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L’énorme scandale des 32,5 milliards

Pour financer les retraites, le ministre Laurent Fabius comptait que les opérateurs mobiles lui procureraient une cagnotte de 4 5 32,5 milliards de francs. Patatras ! Son calcul s’est effondré et il n’est même pas sûr de pouvoir toucher 2 5 32,5 milliards.

A qui la faute ? Les équipementiers ont sans doute survendu l’UMTS. Ils savent que le GSM, dans nombre de pays, ne sera bientôt plus qu’un marché de renouvellement. Pour rester sur les mêmes courbes de croissance, il faut une relève : le GPRS. Mais comme il ne s’agit que d’une greffe moyen débit sur les réseaux GSM existants, il ne produirait qu’une semi-relance.Heureusement, une seconde relève a déjà été imaginée : l’UMTS, le mobile de 3e génération. A partir d’infrastructures à reconstruire entièrement, il fournirait des accès jusqu’à 2 Mbit/s, ouvrant la voie à des applications aussi fascinantes que la visiophonie mobile haute définition, l’e-mail vidéo mobile, ou encore, la vidéo à la demande itinérante. Par un prodige de lobbying, tout le monde s’est persuadé que ces nouvelles facilités étaient déjà au stade de la faisabilité, alors même que le GPRS n’avait toujours pas fait ses preuves. Tout le monde s’était laissé prendre au mirage de l’Internet facile et du haut débit pour tous.Les gouvernements britannique et allemand ont su en profiter à temps. Ils ont organisé au bon moment un concours de licences, auxquels tous les ténors se devaient de participer. Résultat : les enchères leur ont procuré un pactole de 38 milliards et de 50,5 milliards d’euros respectivement.De quoi faire rêver Bercy, dont les problèmes d’argent sont connus. Les enchères de licences télécoms, hélas, ne sont pas dans les habitudes françaises. A leur place, le ministère décida donc de soumettre chaque opérateur autorisé à une redevance ” raisonnable ” de 32,5 milliards de francs, ” compensant l’occupation du domaine public hertzien “.Entre-temps, cependant, le soufflet de l’Internet est retombé. On apprenait aussi que les terminaux UMTS ne seraient pas prêts avant 2002, et qu’ils ne seraient certainement pas grand public à cette date, ni d’ailleurs les tarifs des opérateurs. Le boom escompté n’aurait donc pas lieu.

Les fréquences n’ont jamais été payantes

Ces désillusions expliquent les désistements de Ron Sommer, Gérard Mestrallet et Martin Bouygues. Mais pas seulement. Aucun d’entre eux, en réalité, n’avait envie de faire à Laurent Fabius un cadeau de 32,5 milliards d’euros au titre de fréquences qui n’ont jamais été payantes. Aucune redevance de ce type n’a ainsi été demandée aux opérateurs de BLR, qui pourtant consomment chacun deux bandes (3,5 et 26 GHz). Il faudra donc que Bercy y renonce, à l’instar de tous ses homologues européens. La France sera alors certaine d’avoir au moins 4 opérateurs UMTS.

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La rédaction