En l’espace de quatre ans, le marché de l’appareil photo a basculé de l’argentique au numérique. Avec deux points d’orgue cette année : dans le bas de gamme, la commercialisation par Olympus chez Leclerc
d’un modèle 2 millions de pixels à 99 euros et, dans le haut de gamme grand public, la mise sur le marché par Minolta d’un modèle (parfois) à moins de 1000 euros (Dimâge A2) ‘ presque ‘ sans
défaut, capable de concurrencer les reflex.Mais ce n’est pas fini : dès fin 2004, l’apparition de radiotéléphones avec 2 millions puis 3 millions de pixels va probablement commencer à phagocyter le marché des appareils photo bas de gamme (en dessous de
200 euros) et, vers 700 euros, les performances des appareils mono-objectifs vont rendre obsolète le concept d’appareil reflex haut de gamme grand public.A l’origine de ces évolutions : l’incessante baisse des coûts des capteurs d’images, certes, mais aussi et surtout l’incroyable montée en puissance de la capacité de traitement des images de
l’électronique intégrée dans ces appareils.Dans le bas de gamme, les grands acteurs de demain ne seront sûrement pas les grands acteurs d’aujourd’hui. Les jeux ne sont pas encore faits : actuellement en effet, les fabricants de radiotéléphones achètent des
modules de prise de vue tout faits (à un prix de l’ordre de 7 dollars) à des fournisseurs spécialisés, le numéro un mondial étant Agilent (qui prévoit de livrer rien de moins que 50 millions de modules cette année).Mais des traitements électroniques d’amélioration des images vont envahir les photophones. Or on ne sait pas encore si l’étude de ces traitements sera à la charge du fabricant de modules ou à celle des fabricants de
photophones complets : ces derniers préféreraient sûrement une solution ‘ prête à brancher ‘, mais il se trouve que la puissance de calcul des photophones, aujourd’hui, n’est disponible qu’en
dehors du module…Qui apportera donc, finalement, la valeur ajoutée photographique ? En attendant, les fabricants des vrais appareils photo intègrent ces techniques de traitement d’images à leurs produits à la vitesse grand V.Nous avions annoncé dans Electronique International Hebdo du 19 février dernier que l’électronique allait bientôt révolutionner l’optique. C’est presque fait ! Tous les appareils
actuellement en vente améliorent le piqué des photos en compensant le flou des objectifs par une augmentation du gain du signal fourni par l’imageur dans les fréquences hautes ; certains réussissent en outre à atténuer l’effet de
neige des images sombres en réduisant le bruit…Les fabricants d’appareils à objectif non interchangeable, eux, sont même déjà passés à la vitesse supérieure : ils corrigent en effet les effets de ‘ coins sombres ‘ de leur objectif (et du flash
associé), redressent, par logiciel, les droites qui n’en sont plus sur les bords des photos. Ils compensent même les aberrations chromatiques ! Et cela pour chaque focale lorsqu’il s’agit d’un zoom !
Les premiers exemples sont là
Le dernier appareil R707 de Hewlett-Packard est l’un des premiers concentrés de ces innovations (l’origine ‘ informatique ‘ de HP n’y est sûrement pas pour rien). Mais cet appareil annonce
aussi sur quel terrain le milieu de la photo risque de se battre pour contrer la montée en puissance technologique des photophones : le R707 dispose par exemple d’une fonction de post-traitement logiciel intégré capable d’éliminer
les yeux rouges d’une photo prise au flash.Il est aussi capable, si l’utilisateur le désire, d’éclaircir la partie sombre d’une photo prise en contre-jour. Il se fait fort de reconstituer une photo panoramique à partir de plusieurs photos prises
‘ les unes à côté des autres ‘…A n’en pas douter, les fabricants de ces appareils vont aussi exploiter les possibilités de corrections de l’électronique pour adopter des zooms encore plus puissants que les zooms actuels mais avec des défauts qui
auraient été inacceptables sans correction automatique…Une remarque tout de même : chaque fois que l’on compense un coin sombre, un manque de netteté, que l’on augmente la luminosité d’une zone d’ombre, que l’on allège l’optique ou la partie
flash, c’est le bruit de fond du signal qui en prend un coup.Un composant est donc condamné à s’améliorer en sensibilité : le capteur d’image. A l’avenir, il faudra plutôt augmenter sa surface que la diminuer ; la physique dicte sa loi. Autre remarque : avec
cette imbrication entre optiques et appareils photo, le concept d’objectif interchangeable et de reflex est quasi condamné à disparaître, à terme, pour les applications grand public : les fabricants d’optiques devront désormais
focaliser leurs efforts non plus vers la conception ‘ d’excellents objectifs ‘ mais vers celle d’objectifs ‘ à défauts facilement corrigeables ‘ !* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique mardi 22 septembre
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