A partir du 10 juillet, les plus insouciants des détenteurs d’ordinateurs obsolètes et autres mobiles en fin de vie devront rentrer dans le rang. Comme le prévoit la loi Déchets de 1975, modifiée en 1992, il sera interdit de mettre à la benne les appareils informatiques et électroniques. Car les “e-déchets” s’accumulent. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), 1,5 million de tonnes de produits électroniques et électriques ont été jetés en 2000. Des flux qui pourraient croître de 3 à 5 % par an. Reste à savoir qui va financer le traitement de ces rebuts, note Catherine Jaillant, présidente de la commission environnement du Syndicat de l’industrie et des technologies de l’information. Qui va payer ce travail colossal ?L’incertitude est en passe d’être levée. La Commission européenne planche sur une directive adoptant le principe du pollueur-payeur. La récupération des produits en fin de vie et le recyclage seront à la charge des constructeurs. En France, tous les acteurs concernés ?” syndicats, fabricants, sociétés de recyclage ?” essayent de prendre de l’avance et peaufinent la transposition du texte de Bruxelles. “Nous recommandons un financement par répartition, selon les parts de marché mais en tenant compte aussi des efforts environnementaux de chaque constructeur”, précise Catherine Jaillant.Doucement, donc, les filières se mettent en place. Mais le milieu est complexe : “Il touche à beaucoup de métiers : la logistique, le droit, la technique, etc.”, constate Thomas Godard, le fondateur de Direct Environnement. Cette société privée de recyclage évolue à la croisée de nombreuses associations ou consortiums, comme Conibi (Consortium industriel bureautique informatique) ou Screlec (Société de collecte et de recyclage des équipements électriques).Le premier se concentre sur les consommables (cartouches d’encre, etc.) et facture ses prestations aux constructeurs (qui sont ses partenaires). Le second fonctionne par cotisation. Philippe Oudeyer, son PDG, explique : “Le marché est considérable. C’est une économie complète à créer, dont les modèles restent à définir.” La Screlec va monter sur Nantes une opération pilote pour évaluer les possibilités et les coûts.Le c?”ur du problème repose sur la logistique, car il faut collecter les produits en fin de vie avant de les transporter dans les centres de démantèlement. Le processus est coûteux. “Pour que la filière soit viable, il faut rester dans un rayon de 300 kilomètres”, précise Marie-Christine Deponthaud, directrice générale de la société Pro Réseaux. Une fois la collecte réalisée, la démarche consiste à voir si le produit peut être rénové pour être vendu d’occasion, dans les pays en voie de développement. Une démarche apparemment philanthropique qui, pourtant, ne fait que reporter sur ces États le problème des déchets ultimes. L’Asie devient une véritable poubelle, qui récolte 50 à 80 % des ordinateurs éliminés par les régions de l’Ouest américain, selon un rapport réalisé par la Silicon Valley Toxics Coalition.La phase suivante est le démantèlement, c’est-à-dire le repérage des éléments encore viables. L’écran fonctionne toujours ? Le disque dur ou les mémoires sont en état de marche ? Les éléments sont démontés et renvoyés chez les constructeurs. “Nous avons une usine de démantèlement en Allemagne, à Paderborne”, indique Pierre Lestienne, directeur qualité logistique chez Fujitsu-Siemens. Sur les 4 700 tonnes de matériel reçues en 2000, continue-t-il “nous avons réutilisé quelque 20,4 % des déchets, recyclé 68,5 % et mis le reste en décharge.” Le tri n’est pas évident : une des premières préoccupations de ces déconstructions concerne les éléments toxiques. Ils réclament un traitement spécifique ?” les piles qui contiennent du mercure et du plomb sont mises à part ?” et une main d’?”uvre qualifiée
Le plastique, véritable casse-tête
Seront récupérés également les métaux. Le cuivre et l’aluminium peuvent indéfiniment être réutilisés (30 % du cuivre utilisé actuellement provient du recyclage). Ainsi que les métaux précieux (or, argent, palladium) provenant des cartes électroniques et de la connectique. Reste le problème du plastique. Pur, il peut être broyé, transformé en granulés et réutilisé. Mais le plus souvent, les constructeurs utilisent des mélanges, voire incluent du bromure comme retardateur de flamme. Ainsi “pollués”, les plastiques ne peuvent être réutilisés. Ils partent alors à l’incinération en récupération énergétique. “Beaucoup planchent sur des technologies de broyage permettant de recycler tous les mélanges de plastique, mais la solution miracle n’est pas encore trouvée”, regrette Thomas Godard, de Direct Environnement. Quoi qu’il en soit, les constructeurs travaillent en étroite collaboration avec les sociétés réalisant le tri final pour concevoir dès le départ des produits prenant en compte la fin de vie, c’est-à-dire faciles à démonter, et limitant les mélanges de matières.
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