De ce côté-ci de l’Atlantique, la notoriété de la marque RIM est proche de zéro. Et le produit phare de la société, le terminal de poche communiquant Blackberry, est pour le moment connu des seuls technophiles acharnés. Research in Motion (RIM) est pourtant une valeur qui monte fort à Wall Street : l’action du groupe canadien, basé à Waterloo (Ontario), s’est en effet envolée de près de 50 % depuis les événements du 11 septembre. Une performance que peuvent lui envier les stars du Nasdaq. À 2,1 milliards de dollars (soit 2,4 milliards d’euros), sa capitalisation vient de dépasser celle de son plus proche concurrent, Palm.Il faut dire qu’avec son nom étrangement bucolique (la mûre), le Blackberry est devenu en quelques mois un “must have”, un gadget très prisé des top managers américains. De quoi s’agit-il exactement ? “Ce n’est pas un PDA, ni un ordinateur de poche. Ce n’est pas non plus un téléphone mobile… C’est tout cela à la fois”, s’enflamme Thierry Vaisse, directeur du marketing de RIM pour la France.Concrètement, ce petit terminal, doté d’un mini clavier et d’un large écran noir et blanc, est un communicateur de poche tout-en-un : compatible avec la norme GPRS, il permet d’échanger des e-mails, de téléphoner ou d’envoyer des SMS et de gérer son planning grâce à une fonction agenda. Le tout à partir d’un système développé en interne sous Java, totalement indépendant des logiciels Palm OS ou Pocket PC (Microsoft).
Un outil professionnel
À première vue, ce produit wireless (sans fil) est un concurrent direct des nouveaux smartphones de Nokia et Ericsson ou des PDA communicants de Handspring et Palm. “Pas du tout, rétorque Thierry Vaisse. RIM a avant tout conçu le Blackberry pour le marché professionnel. C’est un outil fait pour les cadres nomades, qui ont besoin de rester en contact permanent avec leur entreprise.” RIM affirme en effet que “93 % des utilisateurs ont converti leurs périodes passives en périodes productives” grâce à la possibilité d’accéder aux e-mails où que l’on soit. Encensé par la presse américaine (notamment Walter Mossberg, le techno-gourou du Wall Street Journal), le Blackberry a trouvé preneur auprès de quelque 13 500 entreprises qui ont décidé d’en équiper leurs cadres de haut niveau. Le Sénat américain vient lui aussi de doter ses 435 élus d’un Blackberry. RIM a ainsi vu son chiffre d’affaires bondir de 160 % en 2001 à 221 millions de dollars.Fort de cette success story, le fabricant canadien lance, aujourd’hui, une grande offensive pour distribuer le Blackberry en Europe, via les opérateurs télécoms. RIM vient de signer un accord avec MMO2 (BT), qui lui a commandé 175 000 exemplaires pour ses différentes filiales (O2 en Grande-Bretagne, Viag Interkom en Allemagne, Telfort aux Pays-Bas, etc.). En Italie, TIM (Telecom Italia) s’est porté candidat, et pour la France, les négociations semblent bien avancées avec Bouygues Telecom Entreprises, qui teste actuellement le produit. Quoiqu’il arrive, Thierry Vaisse prévoit “un lancement commercial pour septembre 2002”. Reste à savoir, si à l’heure des petites économies, les entreprises européennes se laisseront aussi facilement séduire que leurs homologues américains : le Blackberry sera en effet vendu entre 547 et 608 euros pièce, et il faudra ajouter à la facture le prix de la licence (3 811 euros pour 20 utilisateurs) et celui de l’abonnement GPRS (44 à 59 euros par mois et par utilisateur). Autre problème : la concurrence. “Tous les fabricants de terminaux sans fil ont décortiqué ce succès et s’apprêtent à sortir des produits comparables. Ce sera difficile pour RIM“, estime Forrester Research. Handspring a ouvert le bal avec son Treo. Reconverti dans le sans fil depuis 1999, l’ancien fabricant de modems RIM va une nouvelle fois devoir s’adapter sil veut vraiment jouer dans la cour des grands…
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