Les marchés boursiers aiment bien les paradoxes. Alors que les grands équipementiers, comme Alcatel, abandonnent ou sous-traitent la production de leurs terminaux mobiles non sans conséquences sur leurs cours de Bourse, Wavecom, fabricant de modules pour téléphones portables, est soudainement devenu la coqueluche des analystes financiers. L’action ?” cotée au Nouveau Marché ?” a gagné plus de 30 % en deux séances, les 2 et 3 mai ! Il est vrai qu’au cours actuel de 35 euros environ (229,60 francs), le titre reste très éloigné de son plus haut historique de 175 euros en l’an 2000.Cette contre-performance n’émeut pas Michel Alard, le PDG de l’entreprise. “Notre développement rapide et pas toujours bien contrôlé, ainsi que la hausse du prix des composants qui entrent dans la fabrication de nos sous-ensembles électroniques vendus aux fabricants de téléphones portables, ont entraîné l’année dernière une baisse de la rentabilité et une forte chute du titre. Mais tout est rentré dans l’ordre.” Le marché a salué la hausse spectaculaire du chiffre d’affaires de 75 % à 54 millions d’euros , contre une estimation initiale de 32 millions. Parallèlement, la marge brute progresse de 13 à 15,2 %.
Une deuxième ligne de production mise en service
Reste à savoir si ce rebond sera durable. “Le marché est avant tout sensible à l’amélioration séquentielle des résultats, c’est-à-dire à l’accroissement du chiffre d’affaires par rapport au dernier trimestre 2000”, résume un analyste financier.Le groupe, qui commercialise le c?”ur des téléphones portables, a tous les atouts pour passer à la vitesse supérieure. Pour répondre à la demande, il devenait urgent d’augmenter la capacité de production. C’est ce qu’a fait l’entreprise avec la mise en service d’une deuxième ligne de production. Cet investissement de 97 millions d’euros était indispensable pour répon-dre à un carnet de commandes qui n’arrête pas de grossir. Le chiffre d’affaires a progressé de 651 % au premier trimes- tre par rapport à la même période en 2000 ! Si Wavecom évolue à con-tre-courant de l’industrie européenne et américaine du portable, c’est qu’elle exporte les trois-quarts de sa production vers l’Asie.
Contrat de 750 000 modules
Le fabricant vient ainsi de signer le plus gros contrat de son histoire avec la commande, par le Sud-Coréen Sewon Telecom, de 750 000 modules de téléphones mobiles Wismo (Wireless Standard Module, module qui contient tous les composants et logiciels nécessaires aux fonctions de communication radio). Mais il reste une ombre au tableau : malgré l’amélioration de ses marges, l’entreprise reste déficitaire. Certes, le déficit a été réduit de moitié d’un trimestre sur l’autre (- 2,3 millions d’euros au premier trimestre), mais le marché attend que l’augmentation de la production permette à l’entreprise de renouer avec les bénéfices. À son cours actuel, l’entreprise est valorisée 11 fois son chiffre daffaires 2000. Un ratio élevé pour un secteur très perturbé ces derniers temps.
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