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Leica M11, l’appareil télémétrique de référence passe à 60 Mpix

Sous son look d’éternel rectangle noir, le M11 fait une petite révolution silencieuse en abandonnant la semelle en laiton, en récupérant la partie logicielle des Q2/SL2 et en s’offrant un super capteur de 60 Mpix.

Le M11 est bien un tout nouvel appareil… qui ressemble à celui de votre grand-père. Son apparence est trompeuse : quoi qu’il paraisse identique à n’importe quel autre Leica (M5 excepté, qui était un ovni), chaque angle a été repassé en revue, légèrement corrigé, déplacé, réévalué.

Mais c’est surtout à l’intérieur que tout change : nouveau capteur, nouveau processeur d’image (enfin nouveau pour les M, puisqu’il s’agit du même que celui du SL2), nouvelle batterie, nouveaux menus, nouveau circuit d’alimentation, nouveau système de mesure de la lumière, nouvelle prise USB, etc. Le M11 est, plus encore que les itérations précédentes, un boîtier trompeur par son aspect.

Avant de parler de la partie imagerie, parlons boîtier. Oui, il a l’air vieux et pourtant, il est tout récent. Notamment la version noire du M11 qui profite d’un capot supérieur en aluminium au lieu du traditionnel laiton – toujours présent sur la version argentée. Le bénéfice ? 130 grammes de moins sur la balance.

Nouvelle batterie, prise USB C et mémoire intégrée

Pour la première fois de son histoire, le M se passe de l’antédiluvienne semelle à retirer pour changer la carte et la batterie. Cette dernière, bien plus endurante que par le passé puisqu’elle permettrait de shooter jusqu’à 1000 images, reprend le format « presser-retirer » du Leica Q2 – et c’est tant mieux.

En ce qui concerne la carte mémoire, si le M11 ne dispose que d’un seul emplacement pour une carte SD, il intègre, comme feu le Leica T, de la mémoire directement sur sa carte-mère (64 Go). De quoi permettre non seulement un mode “duo” (JPEG d’un côté, RAW, de l’autre, etc.). Mais aussi une bouée de sécurité pour les nouilles dans mon genre qui partent parfois en oubliant leur carte SD à la maison.

On apprécie aussi l’arrivée de la prise USB-C, sous l’appareil certes, mais qui permet non seulement de décharger les photos, mais aussi de recharger l’appareil ou même le contrôler depuis un iPhone ou un iPad – le M11 est même un produit dont la compatibilité est certifiée par Apple.

Un capteur : trois définitions et trois focales virtuelles

Cantonné au camp des 24 Mpix pendant longtemps, Leica avait fait une incursion dans le domaine des capteurs très denses avec ses M10 Monochrom et M10-R, des boîtiers dérivés du M10 qui intégraient un capteur de 40 Mpix. Le M11 va bien plus loin dans le domaine avec un capteur de 60 Mpix, de quoi ravir les photographes à la recherche des très grands tirages ou recadrages (notamment les amateurs de paysages).

Mais Leica est allé un peu plus loin en intégrant un capteur qui fonctionne sur le principe de certains capteurs de smartphones. En regroupant les photodiodes par quatre et en créant des groupes, le M11 propose ainsi trois définitions d’image : 60 Mpix, 36 Mpix et 18 Mpix. L’avantage ici est de proposer trois paliers gérés en hardware pour différents usages. Les portraitistes et les paysagistes se jetteront sur les 60 Mpix, le reporter classique sur le 36 Mpix et le reporter « qui cogne » appréciera les 18 Mpix qui permettent non seulement d’épargner le stockage, mais aussi limite la nuisance du flou – le capteur, comme les optiques ne sont toujours pas stabilisés.

Trois définitions, mais aussi trois « focales ». Enfin, des focales virtuelles de recadrage, à l’instar de ce que propose un boîtier comme le Leica Q2. Ce zoom numérique – qui ne saurait reproduire le changement de perspective des optiques originales – a deux positions : x1.3 et x1.8. Ainsi, un 35 mm devient un 45 mm ou un 63 mm. La définition passant de 60 Mpix à 39 Mpix et 18 Mpix respectivement. Quand on n’a pas de zoom, on a des idées.

Enfin saluons la plage de sensibilités plus que confortable – de 64 à 50.000 ISO – ainsi qu’une mémoire tampon en progression. Pas de quoi faire rêver les utilisateurs d’hybrides – on se parle de 13 images consécutives de 60 Mpix, donc à 4,5 i/s.

Enfin de l’obturation électronique

À l’ère des reflex argentique, les obturateurs des Leica, notamment ceux en toile, produisaient bien moins de nuisances sonores, ce qui les rendait plus discrets. Depuis, l’obturateur électronique des hybrides a mis tout le monde d’accord. Le M11 est le premier « M » de la marque allemande à faire le grand saut : il double son obturateur mécanique d’un obturateur numérique.

Outre le gain de discrétion susmentionné – on devient alors totalement silencieux – il faut ajouter une autre compétence : celle de pouvoir utiliser les optiques les plus lumineuses de la marque (jusqu’à f/0.95) en plein jour sans avoir recours à des filtres à densité neutre. En effet, alors que les M ont des obturateurs mécaniques limités à du 1/4000e, les 1/16000e de l’obturateur électronique permettent donc de descendre de deux vitesses d’exposition. Pratique pour faire un portrait à f/1.4 en plein jour.

Quand Leica dit non, c’est non

Le M11 est un Leica M. De fait il n’a toujours pas de stabilisation mécanique du capteur (un jour peut-être ?), pas de mode vidéo (qui a disparu avec le M240), pas de viseur électronique (mais disponible en option sous forme d’un accessoire), pas de mode rafale de la mort avec suivi de l’œil du sujet (rafale limitée en rapidité et mise au point manuelle uniquement), pas de super téléobjectifs (le télémétrique ne le permet pas), etc.

N’y voyez pas une critique acerbe de l’appareil, il n’en est rien. Leica a le SL2 pour contenter les accros de l’appareil photo/vidéo de pointe à tout faire, le M reste le territoire de la photo « à l’ancienne ». Et sur le papier, les améliorations annoncées vont toutes dans le sens de la recherche de la satisfaction du public de ce genre d’appareil. À un détail près : le prix. À 8350 euros, l’appareil est toujours aussi exclusif. Mais fait toujours autant saliver.

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