Il est courant de lire dans les revues spécialisées que l’électronique associée aux capteurs d’images des appareils photo numériques fait les extrapolations nécessaires pour qu’aux quatre pixels rouge/vert/ vert/bleu de chaque point
image correspondent en fait quatre points image. Une impossibilité manifeste qui cache en fait bien d’autres innovations, certaines déjà en ?”uvre, d’autres en devenir.Il faut tout d’abord être conscient que, sur la plupart des appareils photo numériques et contrairement à une idée répandue, ce n’est pas le capteur qui limite la qualité des images mais l’objectif. C’est un peu normal : les
capteurs sont en général bien plus petits que le format 24 x 36 ; si l’on veut bénéficier de la même qualité d’image qu’autrefois sur le même format de papier photographique, les détails enregistrés doivent être beaucoup plus fins, et
cela d’autant plus que les capteurs sont petits. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’est pas conseillé, même si personne ne le dit, d’utiliser des objectifs prévus pour des appareils 24 x 36 avec des reflex numériques à
‘ petits ‘ capteurs : les images fournies par ces objectifs ne sont pas assez piquées !Un objectif photo est de fait un compromis entre une foule de caractéristiques. Citons la définition bien sûr mais aussi le contraste, la distorsion de l’image (effet géométrique de tonneau ou de coussinet), le vignetage
(assombrissements dans les coins), l’aberration chromatique (décomposition de zones lumineuses en zones colorées) et la dominante de couleur (rarement gênante).La caractéristique la plus importante d’un objectif reste pour l’utilisateur sa définition car ce dernier souhaite des images qui, avant tout, soient nettes. Mais, là encore, rien n’est simple. Beaucoup d’objectifs peuvent reproduire
par exemple 70 traits noirs sur fond blanc par millimètre. Mais si l’on analyse la reproduction de l’image correspondante sur un papier photographique, avec les bons objectifs, les traits seront bien noirs et à flancs nets ; avec les
mauvais, on ne pourra voir que de vagues traits gris, sans flancs bien définis…
Un potentiel d’innovation inouï
Et c’est là que l’électronique de traitement des capteurs peut intervenir : elle peut très bien redresser artificiellement les flancs des transitions noir et blanc trop mous et augmenter les niveaux des noirs ou des blancs qui
suivent immédiatement ces flancs : les images paraîtront ainsi bien plus nettes. Mais l’électronique peut aussi corriger d’autres défauts : si les coins des images sont trop sombres par rapport au centre (que ce soit à cause du zoom ou du
flash), il n’y a aucun problème pour corriger le défaut par traitement automatique de l’image ; cela peut se faire par préprogrammation hardware ou logicielle.De même, si un zoom déforme trop les lignes droites, l’électronique, ou tout du moins un logiciel de traitement d’image associé, peut systématiquement compenser ces déformations. Aucun problème non plus pour supprimer toute dominante
colorimétrique. Il est même sans doute envisageable de compenser deux fois les défauts de bougé à la prise de vue : une première fois mécaniquement, en associant capteur d’accélération et actuateurs piézos agissant sur la puce de capture
d’image. Une deuxième fois électroniquement, en décomposant la photo prise en plusieurs photos successives puis en les recadrant par reconnaissance d’image pour qu’elles se superposent.Poussons donc le raisonnement plus loin : s’il est si facile de corriger électroniquement nombre des défauts des zooms, pourquoi ne pas sacrifier les corrections concernant ces paramètres lors de la conception ? Il sera
alors d’autant plus facile d’obtenir une grande définition et une large plage de fonctionnement des zooms ! Seule condition imposée : le zoom ainsi conçu devra obligatoirement être associé à un appareil photo intégrant l’électronique de
correction et un seul, ce qui n’est finalement pas trop grave pour les amateurs ; pour allonger ou reculer la plage de fonctionnement des zooms, il faudra éventuellement s’habituer à manipuler des lentilles additionnelles et non des zooms
différents.La limite à cette évolution, les électroniciens la connaissent : on ne peut pas trop augmenter les divers gains des amplificateurs électroniques sous peine de voir apparaître du bruit de fond (une certaine
‘ neige ‘ sur l’image). D’où la nécessité de cellules de capteur de grande surface, donc des puces finalement assez grosses. Bénéficier à la fois de 400 ISO de sensibilité et de zooms puissants restera donc coûteux
pendant longtemps. Mais c’est tout de même une nouvelle ère qui va s’ouvrir pour la photographie numérique.* Rédacteur en chef d’Electronique HebdoProchaine chronique le mardi 2 mars.
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