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Leica M10 : prise en main et rencontre avec l’équipe de développement

Avant un vrai test du fleuron de la gamme M, nous vous proposons une découverte des arcanes du nouveau M10 et une première prise en main. Avec des fichiers originaux à télécharger !

Le nouveau M10 est là… ou presque. Si le boîtier culte de Leica devrait arriver en test la semaine prochaine à la rédaction, nous avons passé 24h avec un modèle final lors de la journée officielle de lancement qui avait lieu au siège de la vénérable institution, à Wetzlar en Allemagne.

À lire : Leica M10, le télémétrique qui s’en retourne à l’essentiel : la photo

A cette occasion, nous avons effectué une première prise en main du boîtier. Trop courte pour rendre un verdict final, mais suffisante pour émettre un premier avis sur la qualité de fabrication et l’ergonomie, de même que sur la réactivité et la qualité des fichiers, notamment en ce qui concerne la plage dynamique et la montée en ISO du capteur. A la suite de cette prise en main, nous avons rencontré les responsables du développement de la gamme M, les questionner sur leurs choix techniques.

1. Prise en main du Leica M10

Adrian BRANCO / 01net.com

S’il est plus léger que le M240, la plus grande finesse du Leica M10 le rend plus dense et il paraît, l’espace d’un instant, plus lourd que son prédécesseur. Cette impression de lourdeur, notamment par rapport à des hybrides grand public, s’efface rapidement. Une fois monté un Summicron 35 mm f/2, une optique compacte et performante, l’ensemble s’avère parfaitement équilibré.

A.B. / 01net.com
A.B. / 01net.com

La qualité de fabrication n’appelle aucune critique – à 6500 euros le boîtier ce serait un comble ! On a dans les mains un boîtier massif, rassurant, au toucher luxueux par l’usage systématique de métal. Les boutons et commandes sont peu nombreux et bien placés. Nous aurions aimé que Leica intègre enfin un grip et un repose pouce par défaut, mais certains photographes l’aiment tel quel. Ceux qui shootent en M depuis des décennies pourraient en effet ne pas apprécier ces raffinements. En clair : un M c’est un M, pour la modernité ergonomique merci de cliquer sur les cases Leica TL ou SL !

L’écran LCD anti-rayures de 1,04 Mpix est de très bonne facture et très lisible : que de chemin parcouru depuis le M9 et son ridicule (et fragile) écran de 230.000 pixels ! Il faut dire que depuis les TL et SL, Leica a fait un bond en avant dans le choix de ses composants – écrans, viseurs, etc.

Côté qualité d’image, le M10 s’est très bien comporté. Couplé à l’excellent Summicron 2/35 mm (en langage Leica), qui est, rappelons-le, à focus manuel, le capteur CMOS 24 Mpix produit de très belles images qui ont la particularité d’être à la fois très riches en détails et douces dans les transitions entre zones nettes et floues. Le savoir-faire optique de l’allemand est loin d’être une légende.  

[Visionnez et téléchargez les originaux des photos JPEG de test dans notre album Flickr]

Outre les couleurs, qui profitent de la touche « Leica », la plage dynamique du capteur s’est avéré excellente. Sur ce cliché ci-dessous, volontairement sous-exposé en faisant la mesure sur le soleil, les zones d’ombre ont dévoilé de nombreux détails permettant de récupérer l’image en produire une version propre et correctement exposée (à partir d’un fichier RAW DNG développé dans Lightroom CC).

Détails à 100% de l’image précédente

Dans le domaine des basses lumières, ce n’est pas un hasard si la molette des sensibilités est graduée de 100 à 6400 ISO : si la position “M” lui permet bien de monter à 50.000 ISO, cette valeur extrême offre des images très dégradées. Mais jusqu’à 6400 ISO, le niveau de détails est très bon et le bruit numérique très bas, avec ce grain élégant propre au traitement d’image Leica. Un grain terriblement… argentique.

Qu’on se le dise : même numérique, un M reste un fils du XXe siècle et de ses sels d’argent. Puisque le SL est désormais le fleuron technologique numérique, Leica a décidé à jouer à fond la filiation analogique avec son célèbre boîtier télémétrique en se concentrant sur la photo à l’ancienne… mais en mode numérique.

