La France se situerait à la 12e place européenne pour le nombre d’élèves par ordinateur et à la 21e place sur 27 en ce qui concerne l’usage de ces technologies dans les classes: ce constat figure en préambule du rapport de la mission parlementaire de Jean-Louis Fourgous publié en février 2010. Si la situation semble très préoccupante, de nombreuses initiatives menées à l’échelle nationale ou locale démontrent qu’il est possible, avec de la volonté et des moyens, de réduire rapidement ce retard. C’est ce que nous avons pu constater en visitant deux établissements très différents. Le collège en Zep René Descartes du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) dont les quelque 800 élèves utilisent quotidiennement les TBI (Tableaux blancs interactifs) depuis deux ans déjà et l’école de Biesles en Haute-Marne. De quoi s’agit-il ? Le TBI est un tableau relié par USB à un ordinateur et surmonté d’un vidéoprojecteur à courte focale destiné à réduire les ombres portées (celui-ci peut également être posé sur le bureau dans le cadre d’une installation mobile). L’ordinateur envoie les données à afficher vers le projecteur et analyse les actions effectuées sur l’écran par l’utilisateur. Le principe pourrait être comparé à celui d’une tablette graphique, mais de très grande taille.Parmi les fabricants de TBI, deux sociétés se partagent l’essentiel du marché, l’anglais Promethean et le canadien Smart. Toutes deux fournissent les écrans ainsi que les logiciels et les contenus pédagogiques adaptables par les enseignants (compatibles Windows, Mac OS et Linux). Cyril Michau, professeur de mathématiques, administrateur du réseau informatique et webmestre du site Internet du collège est un utilisateur convaincu : “ Le TBI m’a permis d’augmenter le nombre et la variété des exercices, et de garder en mémoire tous les travaux effectués, de pouvoir les reprendre, les améliorer ou les modifier (…). Après deux ans d’utilisation, les élèves sont toujours aussi volontaires pour passer au tableau et utiliser les outils à leur disposition ”.Même enthousiasme chez Maryse Chrétien, la directrice de l’école de Biesles, petit village de 1 420 habitants en Haute-Marne. Cet établissement a bénéficié d’un budget de 10 000 euros alloué dans le cadre du programme “ Écoles numériques rurales ” initié en 2009, destinés à l’achat d’ordinateurs, de logiciels pédagogiques et bien sûr, d’un TBI (dont le coût varie de 3 000 à 6 000 euros suivant les modèles). Ce nouvel outil a été tellement apprécié, tant par les professeurs que par les élèves, que l’école s’est dotée de trois autres TBI mais aussi de la première table numérique installée en France par la société Smart, et destinée aux enfants de la maternelle.
Le Tableau à technologie électromagnétique
Les Tableaux blancs interactifs (TBI) Promethean activeBoard 300 du collège rené Descartes du Blanc-Mesnil sont équipés d’un maillage électromagnétique protégé par un panneau mélaminé haute résistance. Le stylet sans piles intègre un simple bobinage de cuivre. Lorsqu’il est approché de l’écran, celui-ci perturbe le champ magnétique du TBI, permettant au logiciel de calculer sa position. Pour le professeur, Cyril Michau, le choix de cette technologie n’est pas anodin. Le stylet apporte une plus grande précision que l’interface tactile, ce qui s’avère primordial en mathématiques et en géométrie. En outre, le professeur peut placer des outils sur l’écran (rapporteur ou équerre de bois) sans laisser la marque de l’instrument. Enfin, il s’agit aussi d’un choix dicté par le contexte. Les élèves ont tendance à s’appuyer sur l’écran voire à passer leur main dessus. Et Cyril Michau avoue passer son temps à toucher le tableau pour montrer un élément important. avec une interface tactile, l’écran serait constellé de points !
Le système de réponse instantané
Cyril Michau travaille beaucoup avec les boîtiers activExpression de Promothean. Ces appareils lui permettent d’évaluer rapidement les connaissances des élèves. Ils peuvent y saisir des textes simples, comme sur un téléphone, ou sélectionner une ou plusieurs réponses dans le cadre d’un questionnaire à choix multiples établi par le professeur.
Détecteur de lacunes !
Les boîtiers ActivExpression sont connectés par radio à un émetteur-récepteur USB relié au PC de contrôle. Les réponses apparaissent en temps réel sur le Tableau blanc interactif (TBI). Le professeur choisit en général de ne montrer que le pourcentage de réussite de la classe plutôt que le nom des élèves qui se sont trompés. En revanche, il conserve la trace de tous les résultats, par élève et par exercice. En effet, Cyril Michau utilise essentiellement les boîtiers pour cibler les connaissances, détecter les lacunes et adapter les cours de soutien aux besoins de chaque élève.
