” Jusqu’à maintenant, le radiotéléphone n’avait pratiquement servi qu’aux relations interpersonnelles, où deux correspondants communiquent entre eux directement ou par messagerie (orale ou écrite) interposée. Le développement de capacités supplémentaires en transmission de données ouvre la voie à de nouvelles applications, où un opérateur cellulaire met son client en relation avec un fournisseur de services.L’énorme succès du SMS comme messagerie écrite a conduit ce type d’opérateurs à développer ses propres services SMS en ligne, ces derniers servant d’outils de promotion, de différenciation et d’animation de son offre. L’utilisation de ce nouveau média par des éditeurs extérieurs restait néanmoins difficile, dans la mesure où les modalités d’accès variaient d’un opérateur à l’autre. C’est pourquoi, dès l’an dernier, les éditeurs ont approché les opérateurs, pour qu’un système ergonomique et simple soit mis en place, avec des procédures d’accès communes aux trois opérateurs français.
Le prix réel du service
En créant l’association SMS+ au printemps 2002, les opérateurs ont décidé de mettre en commun certaines de leurs ressources, notamment leurs numéros SMS à cinq chiffres, afin que leurs clients puissent accéder par un numéro unique aux éditeurs adhérant au système. Concrètement, un éditeur qui désire offrir ses services à travers l’organisme SMS+ doit faire une demande de réservation de numéro auprès de SMS+, puis passer un contrat de connexion avec chacun des opérateurs.Largement inspiré de l’expérience du Minitel, le modèle économique des SMS+ consiste à surtaxer le SMS envoyé à l’éditeur. Cette surtaxe, intégrée à la facture du client de l’opérateur, sert à rémunérer l’éditeur (pour son service, son contenu et la gestion de ses serveurs), la gestion du client (sa facturation et son recouvrement), et le coût du SMS de réponse de l’éditeur au client – la surtaxe étant décomptée de leur recharge pour les clients “prépayés”.Compte tenu de la multiplicité des offres commerciales des opérateurs et des différences de prix des SMS, la surtaxe est ajoutée au prix du SMS simple. Ainsi, l’éditeur peut axer sa communication sur un prix unique de son service, sans interférer avec les offres des opérateurs. Cette solution est préférable à celle d’un forfait comprenant le SMS et la surtaxe, qui donnerait l’illusion de la simplicité, mais ne fournirait plus au client le prix réel du service.Pour permettre de retrouver le prix d’un service par un moyen mnémotechnique, l’association a attribué différentes tranches de numéros, selon les fourchettes tarifaires. Actuellement, quatre tranches de numéros sont ouvertes, le premier chiffre servant à les différencier : numéros commençant par 3 : pas de surtaxe ; numéros commençant par 4 : surtaxe inférieure à 0,05 ? ; numéros commençant par 5 : surtaxe comprise entre 0,06 et 0,20 ? ; et numéros commençant par 6 : surtaxe comprise entre 0,21 et 0,35 ?.
Des niveaux de surtaxe limités
D’autres tranches pourront suivre, dont certaines d’ici la fin de l’année, mais l’esprit de l’offre SMS+ est de rester à des niveaux de surtaxe limités, ne nécessitant pas de relation commerciale directe entre l’éditeur et le client. Au-delà, le système “kiosque” ne serait plus réellement adapté. Si une demande pour des applications de commerce en ligne par SMS émergeait, il faudrait alors mettre en place un système différent, tenant compte de ces contraintes. Autre nécessité : celle de développer un système kiosque où la transaction soit anonyme, afin de ne pas interdire l’intégration complète de la surtaxe SMS+ dans la facture de l’opérateur, ne serait-ce que pour préserver le droit dit de répudiation. Cette “anonymisation” n’empêchera pas l’éditeur d’envoyer plusieurs messages de réponse ni le client d’envoyer, s’il le souhaite, son identité à l’éditeur s’il désire entamer une relation plus personnalisée.
Le cercle vertueux du kiosque
Cette anonymisation est une exigence du Conseil supérieur de la télématique (CST). Les opérateurs, qui y sont représentés à travers l’Association française des opérateurs mobiles (Afom), ont retranscrit la jurisprudence, établie depuis vingt ans, dans une charte de déontologie commune, que les éditeurs s’engagent à respecter. Certaines affaires récentes ayant impliqué des messages SMS sont d’ailleurs là pour rappeler l’extrême prudence à adopter dans ces domaines. En résumé, l’offre SMS+, sans prétendre être la solution unique du développement de services cellulaires à valeur ajoutée, reprend à son compte le cercle vertueux du kiosque :
les consommateurs ont accès à des services multiples et foisonnants avec une tarification lisible et acceptable, une facturation simple, une liberté de choix, une maîtrise de leur consommation, et une assurance de respect des règles de déontologie et de protection de la vie privée ;
les éditeurs accèdent à la totalité des utilisateurs mobiles à travers une numérotation unique, ils ont la liberté d’éditer dans le cadre d’un kiosque ouvert et d’un modèle économique viable, et peuvent utiliser un système d’adressage commun ;
les opérateurs mobiles bénéficient du foisonnement d’initiatives et d’offres de services à valeur ajoutée, et voient une croissance concomitante de leur trafic et des usages de leurs réseaux.Grâce à l’expérience acquise avec le Minitel, la France est en avance sur le développement de services kiosques mobiles. Les deux cent cinquante réservations de numéros déjà faites par les éditeurs et l’ouverture des premiers services augurent plutôt bien du développement de ce type d’application. “* président de l’association SMS+
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