Armé d’une formation en commerce international, c’est de manière tout à fait fortuite qu’Arnaud Briand, 33 ans, s’est retrouvé consultant en référencement et en ergonomie éditoriale. “ J’ai débuté comme intégrateur free lance, puis j’ai évolué peu à peu vers le référencement de contenu et l’accessibilité ”, explique le jeune homme. Ses atouts : la curiosité, une bonne culture Internet et la capacité à se remettre en question perpétuellement. “ Il faut avant tout aimer le Web et faire beaucoup de veille pour progresser dans le métier ”, complète-t-il. Les jeunes générations se sont coulées dans les métiers du Web 2.0 sans formations particulières ni a priori.Ces nouveaux acteurs de la Toile officient dans les blogs, l’animation de communautés, l’événementiel, la modération de commentaires… et leurs champs d’activité ne cessent de se multiplier. “ Là où il y a quelques années un webmaster se chargeait à la fois du design, du contenu rédactionnel, de la création et de l’administration d’un site Internet, aujourd’hui chacune de ces branches exige les aptitudes d’un professionnel spécialisé ”, rapporte Julien André, responsable du site CarriereOnline. Plus la liste de ces nouveaux outils s’étoffe, plus les fonctions qui s’y rapportent tendent à se spécialiser. Les entreprises ont bien compris la nécessité de faire appel à ces jeunes hyperconnectés pour dynamiser leur présence sur la Toile aussi bien en termes de marketing que de maîtrise technologique. L’explosion des réseaux sociaux et des médias numériques n’a fait qu’amplifier le processus. Aux manettes, des journalistes, des créatifs, des chargés de communication, des chefs de projet forts d’une expérience développée dans ces secteurs, ou encore des “ géniaux bricoleurs ” formés sur le tas aux technologies du Web et des nouveaux médias. Les recruteurs sont à l’affût de ces profils atypiques. “ De plus en plus de sites Internet, de sites d’ecommerce, de portails de grands médias ou de directions marketing de grandes entreprises ont besoin d’experts pour atteindre les objectifs d’audience ou de chiffre d’affaires qu’ils se sont fixés ”, assure Julien André. Le constat est clair : dans la conquête du Web, ces nouveaux métiers valent de l’or.
Des troupes d’élite
Dans la caravane de tête se détachent une demi-douzaine de métiers qui requièrent une bonne culture d’Internet et des compétences étendues dans les domaines du rédactionnel, du marketing, de la technique ou de la communication. Chef de file, l’animateur de communautés ? ou community manager ? a un poste clé dans la diffusion d’une marque et sa transcription en contenu actif. Sa mission est de fédérer et d’animer une communauté d’internautes autour d’une entreprise, d’un thème, en suscitant les échanges. Maître es réseaux sociaux et sites communautaires, il a un rôle d’“ influenceur ” ? en créant du buzz autour d’une marque ou d’un produit pour les faire connaître ? mais aussi de “ modérateur ” pour éviter les dérapages dans les conversations interactives avec les membres. Un poste qui demande beaucoup de réactivité associée à “ des qualités d’écoute, de diplomatie et d’humilité ”, selon Geoffrey La Rocca qui officie dans ce domaine à RMC.Autre professionnel complémentaire dans l’approche des internautes, l’ergonome éditorial ? ou Web ergonome ? fait office de médiateur entre les rédacteurs et les référenceurs, en travaillant sur l’interface du site pour l’adapter aux comportements des visiteurs. Il cherche à faciliter la lisibilité du contenu afin de le rendre plus accessible aux internautes mais aussi aux moteurs de recherche. Troisième recrue de choix, le websurfeur se présente comme une sorte d’explorateur d’Internet. Véritable journaliste d’investigation et critique du Web, il évalue la pertinence des sites et les répertorie, un travail de recensement qui se conjugue avec une veille sur les contenus et les pratiques de la Toile.Parmi les métiers plus techniques, le référenceur SEO ou spécialiste en référencement naturel a pour mission d’accroître la visibilité et l’audience des sites Internet