À l’aube du XXIe siècle, l’administration française, sous la commande de Matignon, imposa à ses ministères le développement en masse de la messagerie électronique. Recommandation était faite de
privilégier ce média pour les usages professionnels, et d’autoriser les correspondances personnelles.À la Justice, nous avons emboîté le pas et déployé plusieurs milliers d’adresses électroniques : justice.fr est devenu notre petit nom. Seulement voilà, une fois le besoin créé, cet outil est devenu victime de son succès.
Les tuyaux n’avaient pas été assez dimensionnés, les premiers embouteillages ont été le signe de l’utilisation massive des courriels.Il a donc fallu serrer les freins et demander aux agents de limiter leurs échanges de mails et de les restreindre à l’usage professionnel. Un vrai retour en arrière… Vis-à-vis de l’utilisateur final qui, chez lui,
navigue partout, je deviens alors l’empêcheur de surfer en rond.Et vis-à-vis de notre administration, qui compte ?” sans le dire ?” sur les compétences informatiques préalables des jeunes nouveaux agents, je suis un bouc émissaire, quand elle n’assume pas totalement ses
choix techniques.Un fossé se creuse alors entre l’utilisation professionnelle d’un ordinateur, forcément contrainte et limitée, et celle plus libre de l’environnement domestique. Mais les outils pour le grand public ne doivent pas
franchir la porte de l’entreprise.Ainsi, en continuant à me maintenir en état de veille technologique avancée, je dois tout oublier une fois au bureau. Je fais des allers-retours continuels entre le futur déjà présent et le passé qui n’est plus si simple. Je me
demande si je ne suis pas en train de me virtualiser ?* Directeur informatique à la direction régionale de la protection judiciaire de la jeunesse à Montpellier
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