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Le Wiki à l’école de l’information

Malgré la tentative malheureuse du ‘ Los Angeles Times ‘, les tenants du Wiki ?” un système de production d’information en mode collaboratif ?” se posent en alternative au journalisme
traditionnel.

Le Wiki ? Michael Kinsley y croyait dur comme fer. Depuis son arrivée au printemps au Los Angeles Times, ce pionnier de la presse en ligne (il fut à l’origine en 1996 de la création de
Slate.com, aujourd’hui propriété du Washington Post), réfléchissait à une nouvelle façon de produire de l’information, en y intégrant si possible une variable par nature
imprévisible : le lecteur.Le 17 juin dernier, le prestigieux quotidien californien a donc soumis à la sagacité de ses lecteurs un projet d’éditorial sur la meilleure manière pour les Etats-Unis de se désengager du conflit irakien. A charge pour eux de
modifier ou d’enrichir le texte du journal. La rubrique en ligne intitulée
Wikitorials, entendait reprendre avec succès une formule déjà éprouvée de production d’information en mode collaboratif, notamment par la
Wikimedia Fondation, via des projets comme l’encyclopédie
Wikipedia ou le service d’information collaboratif
Wikinews.Chaque internaute contributeur était supposé modérer et recadrer le plus objectivement du monde la production des autres internautes. L’expérience menée par le Los Angeles Times a dû être brutalement interrompue au
bout de trois jours, après que de petits malins eurent inondé la page de photos pornographiques.

La BBC expérimente aussi

Mais l’échec du Los Angeles Times ne signe pas pour autant la fin de la relation agitée entre le monde du Wiki et les médias traditionnels. Plus modestement, la BBC met en ligne pendant la durée des internationaux
de tennis de Wimbledon
un site hybride à mi-chemin entre le blog et le Wiki, où peuvent contribuer de concert John Mc Enroe, Greg Rusedski, Pat Cash mais aussi Georgina, de Londres,
Pete, de Bristol, ou Matt, de Sheffield, tous ayant en commun la passion de la petite balle jaune.Pour les puristes du Wiki (les wikistes), impliqués en France dans le projet Wikinews, il y a tout de même un monde entre le blog collaboratif et le Wiki. ‘ Les deux concepts sont proches car ils vont contre le
journalisme traditionnel, mais ils n’occupent pas tout à fait la même niche,
indique Anthere, membre du conseil d’administration de Wikimedia France. Wikinews permet de travailler ensemble pour aboutir à un texte commun. Cela
implique une collaboration de tous les instants et cela génère des conflits. Le but est d’intégrer différents points de vue au sein d’un même article portant sur un même événement. ‘
A l’opposé, ‘ le blog met plus en avant la personnalité du blogger. C’est davantage une tribune. Le blog collaboratif est plutôt une collection de points de vue, ajoutés les uns aux autres. Pas une synthèse. Il a
souvent un fort vernis ” politique ” et implique que les différents participants sont en accord sur de nombreux points. ‘
La version française de Wikinews, encore à l’état embryonnaire, impose plusieurs règles strictes : ‘ citer ses sources, respecter la neutralité des points de vue et le copyright. Pour le reste, Wikinews
repose sur de l’autocontrôle permanent de la part des participants. ‘
Et à l’opposé de l’expérience menée par le Los Angeles Times, en cas d’actes de ‘ vandalisme ‘, le service poursuit sa vie. Les
‘ vandales ‘ sont dans un premier temps bloqués et, en cas de récidive bannis du service. Dautres précautions élémentaires sont prises. ‘ La page principale de Wikinews, ne peut,
par exemple être éditée que par certaines personnes de confiance ‘,
précise Anthere. Un détail technique qui a son importance et qui a, semble-t-il, échappé aux responsables du Los Angeles Times.

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Philippe Crouzillacq