1 – Le complexe Apple
C’est devenu une évidence avec Windows 8 : Microsoft souffre d’un vrai complexe Apple. En 10 ans, la marque à la pomme est devenue le symbole de l’innovation et la plus grosse capitalisation boursière au monde, au point de rendre quelque peu ridicules les mirobolants 6,93 milliards de dollars de bénéfice de Microsoft sur l’exercice 2012 (clôturé en juillet).
Aujourd’hui, Microsoft est une marque professionnelle. Hormis la XBox, la marque a totalement perdu pied sur le marché de l’électronique grand public, ratant à la fois le virage smartphone et le virage tablettes alors que l’entreprise avait elle-même initié ses mouvances (Windows Mobile, TabletPC). De quoi enrager et céder à la tentation de suivre le modèle gagnant…
Avec Windows 8, son Store maison comme seul support d’apps, son XBox Live Music intégré, et avec Windows RT, sa Surface signée Microsoft et son bureau fermé, l’éditeur marche clairement sur les pas d’Apple. Pourtant Windows n’est pas Mac OS. Ce qui fait sa force, c’est son écosystème et son ouverture à toutes les innovations. Une force que le système pourrait perdre à terme si Microsoft continue de fermer autant son nouvel univers.
2 – Un saut trop important
Avec Windows 8, Microsoft n’a pas cherché à refaire son retard, mais à prendre de l’avance. Au lieu de faire de Windows 8 une étape transitoire par laquelle les utilisateurs auraient progressivement pu perdre les réflexes Bureau et apprivoiser l’univers tactile, Microsoft a choisi l’option qui consistait à immédiatement plonger l’utilisateur dans un nouvel univers quitte à ce que celui-ci y perde tous ses repères. C’est osé ! Microsoft semble ici ignorer que le grand public met toujours plus de temps qu’on ne l’espère à s’apprivoiser les technologies disruptives.
3 – Le syndrome Vista
Lorsque Windows Vista est sorti sur le marché, aucune machine entre les mains des utilisateurs ne disposait des caractéristiques techniques pour lesquelles le système avait été conçu (4 Go de RAM, processeurs multicœurs, cartes graphiques DirectX 10). Du coup, l’OS se retrouvait inutilisable tant il était lent ! Avec Windows 8, ce n’est plus un problème de performances, mais les appareils pour lesquels il a été pensé ne sont pas, non plus, entre nos mains. Personne ne possède d’écran tactile, de tablette Windows, de souris tactile Windows 8 ou de claviers avec des touches dédiées aux Talismans. Cela ne peut que freiner l’adoption du système.
4 – Une gestuelle pas naturelle
Où Microsoft a-t-il lu, que « cliquer dans les coins » était une gestuelle naturelle ? S’il suffisait encore de cliquer dans les coins ! Il faut aussi réaliser une curieuse gymnastique de translation verticale de la souris pour arriver à ses fins ! Officiellement, les raccourcis sont là pour nous sauver sauf qu’il faudra y mettre de la bonne volonté. D’une part, ils sont trop nombreux pour tous les retenir. D’autre part, ils sont tout sauf naturels : « Windows Q » pour accéder aux Apps, « Windows W » pour accéder aux fonctions du Panneau de configuration… Au final, on va tous finir par aller acheter un clavier spécial Windows 8.
5 – Des aberrations ergonomiques
Avant, il fallait deux clics pour éteindre son PC. Le fameux « Démarrer pour Arrêter ». Désormais il faut au moins trois clics ! D’accord, dans l’esprit tablette, un PC ne s’éteint plus, mais se met en veille en appuyant sur son bouton. Mais que fait-on de nos bons vieux réflexes ? Certaines opérations demandent plus de clics qu’avant, la présence de deux panneaux de configuration est pour le moins surprenante et certains détails témoignent de décisions ergonomiques prises à la dernière minute (le menu WinX propose l’option Bureau quand on est sous l’écran d’accueil, mais ne propose pas l’écran d’accueil quand on est sur le Bureau).
