Les techniques DSL ont vu le jour au milieu des années 90, pour contrer les câblo-opérateurs sur le marché de la diffusion télévisée. Mais c’est la montée en puissance d’Internet et de ses besoins dissymétriques (faible débit montant et fort débit descendant) qui a ouvert la voie de l’ADSL dans le réseau local. La ligne téléphonique fonctionne comme un filtre dont l’atténuation augmente avec la longueur, ce qui réduit le débit possible. Pour accroître le nombre de clients, il faut accepter des longueurs plus grandes, au prix d’une baisse de débit et, donc, des services offerts. Les traitements améliorant la portée sont complexes mais l’intégration croissante des circuits vient à point. On a parfois besoin de puissance extravagante, d’une dizaine de gips (milliards d’instructions par seconde) ! Les projections des fondeurs de silicium, basées sur la loi de Moore, montrent qu’elles existeront dans deux ou trois ans. Le traitement de signal correspondant, aujourd’hui tributaire du matériel, s’effectuera demain en logiciel dans un DSP (Digital signal processing), plus souple à modifier.
En lice pour le VDSL
L’ADSL n’est que l’une des techniques couvertes par le nom générique xDSL. Signalons les travaux de définition du VDSL, qui vise des débits élevés (50 Mbit/s) mais sur des distances faibles, de l’ordre de 1,5 km. Nortel Networks et Ericsson militent pour une solution multiporteuse, tandis que Lucent Technologies et Broadcom préfèrent une technique monoporteuse. ST Microelectronics se range aux côtés d’Alcatel et développe des circuits avec 2 048 porteuses, affectables dynamiquement dans les sens descendant ou montant. Le processeur Zipper utilise une technologie CMos à 0,25 µ et comporte trois cent mille portes et une mémoire de 1,2 Mbit. Le logiciel n’est pas en reste puisque le microcontrôleur supporte trente-deux milles lignes de codes C. Les enjeux économiques des exploitants actuels et futurs se révèlent plus importants que les aspects techniques. L’Autorité de régulation des télécommunications présentait, lors de cette journée d’étude de la SEE (Société de l’électricité, de l’électronique et des technologies de l’information et de la communication), le dégroupage de la boucle locale. Un groupe de travail technique a dégagé cinq options de dégroupage. Deux d’entre elles, les options 1 et 3, recueillent les suffrages. Dans la première, on raccorde la paire de cuivre nue sur un répartiteur du nouvel opérateur dans un site colocalisé avec l’opérateur historique.
Le dégroupage entraîne des découpages forcés
Dans l’option 3, qui vise les services de données, on garde la paire chez l’opérateur historique, mais l’opérateur entrant y accède par un circuit virtuel permanent, sans colocalisation. Des expérimentations auront lieu entre France Télécom et une trentaine d’autres opérateurs. Il faut noter cependant que le dégroupage conduit à des découpages peu naturels dans un ensemble prévu pour fonctionner comme un tout. Les problèmes techniques liés à la maintenance et aux influences perturbatrices restent ouverts. Un autre groupe de travail étudie les tarifs liés au dégroupage. Là aussi, cela ne sera pas simple puisque c’est la vie même des opérateurs qui en dépend.
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