2. M10 : rencontre avec les équipes de développement

A.B. / 01net.com

C’est dans une salle de réunion du Leitz Park, siège et usine ultramoderne de Leica situé à Wetzlar, près de Francfort, que nous sommes reçus par Stefan Daniel, directeur de la branche produit et Jesko Von Oeynhausen, chef de produit de la gamme M. Et la première interrogation qui nous taraudait était son nom. Après le M9 et le M240, le nouveau M aurait pu s’appeler M11. « Nous avons décidé d’éviter la confusion entre les noms commerciaux et les noms de codes (typ 240 était le nom de code du M240), alors nous sommes revenus à la dénomination normale. Après le 9 venait, le 10. Il ne faut pas aller chercher plus loin la logique ! », explique en souriant Stefan Daniel.

A.B. / 01net.com

Plus fin de quelques millimètres que ses grands frères numériques, le M10 renoue avec la prise en main du M6 dont il se revendique l’héritier. « Les améliorations internes nous ont permis de passer de 3 à 2 couches d’électronique », explique S. Daniel, « ce qui a permis de faire réduire la taille du boîtier pour le rendre similaire au M6 ». Ce dernier étant considéré comme le boîtier le plus abouti de la série, juste équilibre entre technicité et simplicité.

Comme son prédécesseur, le M10 embarque un capteur plein format 24×36 de 24 Mpix, une définition qui représente, selon les remontée utilisateurs de Leica, « le meilleur équilibre entre définition et performances en basses lumières », poursuit S. Daniel. Si la définition ne bouge pas, le capteur est pourtant complètement différent et s’avère exclusif à Leica. « Nous avons travaillé avec nos partenaires – fournisseurs de lentilles, de verres, fondeur, etc. – pour créer un capteur original, unique en son genre et exclusif à notre marque », détaille S. Daniel. Le mot d’ordre était d’améliorer la plage dynamique, les hautes sensibilités de même que la prise en charge des optiques grand angle, des optiques dont les rayons très incidents posent parfois des problèmes aux capteurs. Pour cette première prise en main, nous n’avons pu tester l’animal qu’avec un Summicron 35 mm f/2, un grand angle modéré qui ne pose généralement pas grand soucis aux capteurs classiques.

Leica

Le capteur est piloté par un processeur d’image Maestro II épaulé par 2 Go de RAM. Une quantité de mémoire identique au M-P, mais mieux utilisée : « Le processeur est bien plus rapide dans le traitement des clichés », explique Jesko Von Oeynhausen, chef de produit M. « Le M-P gérait jusqu’à 15 images consécutives à 3 images par seconde avant que la mémoire ne flanche. Le M10 ne ralentit qu’à partir de 30 images et ce à une cadence plus rapide (5 i/s, ndr) », ajoute-t-il.

Du côté de l’ergonomie et de la fabrication, le M10 n’a rien à voir avec les boîtiers hybrides modernes : quand ces derniers jouent le carte de la compacité et de surenchère technique, le nouveau télémétrique numérique de la marque allemande pousse la simplicité dans ses retranchements. Si une molette d’ISO fait son apparition, c’est pour mieux évincer des boutons à l’arrière de l’appareil, de même que quelques fonctions comme la vidéo. Et le poids, bien qu’en baisse par rapport au M240, reste pourtant conséquent : 660g nu avec la batterie.

« Nous pourrions développer un boîtier plus léger, avec un capot supérieur en magnésium par exemple », décrit M. Daniels. « Mais outre notre positionnement haut de gamme qui implique l’usage de matériaux nobles comme le métal, le M10 offre un poids “juste” qui apporte plus de stabilité, ce qui est important quand on travaille en basses lumières ».

La ligne M a toujours été un exercice d’équilibriste pour Leica : il faut aussi bien coller à des attentes modernes que respecter un standard – et des habitudes, des optiques, une façon de travailler – vieilles de plus de 60 ans.

Dans les améliorations que nous connaissons aujourd’hui dans les boîtiers numériques, on a pensé au viseur électronique et plus particulièrement le viseur hybride de la série X100 de Fujifilm. « Nous avons exploré cette voie c’est vrai, relate S. Daniel. Mais dans l’état actuel des choses, les résultats n’étaient pas satisfaisants. Pour développer un tel viseur, il faut prendre en compte trois composantes que sont le viseur optique, la visée télémétrique et la dalle électronique. Aucun de nos prototypes de viseur hybride n’arrivait à offrir le niveau de qualité « Leica », la technologie, notamment des petites dalles électroniques capables d’être intégrées dans notre boîtier, n’est tout simplement pas là », conclut-il, avant d’ajouter « Mais nous ne nous interdisons rien ! ».

Avant d’y voir une piste pour le futur M11 et de tirer des plans sur la comète, nous nous attèlerons à réaliser le test complet de ce tout nouveau M10 qui devrait arriver à la rédaction la semaine prochaine.

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