6 – Un regrettable entêtement d’imposer son nouvel environnement
A l’origine, Windows était réputé pour la richesse de ses personnalisations qui laissaient l’utilisateur libre de se créer l’environnement qu’il souhaitait. Pour être sûr que tout le monde reste contraint dans son nouvel univers tactile, Microsoft a pris la décision de forcer l’affichage de l’écran d’accueil au démarrage et a supprimé le menu Démarrer du bureau sans laisser à l’utilisateur la moindre possibilité de configurer ce comportement et de revenir à ses habitudes ! Il y a une vraie logique dans la suppression du menu Démarrer (pour éliminer des redondances). Mais, techniquement, rien ne justifie de forcer ainsi la main à l’utilisateur. Il n’est tout simplement pas la priorité et c’est bien regrettable.
7 – Un univers immature
Le nouvel univers tactile et la plate-forme sur laquelle il s’appuie (WinRT), sont encore très neufs. Trop neuf ? Une authentique version « 1.0 » façon Microsoft, diront certains. Le problème, c’est que par ces décisions ergonomiques, l’éditeur a fait de cet univers immature le cœur de l’expérience utilisateur.
Quelques apps disponibles sur le Store refusent de se lancer par exemple. D’autres plantent allègrement lorsqu’on pousse un peu le système dans ses retranchements. Et il arrive même au nouvel écran d’accueil d’avoir un comportement erratique (notamment en double écran). Ce ne sont pas nécessairement que des bugs de Windows, mais cela montre à quel point les plâtres de cette nouvelle plate-forme sont encore frais. D’ailleurs, le « petit » correctif lancé par Microsoft, à 10 jours du lancement officiel du système, pèse quand même 170 Mo !
La pauvreté du Store est une autre preuve du manque de maturité de l’OS. Sur les 3 000 apps déjà disponibles, au moins 2 000 sont risibles tant elles sont moches, inutiles et ridicules. Tous les nouveaux stores connaissent ce phénomène avec une recrudescence d’apps faisant des bruits incongrus et d’horloges. Certes, la plupart des premières apps ne sont en réalité que des expérimentations de développeurs cherchant à apprivoiser le nouveau système. Mais les vraies grosses productions ont intérêt à ne pas trop tarder !
8 – L’interface manque de densité
« Fast and Fluid », telles sont les qualités mises en avant par Microsoft pour caractériser sa nouvelle interface. On devrait plutôt dire « rapide, fluide… et vide » ! La tendance du nouveau design est d’occuper l’espace de l’écran avec du vide. Cela se voit dès l’écran d’accueil : les tuiles sont bien trop grandes. Si on installe une vingtaine d’apps et qu’on épingle une douzaine de sites, le défilement de l’écran pour atteindre la dernière tuile devient sportif ! Windows Phone 7 avait exactement le même défaut. Le tir a été corrigé avec le nouveau Windows Phone 8 dont l’interface d’accueil accepte désormais des mini-tuiles qui donnent plus de densité à l’ensemble et accélèrent l’accès à l’information. On peut s’étonner que la même approche n’ait pas été retenue pour Windows 8.
9 – Un manque flagrant d’ouverture multimédia
Plus de Media Center en standard. Plus de lecture de films DVD en standard. La lecture des films Blu-ray n’est pas présente. Le nouveau lecteur de vidéos ne supporte pas MKV, le nouveau standard de fait du Web. Mieux vaut donc rester sur le Bureau avec un bon vieux VLC ! Bien sûr, l’éditeur a voulu faire des économies sur les royalties qu’il reverse pour chaque copie de Windows vendue. C’est à ce prix que la mise à jour Windows 8 Pro nous est proposée à 29,90 €. Pour autant, le lecteur vidéo de la nouvelle interface se devait-il d’être aussi limité ?
10 – Un navigateur trop fermé
Windows 8 est livré avec deux versions d’Internet Explorer 10. Celle classique pour le bureau, et celle pour la nouvelle interface. Cette version n’accepte aucune extension ni add-in. Du coup, même la technologie Silverlight de Microsoft ne fonctionne pas sur cet IE10.