La tablette ActiveSlate
Cette tablette permet au professeur de piloter le tableau à distance. Debout au fond de la salle, il peut envoyer un élève au tableau et contrôler, voire corriger ce qu’il écrit sans se déplacer. Bien qu’utilisable par les élèves, la tablette s’avère moins intuitive que le système de réponse instantané, la relation entre l’espace de saisie et le TBI n’étant pas évidente au premier abord. La tablette est reliée par radio avec l’émetteur-récepteur USB connecté au PC ou directement sur le port USB du TBI.
Le cahier de texte en ligne
Mis en place dans le cadre de l’Espace numérique de travail, qui regroupe tous les services liés à la vie scolaire et accessibles via Internet, le cahier de texte en ligne offre de multiples avantages. Il est consultable à tout moment par les enfants et par les parents, chacun disposant d’un espace protégé par mot de passe. L’élève a ainsi accès à la liste des devoirs s’il a oublié de les noter durant le cours. Au collège René Descartes, certains professeurs intègrent même le résumé des cours affichés sur le TBI. Les notes, les résultats des contrôles et même les absences sont à disposition des parents. En effet, le professeur saisit cette information au début de chaque cours, un texto étant en outre envoyé aux parents. Depuis deux ans, la totalité des élèves de Cyril Michau disposent d’un PC et d’un accès Internet à domicile, les familles les plus modestes ayant bénéficié de subventions de la part du conseil général.
Le TBI à technologie tactile
À la maternelle et à l’école élémentaire de Biesles (Haute-Marne), le choix des TBI tactiles Smart Board s’est rapidement imposé. En effet, les enfants n’ont aucune difficulté à écrire avec leurs doigts dès leur plus jeune âge, ce qui contribue beaucoup à les rassurer. Les élèves de maternelle utilisent le TBI pour l’apprentissage de l’écriture, la lecture ou encore les mathématiques, le tout grâce à des exercices interactifs conçus par le professeur ou adaptés des contenus fournis par le fabricant. Toutes les activités peuvent être sauvegardées et réutilisées ultérieurement. Les élèves du cours élémentaire alternent tout naturellement entre le doigt et le stylet (un simple accessoire en plastique), en fonction des activités proposées. Il peut s’agir par exemple de faire défiler la carte du monde dans Google Maps pour trouver le pays demandé par l’instituteur, d’écrire le nom d’un os sur un dessin de squelette récupéré sur Internet pour l’occasion, ou bien de compléter un exercice de mathématiques du manuel scolaire, puisque tous les TBI de l’école sont reliés à un scanner.
La Smart Table
Utilisée par les enfants de maternelle à partir de trois ans, cette table numérique tactile est unique en France. Les activités qui y sont proposées contribuent à l’éveil de l’enfant, mais permettent aussi de développer le relationnel et l’esprit d’entraide. En effet, pour réussir certains jeux ou exercices, les élèves doivent travailler en collaboration. En quelques minutes, les enfants apprennent à changer la couleur de l’écriture, ou à manipuler un objet affiché, le faire tourner ou modifier sa taille. Le logiciel intègre de nombreuses applications, jeux et exercices. Tous peuvent être modifiés par le professeur qui peut en outre créer ses propres activités, comme par exemple ce jeu qui a permis aux enfants de mémoriser les lettres des prénoms des copains à partir de leurs photos. La reconnaissance tactile fonctionne grâce à une caméra numérique située sous la dalle de verre, couplée à un logiciel capable de détecter et traquer l’emplacement de 120 points de contacts. L’affichage est généré par rétroprojection, via un projecteur à courte focale. La table peut supporter un poids supérieur à 90 kg et l’écran est traité contre les rayures et les projections d’eau.
La classe mobile
Dans le cadre du plan de développement numérique des écoles rurales des communes de moins de 2 000 habitants, l’école de Biesles s’est dotée d’une classe mobile. Il s’agit d’un chariot sur roulettes Small Box de Arrobox, contenant 12 netbooks HP destinés aux élèves, un portable de 15 pouces pour l’enseignant, ainsi que les câbles permettant de les recharger. Le chariot intègre un routeur relié en Wi-Fi à la box Internet et servant de point d’accès pour les portables. Le tout est alimenté par une seule prise électrique. La classe mobile est déplacée dans les différentes salles en fonction des besoins des enseignants.
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