Autres temps, autres moeurs. La forte croissance d’Internet, associée à l’émergence des technologies d’accès large bande telles que le DSL ou la boucle locale radio (BLR) en Europe, exige tellement de bande passante qu’elle met à rude épreuve l’architecture traditionnelle des réseaux d’opérateurs. Grâce à la disponibilité d’infrastructures en fibres optiques et à des équipements récents, une nouvelle architecture de réseau optique intelligent semble s’imposer, permettant aux opérateurs de mettre à la disposition de leurs clients des services hauts débits flexibles.Les réseaux de transmission optiques classiques sont composés de trois éléments : la fibre optique, les équipements de multiplexage en longueur d’onde (DWDM, Dense wavelength division multiplexing) et les équipements SDH (Synchronous digital hierarchy). La fibre optique est un support physique de transmission de l’information, codée sous la forme d’un signal lumineux.
Une mise à jour permanente de l’infrastructure
Les équipements DWDM permettent d’augmenter la capacité de la fibre optique en transmettant sur une même fibre plusieurs flux d’information à des longueurs d’onde différentes. Les équipements SDH, eux, utilisent les liens point à point fournis par la fibre optique ou les canaux DWDM, et forment le réseau de transmission proprement dit, utilisable par des clients ou d’autres réseaux.L’architecture classique des réseaux SDH est constituée d’un grand nombre de boucles interconnectées, chacune opérant à un débit statique déterminé lors de son installation (typiquement 2,5 Gbit/s). Augmenter ce débit impose de mettre à niveau tous les équipements d’une boucle ou de les remplacer, voire de déployer de nouvelles boucles. Ces modifications sont très consommatrices en matériels, en temps et en moyens humains. Tant que la demande unitaire reste faible par rapport à la capacité des boucles, l’architecture SDH est adaptée. Dès lors que le débit unitaire des liens à délivrer se rapproche de la capacité des boucles (c’est le cas avec les réseaux de données, les c?”urs de réseaux IP ou ATM atteignant parfois 2,5 Gbit/s), c’est en permanence que le réseau doit être mis à niveau, limitant nécessairement la capacité des opérateurs à répondre rapidement aux demandes de leurs clients.L’utilisation du DWDM, qui s’est banalisée à la fin des années 90, a donné un second souffle aux architectures SDH. Utilisée en configuration point à point pour augmenter la capacité des axes les plus chargés, cette technologie a considérablement réduit le coût du transport longue distance en limitant le nombre d’équipements nécessaires le long du réseau (amplification et régénération). Cependant, dénuée de l’intelligence et des fonctionnalités évoluées propres à la technologie SDH (sécurisation des circuits, et gestion optimisée d’une multiplicité de débits et d’interfaces), le DWDM ne permet pas de s’en affranchir. Le réseau optique intelligent lui en offre les moyens.
Une flexibilité accrue grâce à une intégration très poussée
Le réseau optique intelligent répond aux besoins de flexibilité à très hauts débits : il intègre dans un système unique les fonctionnalités de service du SDH, l’augmentation de capacité du DWDM et l’efficacité de routage des protocoles IP. L’intégration des fonctions SDH et DWDM permet une meilleure utilisation de la capacité et simplifie fortement la gestion du réseau. Les protocoles de routage évolués autorisent, quant à eux, une architecture maillée, adaptée au trafic de données, plus souple que les architectures en boucles.
Des travaux de normalisation en cours
L’architecture maillée fait apparaître de nouveaux équipements appelés brasseurs optiques, qui interconnectent les différents arcs DWDM formant le maillage du réseau. Ils se distinguent par leur impressionnante capacité de brassage (plusieurs centaines de circuits à 2,5 Gbit/s) et surtout par une fonction logicielle évoluée, leur donnant la possibilité de découvrir la topologie du réseau et d’établir ?” ou de rétablir ?” les circuits automatiquement, sur la base d’un routage dynamique similaire à celui utilisé dans les réseaux IP. Le bénéfice pour l’opérateur se traduit par un réseau plus facile à exploiter, utilisant au mieux la bande passante offerte par la fibre et lui permettant d’offrir des services à très hauts débits flexibles et innovants (délais de mise en service réduits et VPN).Les implémentations actuelles du réseau optique intelligent sont encore largement propriétaires. Des travaux de normalisation sont en cours, avec pour objectif d’autoriser la constitution de réseaux optiques hétérogènes, mais aussi d’assurer l’interfonctionnement des couches optique et IP sur la base d’une généralisation de MPLS. L’interfonctionnement direct de la couche IP et de la boucle optique est l’un des éléments fondamentaux des réseaux de prochaine génération. L’enjeu est, dans un monde où les protocoles IP transporteront la plupart des services – voix, données ou vidéo -, de constituer des réseaux extrêmement simples et performants, avec une qualité de service comparable à celle du réseau téléphonique actuel, et capables de supporter une quantité de trafic bien supérieure à ce que représente Internet aujourd’hui. ”
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