Si, en théorie, Flash est supporté, en pratique, le lecteur Flash intégré ne se déclenche que si le site visité est référencé dans une liste de sites compatibles dont seul Microsoft a les clés. L’utilisateur n’a pas de solution pour forcer l’utilisation du Flash sur les sites non reconnus. Du coup, bien des pages Web ne s’affichent pas correctement dans l’environnement tactile.
Evidemment, en naviguant sous la nouvelle interface, nous n’attraperons probablement plus de spywares, adwares et autres malwares. Revers de la médaille, les éditeurs de sécurité ne pourront plus, non plus, nous proposer leurs boucliers Web.
11 – Un monde de Bisounours
Le temps où Windows était le royaume des hard core gamers est révolu. À en juger par les premiers titres disponibles, le Windows Store fait la part belle aux casual games, par ailleurs très en vogue sur smartphones et tablettes. Mais Microsoft nous la joue un peu trop Nintendo… ! Les jeux « PEGI 18 » tels que Skyrim, Call of Duty ou Dishonored n’ont pas droit d’hébergement sur le Windows Store.
D’une manière générale, Microsoft semble vouloir bannir les contenus « adultes » ou violents. Pourquoi, alors, intégrer un contrôle parental au cœur même du système ? Ajoutez à cela l’impossibilité de stocker le moindre bout de sein qui dépasse sur Skydrive. N’essayez pas, vous verriez votre compte suspendu dans l’heure. Et le récupérer n’est pas une mince affaire.
12 – Des prix trop élevés
Il y a un problème marketing chez Microsoft. La grande distribution sait, elle, pertinemment qu’il existe un gouffre psychologique entre 0,99 € et 1,19 €, surtout sur de l’achat impulsif comme il est pratiqué dans le Store ! Mais Microsoft a choisi de faire fi de ces règles élémentaires et de placer le prix minimal d’une app à 1,19 €. Conclusion, les utilisateurs Windows 8 payeront plus cher leurs apps que ceux d’un iPad ! Et rien ne dit qu’elles seront meilleures.
Autre souci, Microsoft ne semble pas permettre aux constructeurs d’ouvrir leur propre boutique d’apps au sein du Windows Store (il le fait pourtant sous Windows phone). Ces derniers ne pourront donc pas compter sur des rentrées financières complémentaires. Voilà qui n’aidera pas les prix des PC à fondre, les marges étant déjà minimales sur le matériel. Résultat, les prix des tablettes Windows des constructeurs sont élevés.
Microsoft a choisi d’aligner les prix de sa tablette Surface sur ceux de l’iPad, la plaçant mécaniquement sur la tranche haut de gamme. Et c’est peut-être une erreur d’autant que l’éditeur sera absent sur le nouveau créneau des tablettes 7 pouces où se joue déjà une terrible guerre des prix entre Amazon, Kobo, Apple et même Google qui peuvent sacrifier le prix du hardware pour se rattraper sur les ventes générées par les services musiques/vidéos/livres et la vente des apps. Il sera difficile à Microsoft d’en faire autant sans impacter les constructeurs de tablettes qui le soutiennent.
13 – Des services trop disparates pour mieux nous faire casquer
Microsoft commence à trop multiplier les abonnements. Il y a celui de la XBox Gold, l’espace de stockage supplémentaire payant sur Skydrive, l’abonnement XBox Music Pass et plus tard celui pour Office 365 Home Premium, sans parler des contenus Musique et Vidéo payants ainsi que les Apps payantes sur le Windows Store. Soyons clairs, Windows 8 n’encourage pas à l’économie et c’est volontaire.
Mais il faudrait vraiment que Microsoft simplifie son système d’abonnements et éclaircisse également sa stratégie familiale. Si chaque membre d’une famille doit payer des abonnements différents pour les services de sa tablette, cela va vite coûter une fortune. Il faudrait de vrais abonnements famille (comme pour Office 365 Home Premium), faciles à gérer et à administrer.
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