Passer au contenu

L’écrémage des places de marché ne fait que commencer

Entre dépôts de bilan et lancements annulés, les places de marché déchantent
Quel que soit le modèle appliqué, leur avenir est incertain

Il y a encore à peine un an, acteurs des hautes technologies et financiers ne tarissaient pas d’éloges quant à l’avenir des places de marché, censées bouleverser les habitudes d’achat des entreprises. Force est de constater que les résultats des pionniers du secteur sont bien loin de leurs prévisions, sans parler des nombreux projets abandonnés avant même de voir le jour. “Les places de marché révolutionneront peut-être la politique d’achat des entreprises, mais pas avant 2008-2010 !, affirme Philippe Nieuwbourg, président de l’Association européenne des places de marché. On a trop anticipé leur succès, alors qu’elles s’adressent en grande partie aux industriels. Lesquels sont très conservateurs. Ils ne bouleverseront pas leurs processus pour économiser 1 % sur leur chiffre d’affaires. L’explosion a finalement eu lieu, mais pas dans le bon sens. “Nous avons largement profité de la “bulle” créée par les places de marché, mais nous en avons fait les frais lorsqu’elle a éclaté, reconnaît le directeur marketing Europe du Sud d’Ariba, un des principaux éditeurs de solutions de places de marché. Ce revirement est dû à la frilosité des grandes entreprises et des investisseurs, à laquelle s’ajoute la crise boursière. L’éditeur a dû amorcer une restructuration, et s’est réorienté vers les seules places de marché privées. Du fait qu’elles sont mises en ?”uvre par des grands comptes pour leurs propres besoins, leur pérennité semble effectivement plus probable. Jean-François Cazenave, directeur général de Hubwoo, opérateur de places privées, partage ce pessimisme quant aux places publiques : “Leur mise en ?”uvre est très coûteuse, et les fournisseurs n’ont pas d’intérêt financier à s’y connecter. C’est en effet le cas des modèles trop orientés vers l’acheteur ; on ne peut pas pour autant généraliser ce pronostic à toutes les places publiques. Parmi elles, les places verticales (proches du modèle privé) sont promises à un certain succès, car elles apportent une réelle valeur ajoutée à leurs membres.

Chacun des modèles semble susciter le doute ou la critique

En revanche, l’avenir des places horizontales consacrées aux achats hors production est plus aléatoire. Alors que le cabinet Ovum les classe parmi les modèles les moins prometteurs, certains acteurs leur offrent le bénéfice du doute. Ainsi, selon Patrice Colomb, directeur général France de eu-supply. com, place de marché verticale spécialisée dans le BTP : “Elles peuvent aussi être viables, contrairement aux places horizontales dédiées aux achats stratégiques, qui nécessitent de fait une verticalité. Il estime que le débat ne doit pas tant se situer sur les modèles que sur les secteurs d’activité concernés. “Les approches doivent être différentes selon qu’il s’agit d’un secteur fragmenté – comme le BTP – ou non, comme l’aéronautique, où une place privée est forcément mieux adaptée. Reste à définir l’outil le plus approprié à chaque marché”, précise-t-il. La pérennité des places publiques d’achats hors production telles que Seliance et Answork n’est cependant pas contestée : celles-ci bénéficient du poids des grandes banques qui les ont créées et auront, elles, les moyens d’attendre 2008.En attendant une réelle intégration entre les systèmes des fournisseurs et ceux des acheteurs sur les places de marché, certaines se contentent, pour l’instant, de les mettre en relation. Celles qui se cantonnent aux appels d’offres sont sévèrement critiquées pour leur manque de rentabilité et sont parfois qualifiées de simples ” pages jaunes “. La place de marché en prestations de services On-Net-Services veut se démarquer de ces modèles relationnels et défend sa paroisse : “Notre activité click & mortar est notre meilleur atout, car les entreprises ne veulent pas tout basculer sur Internet. Il ne faut pas nous confondre avec des places de type Marketo. com, dont le modèle est mort-né”, précise son PDG. Peu rentables, faibles en valeur ajoutée, les places relationnelles risquent fort de disparaître avant d’avoir pu évoluer vers des modèles transactionnels. Cela dit, même des places verticales, comme IndustrySuppliers. com, ou privées, comme DellMarketPlace. com, n’ont pas survécu.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Julie de Meslon