur le modèle ‘, enseigne
Martial Gérardin, directeur général d’Answork. Ainsi, une place de marché d’e-approvisionnement a deux activités ; l’une est d’assurer le fonctionnement optimal du système d’information des acheteurs, l’autre est de pratiquer
l’intermédiation entre acheteurs et vendeurs.‘ La difficulté d’existence des places de marché électronique, est, d’un côté d’être concurrencée par les grands cabinets de consultants pour la partie système d’information des acheteurs, alors que l’autre métier
d’intermédiateur est une activité de masse qui n’est que peu valorisée. ‘Aux yeux du directeur général, la fin d’Answork n’est pas une remise en cause du modèle. ‘ Mais c’est la preuve qu’il faut atteindre une certaine taille critique pour réussir. Le mouvement de concentration et
d’abandon va se poursuivre ; à terme, il n’y aura que deux ou trois acteurs européens. ‘C’est, par exemple, en fusionnant avec son homologue allemand CC-Chemplorer que Hubwoo/Avisium, l’autre place de marché électronique française, cherche à obtenir cette taille critique.Les actionnaires d’Answork, on le comprendra en considérant leurs activités principales, souhaitent faire une sortie honorable, qui ne posera pas de problèmes majeurs aux clients. D’ici trois à six mois, ils mèneront des négociations
afin de trouver une continuation d’activité avec un concurrent français ou européen, voire en faisant ‘ opérer ‘ l’outil en application hébergée (ASP) par d’autres acteurs.Très clairement, Answork ne cherchera pas à revendre les sources de son application informatique. ‘ Côté emploi, tout sera fait pour recaser au mieux les 20 salariés actuels ‘,
complète Martial Gérardin. Quant à lui, il restera ‘ le temps qu’il faudra pour que les clients disposent d une bonne solution de continuité. ‘
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