auprès des internautes et dans les moteurs de recherche. “ Un profil assez rare qui nécessite de réelles compétences dans les domaines technique, marketing et commercial. Ce métier de pointe bien rémunéré est essentiel pour l’entreprise ”, souligne Julien André. “ C’est un poste qui sera amené à se segmenter, nuance Arnaud Briand, consultant en référencement et ergonomie pour l’agence intuiti.fr à Nantes. On ne peut pas tout faire : optimiser les sites, s’occuper du contenu, négocier les liens… Il va falloir ventiler les différents aspects du métier entre la partie veille et gestion d’image, la partie éditoriale et la gestion des médias sociaux. Les référenceurs n’ont pas forcément les profils d’anthropologues ou de formation en sciences sociales. ”
Vers des formations spécialisées
Les entreprises font également appel à l’expertise des chefs de projets techniques, chargés de transcrire les besoins marketing dans le cahier des charges techniques. Et avec l’essor des nouveaux médias, l’attention se porte sur les profils d’architecte Web et développeur multimédia, des métiers en plein boom avec les développements de versions mobiles des sites ou d’applications dédiées.À l’heure actuelle, si des formations spécifiques commencent à voir le jour, la plupart des métiers du numérique sont portés par l’expérience de personnes venues d’horizon divers tels que des écoles de commerce ou de marketing, mais aussi des ingénieurs, des journalistes ou de simples autodidactes. Le dénominateur commun de ces nouveaux acteurs du Web étant la curiosité et la passion pour les nouveaux médias.Mais à mesure qu’Internet prend une place prépondérante dans la stratégie des entreprises, ces qualités ne sont plus suffisantes pour les recruteurs. “ Au départ, les jeunes actifs sont arrivés fortuitement dans ces métiers, maintenant il leur est demandé une formation spécialisée et la caution d’un diplôme ”, constate Patrick Girard, directeur pédagogique de l’ISCPA Lyon (Institut supérieur de la communication, de la presse et de l’audiovisuel). Cet institut n’a pas hésité à remanier ses programmes pour la rentrée 2010 en mettant en place un master en e-communication. “ Les compétences Web ont pris le dessus sur les formations traditionnelles. Il a fallu nous adapter à la demande des entreprises en experts et consultants opérationnels tout de suite sur les nouvelles technologies. ”Les cours sont axés sur la communication d’influence, l’animation de réseaux sociaux, la communication marketing communautaire spécialisée Web. Les filières traditionnelles ont elles aussi dû s’adapter à ces mutations. “ La filière journalisme est montée en puissance depuis deux ans avec des cours d’écriture sur les nouveaux médias, des formations au Web documentaire. Il faut que nos étudiants soient polyvalents en terme d’image, de son et de technologies Web. Une même évolution s’est accomplie sur la filière marketing traditionnelle qui a intégré dans son cursus des cours spécifiquement Web ”, précise Patrick Girard.
Portes ouvertes vers l’Internet mobile
Ces métiers émergents font l’objet d’une attention particulière de la part de la Délégation aux usages d’Internet. L’organisme gouvernemental a mené une réflexion, à laquelle ont participé des universitaires, des écoles et des organisations professionnelles, qui a donné naissance au Portail des métiers de l’Internet. Mis en ligne il y a tout juste un an, le site propose une cartographie du secteur et se veut un outil de référence à l’usage des étudiants et des entreprises. Il décrypte une quarantaine de métiers stratégiques de l’univers du numérique avec les compétences qui s’y rapportent. “ Les compétences Web sont de plus en plus souvent mises en avant dans les offres d’emploi. Les demandes de stages ont explosé dans ce domaine. Répondre à ces exigences est devenu une réelle nécessité pour les jeunes diplômés ”, conclut Patrick Girard. Et le phénomène va aller en s’amplifiant avec le déferlement des nouveaux supports de communication de l’Internet mobile.
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